Depuis quelques
semaines, nous avons eu le droit à tout : des manifestations
géantes pour défendre la liberté d'expression
aux mesures les plus liberticides prises pour censurer cette expression sur
Internet. L’enfer
est pavé de bonnes intentions. Soucieux de santé publique, de justice sociale
et de fraternité, les politiques croient devoir résoudre les problèmes de
société comme le racisme sur Internet par des interventions dans la vie
privée et des règlementations de plus en plus contraignantes.
En principe,
les lois sont faites pour protéger nos libertés, pour empêcher que la liberté
des uns n’empiète sur la liberté des autres. Or, notre système est tel
qu’aujourd’hui les lois ne protègent plus nos libertés mais les écrasent. Il
en va ainsi dans le domaine économique. En France nous avons un gouvernement
tout-puissant qui taxe et redistribue la richesse en fonction d’intérêts politiques
arbitraires. Et le libre marché est dénoncé comme quelque chose de vulgaire,
d’immoral et de répugnant par nos intellectuels, toujours prêts à manifester
contre le capitalisme.
Mais
la liberté ne se résume
pas simplement aux libertés publiques et au droit d’expression. La vraie
liberté exige également la liberté économique, c’est-à-dire la liberté de
tirer profit de nos propres idées et du fruit de nos efforts. C’est la
liberté de travailler, de produire, d’épargner, de consommer, de commercer et
d’investir en fonction de nos choix personnels.
Alors la
France, patrie des droits de l’homme ? Voyons les faits.
La censure s’empare d’Internet
La liberté de parole sur Internet est déjà dans le
collimateur de nos dirigeants depuis plusieurs années : Reporters Sans
Frontières a classé en 2012 la France dans les pays « ennemis
d'Internet », sous surveillance. Pas sûr que la situation se soit
améliorée avec la Loi de programmation militaire de 2014, qui autorise
la censure d'un site sans juge.
De même, Twitter, le géant américain du net, place
l'Hexagone au rang de champion mondial de la censure de tweets dans le monde.
Il y a deux ans déjà, fin
janvier 2013, le tribunal de grande instance de Paris avait enjoint à Twitter
de communiquer à l'UEJF et à quatre autres associations (J'Accuse, Licra,
Mrap et SOS Racisme) « les données en sa possession de nature à
permettre l'identification de quiconque a contribué à la création de tweets
manifestement illicites ». « Twitter doit exécuter les décisions de
justice pour permettre l'identification et donc la condamnation des auteurs
de ces tweets haineux », avait ajouté la ministre Najat
Vallaud-Belkacem.
Après avoir
encadré l’histoire avec ses lois mémorielles, la loi Gayssot (1990), ou la création de Halde en 2004, la
France veut donc encadrer le web. Pourtant, exiger que Google ou Twitter
suppriment certains discours jugés nuisibles par l'État s’apparente à de la
tyrannie. Et bien que tous les tyrans pensent être guidés par de bonnes intentions,
cela ne les rend pas moins tyrannique et ridicules. Car interdire les
hashtags haineux ne supprime pas la haine raciale ou religieuse. Au
contraire, on l’exacerbe en la rendant plus souterraine, plus insidieuse et
donc plus difficile encore à combattre.
Autrement dit,
la bonne réponse aux dérives de la liberté d’expression, aux abus de la
parole, ce n’est pas la censure, c’est l’ouverture maximum de l’espace
public. Plus la liberté d’expression sera grande, plus il sera possible de
répondre directement à ceux qui véhiculent des idées jugées fausses ou
nuisibles. Le remède aux propos nuisibles passe par davantage de liberté
parole. Sans liberté de débattre, la vérité ne peut pas émerger. La vérité ne
doit pas craindre la confrontation avec l’erreur. Elle ne peut qu’en sortir
plus forte.
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