Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
« Le chômeur, au lieu d’être la rançon de la science, devrait en être la récompense », c’était le titre de l’édito d’hier et il semblerait que vous ayez été assez nombreux à télécharger l’ouvrage de Jacques Duboin la Grande relève. Tant mieux et je suis très heureux d’avoir partagé cette découverte avec vous.
L’approche intellectuelle est essentielle pour tenter de comprendre ce que l’on ne veut pas comprendre et que d’autres avaient compris dès 1932 !!! Cela met les choses en perspectives.
Hélas s’il est fort agréable d’évoluer dans ces concepts et théories passionnantes qui permettent d’imaginer des solutions, plus prosaïquement, plus concrètement, je dirais même de façon terre-à-terre avant les solutions il y a les problèmes à affronter. Nous devrions être capables d’anticiper et de prendre des décisions a priori mais ce n’est pas le cas et l’histoire montre d’ailleurs sans ambiguïté que l’homme réagit, il n’anticipe pas et c’est encore plus vrai pour les « sociétés humaines ».
Après le travail dominical le bénévolat du week-end…
Vous avez sans doute encore tous en mémoire cette bataille autour du travail dominical. Cette bataille avait été ouverte par la chaîne Bricorama qui voulait pouvoir ouvrir ses magasins le dimanche pour que les bricoleurs puissent acheter tout, tout de suite… vu qu’ils étaient en train de bricoler là-maintenant. Seul celui qui n’a jamais bricolé pense qu’il a tout ce qu’il lui faut. Le bricoleur du dimanche lui, quand il veut poser un cadre il se rend compte qu’il lui manque les clous et le marteau ce qui n’est pas franchement pratique pour réussir la mission assignée par madame, à savoir accrocher la dernière croute offerte par sa belle-mère… moi je n’ai pas à me plaindre car la mienne de belle-mère à l’excellent goût de faire de l’encadrement avec un vrai talent, du coup quand moi j’achète une croûte c’est elle qui la met en valeur… alors tout va bien
Bref, on se fiche pas mal de ces histoires de belles-mères, et revenons-en à nos moutons à savoir que Bricorama qui voulait ouvrir le dimanche n’a pas vu son chiffre d’affaires augmenter avec son ouverture dominicale. Rien. Nada. En fait le chiffre d’affaires a même baissé… Pourquoi ? Parce qu’ouvrir le dimanche n’a jamais augmenté le pouvoir d’achat des consommateurs.
Cette bataille autour du dimanche doit être comprise comme la lutte des vieux magasins en dur contre les nouveaux venus du commerce électronique qui ne livrent pas le dimanche… car même les camions n’ont pas le droit de rouler (sauf pour le frais) certains jours.
Cela signifie que le magasin ouvert possède un avantage compétitif. Il peut satisfaire une envie pressante (non pas d’aller là où le roi va seul) mais de consommer. Tout cela ne changera rien à la donne économique évidemment. D’ailleurs là où beaucoup pensent naïvement qu’ils seront payés plus et que ce sera sur la base du volontariat je vous renvoi à cet article concernant les « avancées » sociale à La Redoute où ceux qui travailleront le soir seront tirés au sort et désignés volontaires d’office sans un kopec en plus…
Encore plus fort… bosser gratis et le week-end en plus !
Alors dans un monde sans repère et lancé dans une course totalement folle au moins disant social sous couvert de « compétitivité » nous allons encore plus loin dans l’absurdité.
Remarquez nous pourrions avoir pire. Car dans un monde où l’argent coûte de l’argent ce qui est le principe des taux 0 ou négatifs, après tout on pourrait devoir payer pour travailler, ce ne serait pas plus stupide que de payer pour prêter ses sous après tout.
Urban Outfitters une grande enseigne de prêt-à-porter américaine propose donc à ses employés américains de travailler bénévolement le week-end et a envoyé un e-mail à ses salariés pour leur faire cette proposition.
Vachement généreux, l’employeur offre le bol de riz…
Enfin le bol de riz, ou le burger, ou encore le jambon-beurre mais sans cornichon, c’est cher le cornichon. Tout dépend du pays mais l’idée est là.
Pour l’entreprise bosser gratos le week-end est une démarche devant être prise comme « une opportunité : En plus de répondre aux besoins de nos clients, c’est un excellent moyen de découvrir comment fonctionnent nos activités logistiques. Réunissez vos collègues et venez participer ensemble à une activité de team building ! » dit la direction dans son communiqué dans lequel elle souligne « qu’elle fournira le déjeuner ».
Soyez « corporate »…
Vous connaissez la carotte et l’âne… et bien vous êtes l’âne et la carotte c’est le déjeuner…
Cela me fait penser aux primes à la banque… on vous faisait marner encore plus et le meilleur d’une équipe de 10 000 avait la chance de remporter un ticket resto d’une valeur de 10 euros… le problème n’était pas ce type de « challenges » commerciaux bidons. Non le problème c’est que l’immense majorité des gens court pour participer à de telles crétineries parce qu’il faut être « corporate », il faut faire croire que l’on croit très fort à la « boite », que l’on est un « acharné » que l’on veut mener « carrière ». Ils courent pour une chance sur 10 000 ou sur 100 d’ailleurs d’empocher 10 euros.
C’est l’ensemble du système, basé sur des techniques de management manipulatoires qui produit une pression terrible et crée des chaînes psychologiques invisibles autour de salariés de moins en moins nombreux prêts à tout pour sauvegarder leur poste.
Lorsque l’on est soumis à ce type de pression quotidienne, il est difficile de parler d’épanouissement personnel et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai créé ma lettre STRATEGIES.
Dans le prochain numéro je vous parlerai longuement de ma « matrice » de la résilience des métiers qui pourront résister aux changements majeurs à venir. Car au bout du compte si l’argent ne fait pas le bonheur comme nous l’a rappelé notre bon prix Nobel, il y contribue tout de même et pour avoir de l’argent il faut en gagner. L’argent facile n’existe que dans les promesses, rarement dans la réalité. Le plus souvent il provient du travail, mot trouvant son origine dans le latin. Le mot « travail » est dérivé du bas latin « tripalium », hérité du latin « tripaliare » signifiant « contraindre ».
Rien de bien positif donc… Pour information le « tripalium », est un instrument de contrainte, voire de torture puisque c’est un « dispositif servant à immobiliser les grands animaux pour le ferrage ou pour les soins »…
Nous vivons un moment où la remise en cause des avancées sociales, du droit, et d’un rapport de force particulièrement défavorable aux salariés. C’est donc une période très délicate nécessitant une véritable réflexion sur les métiers qui marchent et qui marcheront et qui vous éviteront d’être soumis justement à un rapport de force particulièrement défavorable. C’est cette démarche que je vous propose chaque mois dans ma lettre STRATEGIE. J’explique tout ici.
Je vous souhaite à toutes et tous un excellent week-end et pour ceux qui auront le temps n’hésitez pas à entamer l’excellente lecture de la « Grande Relève des hommes par la machine » que je vous proposais dans mon édito d’hier.
Préparez-vous car il est déjà trop tard !
Charles SANNAT
Insolentiae signifie impertinence en latin
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Source FranceTV ici