Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Hier j’évoquais, lors de l’émission Ecorama, le chômage endémique dont nous souffrons et qui est lié en grande partie à l’implémentation des nouvelles technologies et à l’encaissement des gains de productivité par les entreprises à travers le non-remplacement des départs massifs à la retraite de la génération des Baby-boomers.
Ce n’est évidemment pas la seule cause de notre chômage de masse. L’arrivée des femmes sur le marché du travail (ce n’est pas une critique mais une simple constatation factuelle), l’accroissement de la population, les délocalisations liées à la mondialisation, sans oublier la compétitivité de notre pays sont autant de facteurs contributifs à notre taux de chômage élevé sans oublier enfin une croissance chaque année de plus en faible.
Le chômage de masse ne doit pas faire oublier la précarisation massive de nos emplois et des populations.
Les facteurs que nous avons énumérés un peu plus haut ont une conséquence directe. Ils pèsent sur le rapport de force « salarié/patron ». En clair le salarié est évidemment en position de faiblesse. Il n’y a plus de travail, celui qui a besoin de faire bouillir la marmite est donc prêt à accepter presque tout et n’importe quoi.
Nous assistons donc à une multiplication partout à travers le monde à des régressions sociales de très grande ampleur.
Aux USA c’est les 1 099, l’équivalent de nos auto-entrepreneurs, qui représentent plus de 35% des emplois désormais alors qu’au même moment plus de 96 millions d’américains ont été sortis des statistiques de la population active… Au Royaume-Uni c’est le paradis du contrat 0-heure. Vous avez un contrat de travail, mais pas de travail garanti. Le patron vous téléphone lorsqu’il a besoin de vous (mais vous n’êtes plus chômeur). Enfin en Allemagne c’est les mini-jobs à 1euro de l’heure ce qui est nettement moins que le salaire minimum à Pékin qui est de 2.9 dollars par heure…
En France ce n’est pas mieux et l’hypocrisie règne en maître sur le marché du travail hexagonal.
C’est dans ce contexte mondial qu’Amazon «innove » socialement parlant en inventant un nouveau mode de travail pour ses non-salariés mais livreurs quand même !
Amazon invente Flex, le travail à la demande
Voici ce qu’écrit le journal Le Monde à ce sujet en restant plus que modéré sur les effets sociaux prévisibles !
« Soyez votre propre chef : livrez quand vous voulez, autant que vous voulez ». Tel est le nouveau slogan d’Amazon pour lancer un nouveau type de contrat de travail : le livreur payé à la tâche.
Le distributeur sur Internet a annoncé, mardi 29 septembre, qu’il allait embaucher des employés intermittents pour livrer ses colis. Le nouveau service, baptisé Flex, consiste à proposer de devenir livreur sur des créneaux de deux, quatre ou huit heures, quitte à reprendre ses activités traditionnelles entre-temps.
Les conditions sont assez limitées : il faut avoir au moins 21 ans, l’âge de la majorité légale aux Etats-Unis, être détenteur d’un permis de conduire, disposer d’un véhicule et d’un smartphone équipé du système d’exploitation Android. Enfin, les candidats ne doivent pas avoir d’antécédents judiciaires. Le tout est payé entre 18 et 25 dollars de l’heure (22,26 euros). La contrepartie : l’employeur ne vous assure aucune couverture chômage ou maladie, tandis que l’assurance du véhicule et les frais d’essence restent à votre charge. »
Uber fonctionne typiquement sur ce genre de système, de même que toutes les grandes plateformes internet de mise en relation entre particuliers et qui promettent monts et merveilles. La réalité est nettement moins glorieuse puisque rares sont les gens à pouvoir vivre décemment en louant leur voiture, leur propre appartement, ou encore leur force de travail en étant rémunéré à la tâche.
Un retour au 19ème siècle !
Plus on vous parle de prôôôgrèès plus la réalité est régressive. Plus on vous parle de lutte contre le chômage plus il augmente, plus on vous explique qu’il faut favoriser l’éducation, plus nous abrutissons les masses avec des flopées de sottises, plus nous voulons exporter la démocratie, plus nous faisons la guerre…
Beaucoup de nos concitoyens font face à une précarité de plus en plus importante. Nous serons de plus en plus nombreux dans ce cas et la précarisation devient exponentielle.
Prochainement nous deviendrons tous des « intermittents du spectacle capitaliste » comme j’aime à le dire. Nous pouvons le déplorer, mais c’est ainsi, nous sommes les victimes d’un immense réajustement économique par le bas.
Moins de salaire, moins de protection, moins de tout.
Tout cela pour le plus grand et le plus immense profit des grandes multinationales que par nos achats nous maintenons en vie… nous nourrissons nous-mêmes nos bourreaux. La seule révolution possible passe par celle des comportements. Ne plus acheter c’est ne plus cautionner ce système d’hyper-consommation qui nous hyper-affaiblit et qui nous hyper-exploite… en attendant vous irez bien acheter le dernier i-truc à la mode… Pour que les multinationales s’effondrent il y a une action simple. N’achetons plus. La somme de nos actions définit notre destin commun.
Alors, en attendant, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Charles SANNAT
Insolentiae signifie impertinence en latin
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http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2015/09/30/amazon-invente-flex-le-travail-a-la-demande_4777417_1656994.html#xtor=AL-32280539