Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Évidemment, la crise qui était derrière nous est terminée. Vous pouvez le constater tous les jours d’ailleurs. Évidemment, depuis quelques années, l’Europe a su se doter d’outils efficaces comme l’Union bancaire – un bidule venant compléter le MES, un autre machin purement théorique en cas de gros pépin, mais bon, l’essentiel c’est d’y croire très fort.
Évidemment, si la Grèce sortait de l’euro, cela se passerait très bien.
Évidemment, il ne peut rien nous arriver parce que nous sommes les plus beaux, les meilleurs et les plus forts.
Sauf que la réalité est très différente et qu’une très grande banque espagnole, la Banco Santander, est tout simplement en train de vaciller.
Santander augmente son capital et dévisse en Bourse
Ainsi, cet article des Échos, passé relativement inaperçu pour cause d’actualité assez exceptionnelle ces derniers jours, nous apprend que la Santander vient de boucler en urgence une augmentation de capital de 7,5 milliards d’euros, ce qui commence bien sûr à piquer un peu.
J’ai adoré le passage suivant que j’ai trouvé particulièrement exquis : « Les actionnaires attachés aux dividendes traditionnellement accordés par Santander ont mal accueilli la stratégie plus restrictive de la banque. »
Hooo, pauvres petits poussins, les « zinvestisseurs » sont tristes et pas contents. Naturellement, pour une fois, dans les cas d’augmentation de capital c’est effectivement la valeur de leurs parts et de leurs actions qui chute sans compter les dividendes qui ne rentrent plus.
Franchement, de vous à moi, ce n’est pas très convenable. On aurait quand même pu demander au peuple espagnol déjà passablement ruiné de payer sans doute un peu plus pour renflouer les pertes de la Santander sur les deniers publics. Sinon à quoi cela sert-il d’avoir des citoyens payant des impôts ? Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, je suis évidemment ironique.
La banque n’avait plus assez de fonds propres
Évidemment, toutes les grandes banques européennes passent haut la main les tests dits « de résistance », pourtant cela n’empêche nullement le besoin de recapitalisation en urgence parce que certains grands établissements n’ont tout bonnement plus assez de fonds propres et que le moindre soubresaut serait de nature à les déstabiliser rapidement.
Dans le cas des banques espagnoles, c’est le poids de la récession économique qui pèse, l’augmentation des impayés et, bien sûr, un marché immobilier en berne loin d’avoir été assaini pour le moment.
Mais c’est une bonne nouvelle alors youpi !
Dans ce monde extraordinaire où chaque défaite est présentée comme une victoire, vous ne serez pas étonné d’apprendre que :
« Chez Barclays, on se félicite du fait que l’augmentation de capital soit destinée à renforcer la solvabilité et la croissance interne, plutôt qu’à financer de grandes acquisitions. La présidente de la banque, Ana Botín, semble ainsi décidée à suivre une autre voie que celle de son père, qui avait privilégié la croissance externe notamment pendant les années 2000. »
Mais puisque l’on vous dit que tout va bien, bon sang ! Je ne sais pas vous, mais moi je vais acheter quelques actions de la Santander et y ouvrir un compte… ou pas !
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)