« L’or
n’est pas un investissement, parce qu’il ne présente aucun risque et n’offre
aucun rendement. Selon la célèbre critique faite par Warren Buffet contre
l’or, le métal jaune n’offre aucun rendement, et donc aucune chance
d’accumuler du capital.
Il a raison.
L’or n’offre pas de rendement ; il n’est pas supposé le faire, parce
qu’il ne présente aucun risque. Si vous achetez une once d’or et la conservez
pendant dix ans, vous aurez toujours une once d’or dans dix ans – ni plus, ni
moins. Bien évidemment, le prix en dollar de votre once d’or peut changer
radicalement en une décennie. Mais ce n’est pas le problème de l’or. C’est le
problème du dollar.
Pour obtenir un retour
sur investissement, il faut prendre un risque. Quel est le risque représenté
par l’or ? Il ne présente pas de risque de maturité, parce qu’il n’est
qu’un métal. Votre métal n’arrivera pas à maturité dans cinq ans. Il est de
l’or aujourd’hui, et il le sera toujours. L’or ne représente pas de risque
lié à son émetteur, parce que personne ne l’émet. Si vous possédez de l’or,
votre or vous appartient. Il n’est la responsabilité de personne d’autre.
L’or ne présente
pas de risque lié aux marchandises. Avec les marchandises, il y a certains
risques à prendre en considération. Lorsque vous achetez du maïs, vous devez
vous inquiéter de savoir s’il est infesté d’insectes, s’il est bon ou
mauvais. C’est la même chose avec l’huile. Il en existe 75 qualités de par le
monde. L’or est un élément, au numéro atomique 79. Il demeurera toujours de
l’or.
Les sponsors de
Wall Street, les banques américaines, et les autres membres du LBMA, ont créé
des volumes énormes de produits en or qui ne sont pas de l’or. Il s’agit de
contrats papiers. Ces produits incluent les ETF, dont le plus important porte
le symbole GLD. Il ne s’agit pas d’or. Un ETF est une part, une action. De
l’or est disponible au sein de cette structure, mais il ne vous appartient
pas – vous possédez une part. Même cette part n’est pas physique. Elle est
digitale, et est facilement piratée ou effacée. »
Jim Rickards, The New Case For Gold
Il est vrai que la monnaie, lorsqu’il s’agit de monnaie véritable, ne verse
pas d’intérêts. Si vous possédez des dollars en tant que monnaie, par
exemple, vous n’en tirez aucun intérêt. Vous en obtenez des intérêts en les
prêtant à quelqu’un d’autre, et en acceptant une forme d’obligation liée à un
risque. Les intérêts obtenus servent de compensation pour le risque encouru.
C’est sur ce principe que reposaient traditionnellement les dépôts bancaires
avant que soient instaurés les taux d’intérêt négatifs.
La même chose est vraie pour les obligations
gouvernementales, qui ne sont pas de la monnaie, mais des prêts dont les
risques sont compensés par des versements d’intérêts.
En revanche, l’or n’est pas officiellement une monnaie,
parce qu’il n’est pas reconnu en tant que tel par les gouvernements, et doit
être échangé contre des unités de devises officielles pour payer des impôts,
par exemple. Mais cette réalité commence à changer.
Je m’opposerais légèrement à Jim sur l’idée que l’or ne soit
pas un investissement si j’avais le temps d’entrer dans les détails, parce
que l’or peut être et est souvent utilisé en tant que couverture contre les
pertes enregistrées par des actifs suite à la dévaluation du dollar. Son
collègue décrit lui-même l’or comme une couverture. Pourquoi les autres
composants d’une couverture sont-ils considérés comme étant des
investissements une fois conservés suffisamment longtemps, mais pas
l’or ? Peut-être peut-il plus être qualifié de spéculation que
d’investissement, mais je ne parviens pas à discerner la différence entre les
deux, puisque par définition, même les intérêts impliquent un risque.
Les terrains sont perçus comme un investissement dans la
langue commune, bien qu’ils ne versent aucun intérêt et ne génèrent aucun
revenu, à moins d’être loués ou utilisés directement dans le cadre
d’activités productives qui comportent un risque.
Typiquement, la différence entre le négoce/la spéculation et
un investissement est liée à la volatilité de l’écart entre les retours
attendus et les retours inattendus. C’est une légère distinction, mais je
n’ai pas la volonté de la concéder à Buffet, qui semble avoir l’angle de
vision restreint de ceux qui se spécialisent trop lourdement sur un sujet
particulier pendant trop longtemps. Dépendamment des hypothèses de chacun, de
la manière dont est structurée la propriété de l’actif, et de la durée de
cette propriété, je pourrais citer quelques exemples qui font de l’or et de
l’argent des « investissements », qui bien qu’ils ne versent ni
dividendes ni intérêts, présentent une probabilité de gains contre d’autres
actifs.