L’économie globale s’est déjà renversée
en 2006, mais à l’aide d’un programme massif de création monétaire et de
crédit, le monde a pu bénéficier d’un sursis à exécution. Les effets de cette
création monétaire commencent cependant à se dissiper aujourd’hui. Et aurions-nous
pu nous attendre à quoi que ce soit d’autre ? Imprimer de l’argent qui n’a
aucune valeur ou prêter de l’argent qui n’existe pas n’a jamais créé quelque
richesse que ce soit ou sauvé qui que ce soit. La récession commencera
bientôt à accélérer, pour nous mener à un échec total du système financier et
à des défauts souverains. Mais personne ne devrait croire qu’il y aura une implosion
ou une réinitialisation soudaine qui viendra tout changer ou tout régler. Ce
dont nous ferons l’expérience sera une rapide détérioration de la situation,
sans pour autant qu’un évènement particulier ne fasse brutalement tout
basculer.
C’est ce qui se passe aujourd’hui
tout autour de nous. Voyons quelques exemples du stress que subit
actuellement le système. La BCE fait face à des échecs bancaires dans presque
tous ses pays membres. Une banque autrichienne vient d’être refinancée, et
tout le système bancaire italien est sur le point de s’effondrer. Les banques
grecques sont déjà en banqueroute, bien que personne n’ose le déclarer
officiellement. La BCE sait qu’il ne lui reste qu’une seule solution pour
repousser temporairement un effondrement du système bancaire européen, qui
est de poursuivre son programme de création monétaire. Au cours de ces 15
derniers mois, les bilans de la BCE ont explosé de 45% pour atteindre 3
trillions d’euros. La Bundesbank, la banque centrale allemande, est tout à
fait consciente du destin des banques allemandes. Mais elle sait aussi qu’elle
se trouvera responsable d’une grande partie de l’argent imprimé par la BCE et
a déjà indiqué qu’elle lancerait une action en justice si la BCE accélérait
son programme de création monétaire.
La Fed n’imprime plus d’argent
aujourd’hui, mais il ne sera selon moi qu’une question de temps avant que
nous la voyions mettre en place un programme d’assouplissement quantitatif
qui détériorera davantage la situation économique des Etats-Unis. Les
produits dérivés américains s’élèvent à au moins 500 trillions de dollars, et
tous imploseront à mesure qu’échoueront les contreparties. La Fed et la FDIC
s’en inquiètent, c’est pourquoi elles viennent de mettre en garde les banques
américaines. Elles ont par exemple expliqué à JP Morgan que la banque n’était
pas préparée à une crise, et qu’elle n’a actuellement aucun plan de réduction
de ses bilans de produits dérivés. L’exposition de JP Morgan aux produits
dérivés excède probablement les 100 trillions de dollars.
Un autre problème majeur pour
les Etats-Unis est le marché des bons du Trésor. La dette totale du
gouvernement des Etats-Unis représente 19 trillions de dollars. De ce total,
6,2 trillions de dollars appartiennent à des étrangers. La Chine et le Japon
représentent environ 4,5 trillions de dollars. Le troisième plus gros
propriétaire de dette américaine est l’Arabie Saoudite, avec 750 milliards de
dollars. Et l’Arabie Saoudite a menacé de liquider ses réserves si les
Etats-Unis se penchaient sur le rôle que le pays a pu jouer dans les attaques
du 11 septembre. Mais l’Arabie Saoudite n’est pas le seul pays qui pourrait
causer le chaos sur le marché des bons du Trésor. Beaucoup d’experts pensent
que ces pays se tireraient une balle dans le pied s’ils se débarrassaient de
leurs bons du Trésor américain, parce qu’ils donneraient lieu à un
effondrement du marché des obligations. C’est tout à fait vrai. Les bons du
Trésor américain représentent aujourd’hui l’une des plus grosses bulles financières,
notamment parce que les Etats-Unis ne rembourseront jamais leur dette. Les
propriétaires étrangers de dette américaine ne seront jamais remboursés. Ils
savent que le dollar est surévalué et pourrait décliner substantiellement. Qu’ils
vendent leurs réserves aujourd’hui, pour en faire plonger le prix, ou
attendent que le Trésor et le dollar n’aient plus aucune valeur ne fait
aucune différence. Le premier à prendre la décision de vendre pourra en tirer
un avantage, notamment parce que l’acheteur sera le gouvernement des
Etats-Unis, et que ce dernier tentera sans doute de satisfaire la demande du pays
vendeur en imprimant davantage de dollars. Mais après ce premier épisode, la
situation tournera à la catastrophe, et il sera trop tard pour se couvrir.
Le Japon est aussi en grande
difficulté. La Banque du Japon possèdera en 2017 la moitié des obligations du
gouvernement japonais, et devrait en posséder 60% en 2018. Comment ce pays
peut-il croire que son économie finira par survivre ? Il imprime des
quantités de monnaie sans précédent sans pour autant que cela ait le moindre
impact positif sur l’économie. Je l’ai déjà dit par le passé, et le dirai
encore, l’économie japonaise plongera jusqu’à toucher le fond du Pacifique.
Une majorité des banques
centrales et des gouvernements souverains sont virtuellement en banqueroute,
et c’est aussi le cas des banques commerciales. Le prix de leurs actions ne ment
pas. Une majorité des actions bancaires ont perdu entre 75 et 90% depuis
2007. Deutsche a perdu 87%, et Citi 92%, alors que Crédit Suisse et Barclays
n’ont décliné que de 78% ! Le déclin de leurs valeurs nous
indique clairement que ces banques n’auront que peu de chances de survivre.
Les profits globaux des
entreprises ont décliné de 20% sur les marchés matures et 25% sur les marchés
émergents depuis 2014. Jusqu’à présent en 2016, nous avons enregistré des
défauts de corporations de 50 milliards de dollars, ce qui est un record
depuis 2009.
Tout cela se passe aujourd’hui
devant nos yeux. Personne ne devrait attendre un évènement majeur, mais
plutôt une série d’évènements, qui a déjà commencé. Il est temps de prendre
des mesures préventives.
Le besoin de se protéger pace à
ces risques est plus important aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été. De l’or
physique peut encore être acheté à bas prix, et ce ne sera pas le cas bien
longtemps.