Comme je l’ai déjà
expliqué, JP Morgan continue d’enregistrer des livraisons d’argent physique
sur son propre compte. Rien que pour les contrats à terme Comex du mois de
mai, elle a enregistré la livraison de plus de trois millions d’onces
physiques. Et JP Morgan devrait enregistrer la livraison d’un million d’onces
supplémentaires avant la fin de la période de livraison actuelle. Ces
quantités d’argent viennent s’ajouter aux 7,5 millions d’onces livrées à la
banque au mois de mars.
Un autre évènement
majeur a été ces dernières semaines le retrait de 5 millions d’onces depuis l’ETF
SLV. Cet important retrait semble correspondre à la conversion par un gros
acheteur de ses parts en métal physique, dans l’objectif de contourner les
exigences de déclaration de propriété de 5%. Je suppose qu’il s’agit là de l’œuvre
de JP Morgan, et d’une représentation du mécanisme par lequel la banque a pu
amasser les 350 millions d’onces que j’estime qu’elle ait accumulé au cours
de ces quatre dernières années.
L’atelier monétaire des
Etats-Unis a vendu 783.500 Silver Eagles en seulement deux jours après avoir
passé quatre à cinq jours sans vendre quoi que ce soit. Les deux jours
suivants, l’atelier monétaire a déclaré avoir vendu 50.000 pièces
supplémentaires. C’est précisément là le niveau de ventes erratique typique
de la présence d’un gros acheteur. Je ne peux pas certifier qu’il s’agisse de
JP Morgan, mais tout laisse supposer que ce soit le cas.
L’atelier monétaire du
Canada rapportait la semaine dernière ses ventes de Silver Maple Leafs pour l’année
2014, et ses chiffres présentent la même tendance que celle suivie par les
ventes de l’atelier monétaire américain. Les ventes de pièces d’argent ont
atteint un nouveau record, avec plus de 29 millions de Silver Maple Leafs
vendues. Le gros acheteur de Silver Eagles a aussi acheté des pièces
canadiennes. Au cours de ces quatre dernières années, cet acheteur a accumulé
au moins 30 millions d’onces de Maple Leafs et 75 millions d’onces de Silver
Eagles, pour un total de plus de 100 millions d’onces d’argent sous forme de
pièces. Je suis convaincu que ce gros acheteur se trouve être JP Morgan.
Comment JP Morgan
peut-elle vendre des centaines de millions d’onces d’argent sans inonder le
marché et faire s’effondrer les prix ? Cela fait-il partie de ses
activités de routine – accumuler puis liquider de grosses positions
avant même que la plupart des gens ne se lèvent le matin ? C’est sa
deuxième nature. De mon humble avis, cet argent se trouvera vendu avant même
que les gens réalisent qu’il aura été acheté. Acheter 350 millions d’onces d’argent
est la phase la plus difficile du processus.
Ce gros acheteur
exploite une échappatoire légale qui demande à un atelier de frappe de
produire des quantités de pièces suffisantes à la satisfaction de la demande.
JP Morgan influence donc les prix à la baisse grâce à des ventes à découvert
sur le Comex, puis demande à l’atelier monétaire des Etats-Unis de lui livrer
tous les Silver Eagles qu’il produit. Elle ne se soucie pas de payer deux
dollars de plus que le prix au comptant, tout ce qui l’intéresse est d’obtenir
autant d’argent que possible. Mais qu’en est-il de la vente des pièces qui
selon moi ont été achetées par JP Morgan ? Elles ne seront pas vendues
sous forme de pièces, mais seront refondues sous forme de barres de 1.000
onces. Une grande partie de ces cent millions d’onces de pièces ont peut-être
déjà été fondues. Puisque ces pièces ont la même pureté que les barres de
1.000 onces, leur refonte n’est pas un procédé outrageusement coûteux.
A la fin de l’année
2007, alors que le prix de l’argent était de moins de 15 dollars mais
toutefois très proche de son record sur vingt-cinq ans, Bear Stearns a acquis
la plus importante position à découvert sur l’or et l’argent jamais
enregistrée, après que ces positions ont été transférées depuis AIG. Entre la
fin 2007 et mars 2008, le prix de l’argent est passé à 21 dollars et l’or est
passé de 800 à 1.000 dollars. Au vu des positions à découvert de Bear
Stearns, la banque d’investissements aurait dû dénicher une somme de plus de
deux milliards de dollars. Bear n’a pas été capable de le faire, et le
gouvernement des Etats-Unis s’est arrangé pour que JP Morgan reprenne Bear
Stearns et ses positions à découvert sur l’or et sur l’argent.
