Pendant que François Hollande, le chef de l’Organisation État Universel Français en occident, continue de s’agiter pour s’assurer un emploi en 2017, le monde continue d’avancer. Malheureusement pour François qui résonne raisonne à économie constante (voire figée), la direction générale n’est pas forcément réjouissante et montre clairement que si quelque chose ne sera pas constant en 2016, ce sera bien l’économie.
Et les signes inquiétants s’accumulent. Le rythme d’accrétion de ces signes au tableau global d’une crise qui grossit s’est d’ailleurs accéléré récemment. Si, pendant les années passées, des points de tension se sont accumulés, laissant parfois croire à une proche explosion des cours de bourse, des dettes souveraines ou de l’inflation (ou un mélange de tout cela), les mois se sont écoulés pour finalement prouver que les banques centrales, les États, les politiciens et les différents acteurs des marchés, plus ou moins de connivence, trouvaient des moyens de faire perdurer les procédés mis en place.
Les « Quantitative Easings » se sont succédé, les mesures hétérodoxes ou inhabituelles des banques centrales aussi, les abréviations amusantes (ZIRP, NIRP ou autre LTRO) ont fleuri et, de fil en aiguille, le dévissage qui eu lieu en 2008 a été comme oublié, noyé dans les vapeurs liquoreuses de cours de bourse élevés, d’effets de leviers de plus en plus forts et de produits dérivés de plus en plus astucieux. Dans tout ce fatras d’innovations financières, difficile pour les politiciens, les banquiers, les journalistes et une partie du peuple de comprendre que les racines du mal (surendettement, irresponsabilité, dogmes économiques catastrogènes) n’avaient toujours pas été extirpées, et ce, d’autant plus que leur gagne-pain dépendait directement de leur capacité à ne surtout pas comprendre.
Lorsque toute l’économie est surdopée par les bidouillages inflationnistes des banques centrales, qui compensent à peine des poussées déflationnistes de plus en plus violentes, quand les chiffres (du chômage, de la croissance, des ratios bancaires, j’en passe et des meilleurs) sont tous plus que sujets à caution, regarder la réalité en face est compliqué, voire pénible.
Malgré tout, qu’on veuille ou pas comprendre, qu’on veuille regarder ou non, les faits sont têtus : non, tout ne va pas bien, et loin s’en faut.
Ainsi, que dire du ratio Pétrole/Or, qui permet de calculer combien de barils de pétrole achète une once d’or ? Lorsque, comme actuellement, le prix du baril s’effondre en dollars, et qu’il s’effondre encore plus vite en or, le coup d’oeil en arrière laisse assez peu de marge d’interprétation. En substance, à chaque fois que ce ratio a fait un pic violent, une crise majeure a secoué la finance et l’économie mondiale.
D’autre part, ce pic s’explique bien plus par la chute des cours que par l’augmentation des prix du métal précieux. Or, si un pétrole à prix bas signifie certes une énergie pas chère, il signifie aussi soit un problème d’approvisionnement trop important, soit un problème de demande trop faible. En termes d’approvisionnement, on est encore loin des pleines capacités de production : l’Iran, l’Irak, la Libye, le Venezuela ne sont pas à proprement parler au maximum de leurs capacités, loin s’en faut. En revanche, la demande, elle, décroît.
Cette baisse de la demande signifie clairement un ralentissement global de l’économie mondiale, et entraîne directement, en surcroît, des tensions internationales plus importantes. Du point de vue des producteurs seulement rentables pour un baril bien plus haut (80, 90, 100 ou 110$ le baril), c’est une véritable catastrophe. Si l’on peut imaginer sans mal que cette baisse fut entretenue, au départ, par une Arabie Saoudite trop contente de gêner les Américains (et leur fracking), les Iraniens et les Russes, on peut commencer à voir que le contrecoup leur revient fort cher. La bourse saoudienne a en effet perdu à ce jour (20%) plus en l’espace de 3 semaines que pendant toute l’année 2015.
Tout comme les banques centrales ont un mal de chien à contrôler les poussées déflationnistes, les producteurs de pétrole subissent à leur tour la déflation générale.
Ce qui est vrai au niveau du pétrole l’est aussi… partout ailleurs. Le Dow Transport, précurseur habituel des tendances économiques, continue de s’enfoncer doucement après une année 2015 que certains, baignant dans les euphémismes achetés à Prisunic, pourraient qualifier de « pas rose » (plus de 20% de perte). Dans la foulée, le Baltic Dry Index continue lui aussi de marquer des points bas. Cet indice, qui permet d’évaluer le coût de transport en cargos, est un bon indicateur de l’adéquation entre l’offre de transport et la demande. Des hausses et des baisses importantes montrent les habituelles variations dans le commerce international, mais si l’effondrement récent indique bien une surcapacité assez énorme, il indique aussi une demande complètement en berne tant les chiffres actuels sont bas. En outre, les chiffres des exportations chinoises, américaines, sud-coréennes ou d’autres grands pays exportateurs sont très faibles eux aussi, confirmant bien que le commerce mondial se contracte très fort actuellement.
La situation est la suivante : les biens et produits ne bougent plus, le chômage grimpe un peu partout, et les prix des matières premières ont dégringolé à des niveaux jamais vu sur plus de dix ans.
À ce tableau déjà sombre s’ajoutent les petits cris stridents de certains analystes.
On retrouve notamment quelques figures connues, comme Art Cashin, un professionnel de Wall Street depuis plus de 50 ans, qui prévoit une panique boursière colossale. Moins anecdotique, notons aussi le dernier rapport de la Royal Bank of Scotland (RBS) qui a doctement expliqué qu’il valait mieux, maintenant, tout vendre et se préparer à une année 2016 « cataclysmique ». En France, on pourra citer Philippe Béchade de la Chronique Agora qui ne laisse aucun doute dans une récente interview sur BFM Business :
« Cela fait six ans qu’on gonfle artificiellement les cours de tout. On a gonflé le cours des obligations, celui des actions, et pour quel résultat ? Pas de croissance, beaucoup plus de dettes globalement et surtout beaucoup plus de spéculation sur les dérivés. »
Bref, il semble maintenant acquis que la question n’est plus de savoir si un prochain krach va arriver, mais plutôt de savoir quand et, pour envisager de répondre à cette question, d’où partira la prochaine crise. Pour rappel, ce furent les subprimes qui avaient ouvert le bal en 2007 en provoquant la fermeture de petites puis de moyennes banques, jusqu’à Lehman Brothers en 2008.
L’année 2016 verra-t-elle un schéma équivalent se reproduire, mais cette fois-ci sur les petites compagnies pétrolières, puis les moyennes, comme semble le laisser entendre un récent article de Zéro Hedge, qui note le changement abrupt bien que très discret de politique de la Fed de Dallas à leur sujet ce qui, comme l’explique Lupus sur son blog, revient à dissimuler les pertes de ces compagnies ? Ou y aura-t-il un défaut de trop sur le marché des dettes de sociétés mal notées, comme l’évoque un article de l’Expansion ?
Dans ce contexte, et alors que même le FMI se montre gentiment moins optimiste, les agitations du chef de l’État français gagnent une saveur toute particulière, ne trouvez-vous pas ?
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