Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Je reçois à chaque fois que je parle de ce sujet une bordée d’invectives des défenseurs du Bitcoin qui m’accuse d’être au choix et rayez la mention inutile, « un vieux », un « crétin », un « abruti qui ne comprend rien » ou plus sobrement » de ne pas me pencher sur la pureté technique du truc comme il faudrait que je penchasse »…
D’ou ma première remarque adressée avec bienveillance en « mode humour » à tous les apôtres du Bitcoin, l’attitude de ses fidèles me font dire qu’il s’agit plus d’une religion que d’une monnaie.
Ho, certes, le Bitcoin est rassemblement plus une « idéologie » qu’une « religion », mais j’invite celles et ceux qui s’y penchent justement avec une grande précision à réfléchir à ce premier point. Placement et monnaie font-ils bon ménage avec « idéologie » et « religion ».
Non, rarement évidemment pour la simple et bonne raison que toutes les idéologies corrompent l’esprit et empêchent de voir les choses avec objectivité. Quant aux religions sans conscience et sans intelligence, c’est rapidement la même chose.
Bref, dans tous les cas, il faut réfléchir et penser et tout ce qui par nature veut empêcher de penser ou de critiquer doit poser de grandes questions.
Quels sont les attributs d’une monnaie?
Alors reprenons pour nos défenseurs du Bitcoin, des monnaies électroniques, de toutes les monnaies alternatives et autres gentillettes expériences monétaires, qu’est-ce qu’une monnaie? Je parle d’une vraie, par du dernier micro-truc (aussi mignon soit-il) local altermondialiste fort sympathique utilisée dans 3 communes du Larzac par 25 zadistes.
Une monnaie c’est:
1/ Un instrument d’échange… Cela veut dire ce que ça veut dire, à savoir que cette monnaie est acceptée par tous, en tout temps, contre n’importe quel produit, cela implique donc une confiance totale de la totalité des agents économiques y compris internationaux, sinon aucun petit chinois n’accepterait de faire partir ses containers par bateaux pour alimenter nos hypers et autres supermarchés.
2/ Un instrument comptable… Oui la comptabilité c’est un truc qui sert à… compter ! Et à faire les comptes. Jusqu’à présent, les bilans, les liasses fiscales et tous autres papiers et documents officiels sont libellés dans une devise officielle, en l’espèce l’euro chez nous ou le dollar pour les Américains. C’est peut-être stupide, ringard, totalement dépassé mais pour le moment, on ne fait pas sa compta en Bitcoin…
3/ Un instrument de stockage de valeur… Eh oui, une monnaie sert aussi à stocker de la valeur. Enfin, une bonne monnaie et en théorie (pays imaginaire où tout se passerait bien). Parce qu’en pratique, c’est un peu différent évidemment. Mais une bonne monnaie vous permet d’épargner aujourd’hui vos gains actuels en vue d’une consommation future de votre création de richesse passée.
Une véritable monnaie doit répondre à ces trois attributs, qu’il en plaise ou déplaise à nos tenants du Bitcoin dont, par ailleurs, j’admets bien volontiers la prouesse technique le rendant in »BITtable » pour la dame Michu du coin.
Je ne vous dis pas qu’un jour le Bitcoin ne sera pas simple mais il est aujourd’hui l’apanage de quelques « geeks » à la pointe du progrès de l’univers certes, tous ceux qui sont intelligents ont compris sa beauté et sa nécessité, tous les autres – et l’immense masse de laquelle je fais partie est faite d’abrutis – n’y comprenant rien, en incapacité totale d’aller « miner » ces machins pour les mettre « dans des clefs USB sécurisées » à l’intérieur de logiciels de cryptages ultrasécurisés à l’aide de clefs confidentielles ultra-top secrètes…
Hé, ho, les amoureux du Bitcoin (mode humour hein), on dit qu’une monnaie c’est un instrument d’échange de masse, or le Bitcoin est pour le moment trop compliqué pour en être un, ce qui implique qu’il sera supplanté par une autre technologie du type « Blockchain » et monnaie numérique et digitale mise en place par les banques sous le contrôle des gouvernements qui sauront les faire accepter et les rendre simple. Les cimetières de la technologie sont plein de super techniques qui n’ont jamais réussi à s’imposer. C’est même le B.A.-BA, c’est rarement le mieux et le meilleur qui gagne (ce qui est valable pour nos chefs d’ailleurs).
