Les accords passés avec l’Iran la semaine dernière sont l’une
des deux réussites les plus notoires d’une administration Obama autrement
lamentable. En-dehors du processus en cours qu’est la normalisation des
relations entre les Etats-Unis et Cuba, cette décision montre que la
diplomatie peut aboutir à des changements pacifiques et positifs. Elle montre
également que, parfois, prendre une décision de principe signifie faire face
à une opposition véhémente sans pour autant faire marche arrière. Le
président devrait être salué pour ces deux réalisations.
Ces accords ont réduit les chances d’une intervention des
Etats-Unis en Iran, ce qui est une excellente nouvelle. Mais les
interventionnistes n’abandonneront pas si facilement. Ils s’organisent déjà
avec les médias et ont commencé à faire pression pour défaire les accords au
Congrès. Obtiendront-ils suffisamment de votes pour défaire le veto
présidentiel sur leur rejet des accords iraniens ? C’est très peu probable,
mais à l’heure actuelle, que les néoconservateurs forcent ou non les
Etats-Unis à annuler ces accords ne fait plus grande différence. Lequel de
nos alliés, qui pourront désormais établir des accords commerciaux mutuels
avec l’Iran, voudrait revenir à un état d’embargo ? Lequel défendrait
l’idée d’une attaque contre un Iran qui s’est prouvé être un partenaire
commercial important et a accepté de mettre en place des inspections
intrusives de ses infrastructures nucléaires ?
Ce qui est le plus important au sujet de ces accords n’est pas
que les fonctionnaires du gouvernement américain aient pu discuter avec des
membres du gouvernement iranien. C’est que l’élimination des sanctions, qui
représentent un acte de guerre, ouvrira des opportunités d’échanges commerciaux
avec l’Iran. Les relations gouvernementales sont une chose, mais la
diplomatie concerne le peuple : les entreprises, le tourisme et les
échanges universitaires.
J’ai été très impressionné par Rick Steves, qui s’est rendu en
Iran en 2009 pour prouver que la diabolisation médiatique des Iraniens était
une fabrication du gouvernement américain. Le voyage et les contacts humains
peuvent aider à vaincre les amoureux de la guerre, parce qu’ils humanisent
ceux qui sont normalement déshumanisés.
Comme je l’ai expliqué dans mon nouveau livre, Swords into Plowshares :
Les politiques très peu sages que nous avons employées envers
l’Iran sont le parfait exemple de ce que nous ont apporté les
interventionnistes – soixante années de conflits inutiles et de peurs
injustifiées. Notre obsession avec l’Iran est ahurissante. Si le peuple
connaissant la vérité, il choisirait certainement d’aborder la question
iranienne d’une toute autre manière.
N’oublions pas que la crise iranienne a commencé non pas il y a
31 ans, alors que l’Iran Sanctions Act était ratifié ; ou encore il y a
35 ans, quand les Iraniens ont renversé le Shah mis en place par les
Américains ; mais il y a 52 ans, alors que la CIA prenait la décision de
renverser le dirigeant iranien élu, Mossadegh, pour mettre sur le trône un
violent dictateur. Nos relations avec l’Iran ont été marquées par six
décennies de conséquences.
Quand la Guerre froide touchait à sa fin et que le complexe
militaro-industriel avait besoin d’un nouvel ennemi pour justifier ses
immenses dépenses, il a été décidé que l’Iran devrait être la dernière
« menace » à la mode pour les Etats-Unis. C’est alors que les
sanctions ont réellement pris de l’importance. Mais comme nous l’avons appris
de notre propre CIA National Intelligence Estimate, publié en 2007, les
histoires de recherches nucléaires en Iran n’étaient que des fabrications. Et
ces mensonges continuent d’être répétés jusqu’à ce jour.
Il est malheureux que l’Iran ait été forcé d’abandonner une
partie de sa souveraineté en permettant l’établissement de restrictions au
regard de son programme de développement nucléaire qui n’a jamais été en
violation du Traité de non-prolifération. Mais si la conséquence en est la
fin des sanctions et l’apaisement des néoconservateurs, ces accords doivent
être applaudis. La paix et la prospérité naissent de relations commerciales
pacifiques – notamment lorsque les gouvernements se retirent de l’équation.