On en avait un peu entendu parler début juillet, mais la question revient sur la table alors que les autorités françaises viennent mettre leur grain de sel sur le sujet : apparemment, de méchantes sociétés capitalistes entendraient faire profiter à leurs clients de facilités de chiffrement avancées pour leur communications personnelles. Et ça, pour plusieurs responsables de la lutte contre le terrorisme, c’est intolérable.
Rappelez-vous, c’était en Juillet, et Cameron, parfaitement incompétent en la matière mais néanmoins politicien bruyant, élevait la voix contre l’usage de la cryptographie dans son pays. Pour lui, l’utilisation des méthodes de chiffrement fortes relevait ni plus ni moins de l’entrave à la bonne marche de la justice. D’autres, ne reculant devant aucun amalgame bien crasseux, expliqueront dans la foulée que la cryptographie utilisée dans les iPhones et autres appareils d’Apple seraient des raisons suffisantes pour en faire les outils de choix des pédophiles.
Aaah, décidément, les pédophiles, s’ils n’existaient pas vraiment, il aurait fallu les inventer comme argument pratique à toutes les bassesses étatiques, tiens.
La conclusion logique ne s’est pas faite attendre : il faut tout faire pour arrêter Google, Apple et toutes ces autres sociétés qui entendent protéger la vie privée de leurs clients pédophiles au détriment des besoins des enquêtes étatiques, quelles qu’elles fussent.
Devant de tels arguments, il n’aura fallu que quelques jours pour voir se joindre aux couinements des autorités anglo-saxonnes quelques uns de nos effervescents thuriféraires de l’État français : voilà que le procureur de Paris s’y met donc à son tour. François Molins, c’est de lui qu’il s’agit, s’est ajouté aux gémissements de Cyrus Vance, procureur de Manhattan, de Javier Zaragoza, celui de la Haute Cour espagnole, et d’Adrian Leppard, commissaire de Londres, qui, en bons idiots-utiles des politiciens derrière eux, s’inquiètent tous dans une tribune médiatique de la trop solide protection des données que comptent offrir les firmes en questions à leurs clients, et leur reprochent de « limiter radicalement [leur] capacité à enquêter sur des crimes dangereux et de contrecarrer [leur] combat contre le terrorisme. ».
Eh oui, rendez-vous à l’évidence : ces messieurs de l’anti-terrorisme veulent vraiment savoir ce qu’on peut bien fricoter avec son smartphone. Ils brûlent de savoir ce que nous avons sur nos cartes SD, des fois que. Et ne pas pouvoir jeter un œil au contenu de nos données en ligne ou ailleurs les taraude méchamment.
Il n’y a pas de quoi être surpris puisqu’après la recherche active de la censure des réseaux (twitter en étant un exemple typique), après la pluie de loi sécuritaires (la Loi Renseignement étant le dernier avatar français), pour les élites qui nous entourent, nous retirer chacun des moyens possibles de protection de notre vie privée est l’étape logique qui vient directement après.
Petit-à-petit, grâce aux lois « exceptionnelles » de plus en plus fréquentes (et donc, de moins en moins « exceptionnelles ») pour lutter contre le terrorisme, les menaces nucléaires, puis chimiques, puis sanitaires, puis économiques, puis — ça viendra, ne vous inquiétez pas — politiques, les politiciens et leur clique ont basiquement le droit de faire à peu près ce qu’ils veulent de n’importe qui, à n’importe quel moment.
Moyennant un flou toujours plus grand dans leurs définitions (quitte à agrafer l’adjectif « terroriste » sur de simples saboteurs), ils peuvent embastiller ceux qui leur semblent un peu trop s’écarter des sentiers traditionnels, bien balisés, qu’ils consentent à leur laisser pour s’égayer de temps en temps, comme d’autres gardiens les prisonniers pendant leur promenade quotidienne.
Bref, messieurs nos dirigeants, vous savez tout, ou à peu près, de nous. Vous pouvez nous arrêter sur n’importe quel motif arbitraire, nous espionner sur tous les canaux que vous choisissez ou à peu près, et surtout nous faire taire, par la force, si vous le jugez nécessaire.
Mais lorsque, par malheur, les technologies qui étaient jusqu’à présent confidentielles ou réservées à votre « élite », deviennent enfin disponibles pour tous, vous tempêtez. « Comment », dites-vous à qui veut l’entendre, « allons-nous combattre ces terroristes et ces terribles soldats pédonazis qui viennent jusque dans nos bras égorger nos filles et nos compagnes, s’ils cryptent toutes leurs communications, comme nous ? Comment allons-nous faire pour vous protéger contre vous-mêmes si, maintenant, vous utilisez finalement les mêmes techniques que nous ? »
Et voilà que pour nous « protéger » encore plus, vous envisagez sérieusement de nous séparer de nos outils, ceux-là même qui nous assuraient encore ce minimum de confidentialité et de vie privée sans lesquelles plus rien ne distingue notre existence de celle de rats en cage sous votre constante observation.
Mais de qui doit-on se protéger le plus ?
Des terroristes qui, en France, tuent très médiatiquement quelques dizaines de personnes par an — au pire — ou de nos « élites » sur-protectrices qui, par leur incessante production de lois et règlements, fabriquent tous les jours plus de pauvres, d’assistés, de miséreux, de prisonniers, de suicidaires, et, par voie de conséquence, de suicidés ? Qui, en France, a fait le plus de dégâts sur les quarante dernières années ? Al Qaïda, l’Etat Islamique ou les politiques catastrophiques des clowns avides de pouvoir qui ont consciencieusement saboté l’économie française au point de la mettre à genoux, qui ont mis tellement de marchés et d’entreprises publiques sous perfusion d’argent des autres que le pays n’est même plus l’ombre de lui-même, qui ont distribué les prébendes et les aides sociales bien au-delà des capacités financières du pays, au détriment complet de la Justice et d’une protection à l’intérieur et à l’extérieur du pays digne de ce nom ? C’est la faute au terrorisme, tout ça ? Les millions de chômeurs, les retraités avec des pensions minuscules, la sécurité sociale inique et en faillite, c’est les terroristes ou le grand banditisme, c’est ça ?
Oh oui, bien sûr que vous, messieurs, voulez absolument mettre un frein à cette échappatoire que les technologies offrent enfin aux peuples sous votre emprise ! Bien sûr que voir ainsi une population retrouver un peu de vie privée, un peu de liberté d’expression loin de vos oreilles, de vos censeurs et de votre politiquement correct, ça vous défrise. Mais la réalité crue, messieurs, c’est qu’en souhaitant ainsi l’interdiction ou la restriction de ces technologies, vous cherchez surtout à vous protéger vous-mêmes. Vous savez pertinemment que des individus qui ne vous écoutent plus, et qui discutent entre eux en vous tenant à l’écart de leurs préoccupations vous coupent de tout pouvoir. Des individus qui communiquent sans que vous n’en sachiez rien, c’est la fin des connivences, c’est la déroute des initiés et la complication des délits qui les accompagnent, c’est la mort des petits chantages et des grosses compromissions, bref, c’est signer à moyen et long terme l’arrêt de mort d’une forme bien insidieuse de pouvoir.
Or, lutter conter vous, messieurs, c’est bien pire que le terrorisme ! C’est même absolument impardonnable !
« Il n’y a aucun article de cette loi qui remet en cause les libertés. En revanche, il y a des dispositions qui peuvent être considérées comme remettant en cause la vie privée et le droit à la vie privée. »
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