Le Bitcoin instrument de stockage de valeur c’est sans doute le plus mauvais raisonnement. D’abord, on vit en euros, en dollars et non en or…, en argent métal et encore moins en Bitcoin. Cela veut dire qu’il y a échange et donc conversion à un taux de change, ce qui implique des fluctuations encore plus violentes sur le Bitcoin que sur l’or par exemple.
Mais même sans parler de ce sujet de la « valeur » du Bitcoin, cette monnaie, aussi géniale soit-elle, a en réalité tous les défauts qui soient.
Non les « zamoureux » de la techno, ne me guillotinez pas tout de suite et laissez moi finir le raisonnement au moins, que l’on puisse débattre avec intelligence et faire valoir nos arguments respectifs.
Pourquoi tous les défauts ?
Parce que c’est une monnaie digitale : je peux perdre mon PC ou la clef USB ultramachin-chouette et zou… ruiné, comme si finalement j’avais eu des espèces en main. Bref, la dématérialisation conduit à une « rematérisalisation » qui me fait courir les mêmes risques qu’avec une liasse de billets classique. Pour ceux qui laissent le tout dans le « claoudeu » (le réseau immatériel), eh bien les risques existent tout pareil, sans même vous parler des pirates. Bref, le Bitcoin est compliqué d’utilisation, ce qui le rend impropre à devenir un instrument d’échange de masse, il implique un support physique pouvant être perdu ou corrompu car une clef USB ça se perd, ça se casse, ça brûle ou ça se vole.
Enfin, il n’a aucune reconnaissance légale et il est peu probable encore une fois qu’il puisse avoir cours légal dans la mesure où jamais ceux qui exercent ce privilège exorbitant d’émettre la monnaie se laisseront déposséder de leur pouvoir.
Pourtant, le Bitcoin, ou l’idée plus générale de la monnaie libre, est une partie de la solution !!
Là où je rejoins en revanche les fidèles du Bitcoin, c’est dans l’idée de monnaie « libre » émise par aucun État, aucun pays, aucun pouvoir. Une monnaie totalement neutre et apolitique.
C’est bien sûr exactement la définition d’un actif qui s’appelle l’or et qui n’est pas si différent du Bitcoin.
D’ailleurs le Bit-or, qui serait une monnaie numérique et digitale totalement neutre sécurisée et émise uniquement avec la contrepartie en or, serait une bien meilleure alternative au Bitcoin 100 % numérique dont la valeur repose uniquement sur du vent et la croyance de ses apôtres et accessoirement sur sa « rareté ».
L’or, lui aussi, est rare, en quantité limité, accepté partout dans le monde, et aussi une monnaie depuis plus de 6 000 ans, ce qui donne un historique évident et un léger recul impossible sur les monnaies numériques.
Mais encore une fois, pour prétendre être une monnaie, c’est un ensemble d’attributs et de qualités, et la rareté est certes un élément important de « valeur » mais elle ne peut en aucun cas à elle seule faire une monnaie.
Alors que ceux qui veulent s’amuser et expérimenter le « Bitcoin » le fassent sans hésiter : je ne suis pas « contre » le Bitcoin. Je vous dis simplement qu’économiquement, le Bitcoin a des limites telles qu’il ne représente à l’heure actuelle (cela peut changer) aucun danger pour nos autorités monétaires. Il ne faut donc pas confondre amusement et divertissement, avec placement financier et gestion patrimoniale.
Enfin, ceux qui pensent que je « déteste » le Bitcoin parce que « j’aime » l’or se trompent. En soi, je n’aime pas l’or, je n’aime personne (là encore mode humour), et d’ailleurs je ne déteste personne non plus.
Je me contente d’énoncer des faits économiques qui me semblent évidents et de faire des raisonnements comme qu’est-ce qu’une monnaie, et le Bitcoin rentre-t-il dans la définition.
Vous remarquerez d’ailleurs que l’or n’est pas, en tout cas n’est plus un instrument d’échange depuis plusieurs décennies dans notre pays, mais qu’il l’a été durant des millénaires, et qu’il l’est toujours dans d’autres pays. Bref, je pense qu’après mûre réflexion, l’or dispose de bien plus d’avantages que le Bitcoin dans une optique de protection patrimoniale et dire cela ne retire rien à l’intérêt de la chose ni à la beauté technique du bidule, et encore moins à l’extase que certains peuvent éprouver devant autant de génie informatique.
Enfin, vous remarquerez cette photo qui illustre cet article où les Bitcoins virtuels… ont été matérialisés pour rendre leur existence palpable…. Leur couleur dorée est aussi, à mon sens, tout un aveu !!
En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !