La sagesse populaire
veut que l’or soit une « valeur de réserve », un actif auquel les
investisseurs se rattachent lorsque le chaos menace les marchés financiers. Tout
au long du siècle dernier, l’or a servi de valeur de réserve.
Les mois de juin et de juillet ont représenté exactement ce qui
aurait fait flamber le prix de l’or par le passé – le marché boursier chinois
s’est effondré, et la Grèce est passée à deux doigts de quitter la zone euro.
Mais même ces deux évènements combinés n’ont pas été suffisants à soutenir
son prix.
Le 8 juillet dernier, alors que les actions
chinoises atteignaient un nouveau record à la baisse et que les politiciens
grecs éprouvaient des difficultés à se mettre d’accord avec leurs créditeurs
européens, l’or avait perdu 3% depuis le début du mois de juin.
Depuis, le métal jaune a continué de chuter. A
1/092 dollars l’once, il a perdu 8,5% depuis le début du mois de juin, et
9,5% depuis le début de l’année.
Le 17 juillet dernier, les banquiers centraux
chinois ont annoncé avoir acheté bien moins d’or que ce à quoi s’attendaient
les participants aux marchés – environ cent tonnes par an au cours de ces six
dernières années.
Stefan Graber, directeur de stratégies
d’investissement alternatives chez Crédit Suisse, a relevé le nombre très
important d’options put dont le prix d’exercice se situe entre 1.000 et 1.400
dollars par once. Un grand nombre d’investisseurs ont acheté ces options afin
de réduire leur exposition négative à l’or, dont le prix n’a cessé de baisser
depuis le début de l’année.
De nombreux participants aux marchés pensaient
que la Chine accumulerait de vastes quantités de métal jaune, qu’ils
percevaient comme la clé de sa stratégie de diversification de réserves de
devises étrangères. Mais l’annonce faite par la Banque populaire de Chine a
rendu évident que l’or n’est pas aussi essentiel aux yeux des banquiers
centraux chinois que beaucoup l’auraient supposé.
Et la banque centrale chinoise n’est pas la
seule qui inquiète actuellement les investisseurs. Au vu du renforcement du
dollar enregistré depuis le début de l’année, les banquiers centraux des pays
émergents ont utilisé leurs réserves de devises étrangères pour soutenir
leurs devises nationales.
Bien que, dans des circonstances normales, les
banques centrales aient tendance à acheter un certain nombre d’actifs, dont
de l’or, elles se concentrent aujourd’hui sur la vente de leurs réserves
(notamment de dollars) pour acheter de leur propre devise.
Les marchés physiques d’Inde et de Chine ont
eux-aussi enregistré un ralentissement. Les importations d’or indiennes, bien
qu’elles aient été plus élevées au premier trimestre de cette année qu’en
2014 sur la même période, restent inférieures de 200 tonnes au record de
2011.
En Chine, la campagne anti-corruption a
contribué à une baisse de 20% de la demande en or physique au premier
trimestre de 2015.
Bien que le prix de l’or soit moins dépendant de l’offre que
celui d’autres métaux, puisqu’une majorité des réserves d’or jamais produites
existe encore sous une forme ou sous une autre, une baisse de la production
minière pourrait exercer une pression à la hausse sur le prix du métal. Il
n’en est pas moins qu’il nous faudra certainement attendre quelques temps
avant de voir l’or grimper à nouveau.
|