Avec la coopération du
gouvernement fédéral, JP Morgan a pu influencer les prix de l’or et de l’argent
à la baisse à la fin de l’année 2008, et enregistrer plus d’un milliard de
dollars de profits en conséquence de cette baisse de prix. Elle a ainsi pu
réduire ses positions à découvert héritées de Bear Stearns. JP Morgan en a
ensuite refait de même en vendant des quantités additionnelles de contrats à
découvert sur le Comex et en rachetant ces positions dès que les prix commençaient
à baisser. Grâce à ces positions à découvert sur l’or et l’argent, JP Morgan
a pu enregistrer des profits de plusieurs millions de dollars.
JP Morgan a répété ces
mêmes activités sur les contrats sur l’argent du Comex jusqu’en automne 2010,
quand le prix de l’argent a commencé à grimper en raison d’une pénurie
physique qui l’a porté jusqu’à près de 50 dollars à la fin du mois d’avril
2011. JP Morgan a dû se rendre compte qu’une pénurie se développait, et que combattre
la situation grâce à des contrats papiers ne pourrait qu’être futile. Deux
décisions ont été prises : il était nécessaire d’écraser l’élan du prix
de l’argent, et le développement de la pénurie de métal physique laissait
sous-entendre que JP Morgan devait se positionner en conséquence. Le premier
mai 2011, la hausse du prix de l’argent a pris fin. Moins visible est la
preuve que JP Morgan ait alors commencé à acquérir les plus grosses réserves
d’argent physique de l’Histoire.
1. En un peu plus d’un
mois, en conséquence de la baisse de prix ayant commencé le premier mai 2011,
quelques 60 millions d’onces de métal ont été liquidées depuis SLV, suite aux
ventes des investisseurs. Lorsque des ventes nettes surviennent sur SLV, du
métal est automatiquement retiré du fonds sur une base mécanique. Cela ne
signifie pas que l’argent retiré a été abandonné dans les rues de Londres ou
qu’il a cessé d’exister. Il est devenu la propriété de quelqu’un, très
possiblement l’entité à l’origine de la vente, ou JP Morgan. Cette dernière a
pu récupérer ses 50 à 60 millions d’onces initiales en conséquence de la
baisse de prix de mai 2011.
2. Inquiète de pouvoir
stocker l’argent qu’elle prévoyait d’acheter, JPM a ouvert son propre
entrepôt auprès du Comex en avril 2011, et a rapidement vu ses dépôts passer
de zéro once à plus de 55 millions d’onces.
3. En 2012, JP Morgan a
fait transférer de l’argent physiquement depuis ses propres entrepôts vers
ceux de Brinks, à Londres, et libéré suffisamment de place dans les anciens
entrepôts de SLV pour y déposer 100 à 200 millions d’onces d’argent qui ne
nécessiteraient jamais de divulgation publique. C’est là l’explication la
plus plausible à la raison pour laquelle JP Morgan aurait voulu transférer de
l’argent vers les entrepôts de Brinks. Tous les flux sortants enregistrés par
SLV au fil des années semblent liées à la conversion de ses parts SLV en
métal physique par JP Morgan. 200 millions d’onces auraient pu être obtenues
de cette manière.
4. Le turnover
inhabituel et sans précédent enregistré dans les entrepôts approuvés par le
Comex depuis avril 2011 suggèrent que JP Morgan ait été à l’origine du
mouvement, dans l’objectif d’acquérir davantage d’argent physique. Quelques
100 millions d’onces d’argent acquises par JP Morgan peuvent être déduites
des 750 millions d’onces arrivées dans les entrepôts du Comex au cours de ces
quatre dernières années. Serait-il si difficile pour JP Morgan que de prélever
100 millions d’onces sur un turnover de plus de 750 millions d’onces ?
5. Les récentes
livraisons de plus de 10 millions d’onces de contrats à terme du Comex et le
déplacement physique d’une grande majorité de ce métal vers les entrepôts de
JPM ne représentent qu’une fraction du métal acquis par JP Morgan au cours de
ces quatre dernières années, mais demeurent les plus transparentes et
pourraient signifier que la banque est proche d’obtenir les réserves d’argent
qu’elle compte s’accaparer. Elle pourrait bientôt vouloir laisser grimper le
prix de l’argent.
Je parle ici d’achats de
350 millions d’onces d’argent, bien que JPM ait pu acheter au-delà de 500
millions d’onces. Je préfère rester conservateur, parce que j’ai peur que
ceux qui nient les achats physiques de JPM n’explosent si ce chiffre
approchait de la moitié d’un milliard d’onces. Je ne cherche pas à faire
perdre la tête à qui que ce soit, mais simplement à vous faire comprendre ce
que signifient ces faits.