Le Gold
Forward Offered Rate (GOFO) est le taux utilisé pour les swaps d’or
contre des dollars. En d’autres termes, c’est le taux auquel un parti accepte
de prêter de l’or contre des dollars. Par exemple, si quelqu’un possède de l’or
et cherche à emprunter des dollars, il peut utiliser son or comme collatéral
pour garantir son prêt. Le GOFO est le taux d’intérêt utilisé dans le cadre
de ce prêt. Parce que l’or est un excellent collatéral (il est portable et
liquide), le GOFO était autrefois relativement peu élevé. Il était parfois
négatif en période de forte demande physique.
Le GOFO a été déterminé pour la première
fois en 1989 afin d’améliorer la transparence du marché de l’emprunt d’or.
Des décennies durant, le LBMA a publié chaque jour, à 11 heures du matin
(heure de Londres), le GOFO à un, deux, trois, six et douze mois, en tant que
repère international pour les swaps, prêts et contrats à terme sur l’or.
Malheureusement, le GOFO a été abandonné le 30 janvier 2015, après que
Deutsche Bank et Société Générale ont décidé de quitter le processus de
détermination du taux en octobre 2014. Cela ne signifie pas qu’il n’y a plus
de swaps d’or contre des dollars, simplement que le repère n’existe plus (les
GOFOs sont désormais déterminés à l’échelle individuelle, et ne sont plus
accessibles qu’aux clients des banques). Bien que le GOFO ne soit plus
publié, il reste nécessaire de le comprendre, parce qu’il nous permet
également de comprendre les prêts, les contrats à terme et les swaps d’or –
qui sont les pierres angulaires du marché de l’or de gros.
Le GOFO est très similaire au
taux à terme de l’or, de la même manière que le LIBOR ressemble au taux de
prêt d’or. Pour reprendre l’exemple d’une banque qui prêterait de l’or contre
des dollars – en vendant de l’or au comptant et achetant des contrats à terme
– nous avons un swap à terme qui stimule le prêt (un crédit en or garanti par
des dollars). Imaginons qu’une banque centrale possède de l’or, qu’elle
souhaite utiliser comme collatéral pendant un an en échange d’un prêt en
dollars. Elle accepte donc de signer un contrat de swap. Voici comment se
déroule la transaction : la banque centrale reçoit des dollars, qu’elle
investit (elle reçoit des taux d’intérêt en dollars) alors qu’elle emprunte
de l’or (elle verse un taux de prêt sur son or) qu’elle donne ensuite à son
créditeur. Ainsi, le GOFO représente la différence entre le taux d’intérêt
touché en dollars (le LIBOR) et les taux d’intérêt qui sont rapportés par l’or
– il n’est donc pas surprenant qu’un taux de swap représente la différence
entre les taux d’intérêt des deux actifs échangés.
Le GOFO est habituellement
positif, c’est-à-dire que les taux d’intérêt des prêts libellés en dollars
sont supérieurs au taux de prêt d’or. En d’autres termes, si nous prêtons de
l’or et empruntons des dollars, nous devons verser des intérêts, puisque l’or
ne sert que de collatéral contre l’emprunt de dollars à un taux plus faible
que dans le cadre d’un prêt non-sécurisé. Parce que le GOFO ressemble au taux
à terme de l’or, le prix de l’or à livraison future est habituellement
supérieur à son prix au comptant, c’est-à-dire qu’il y a un contango sur le
marché de l’or. En revanche, il arrive parfois que le GOFO devienne négatif,
ce qui implique une backwardation du prix à terme de l’or. Un GOFO négatif
signifie un désir d’emprunter de l’or supérieur au désir d’emprunter des
dollars, parce que les institutions acceptent de verser des intérêts sur l’emprunt
d’or contre des dollars (en d’autres termes, l’or est perçu comme ayant plus
de valeur que le dollar). Un GOFO négatif était autrefois un phénomène très
rare lié à une pénurie de métal disponible au prêt (un signal haussier). En
revanche, depuis l’adoption de taux d’intérêt négatifs, le GOFO est passé
dans le rouge bien plus souvent, et sur des périodes prolongées.
Comme nous pouvons le voir dans
le graphique ci-dessous, entre 1989 et les années 2010, le GOFO n’est passé
dans le rouge que quelques fois sur une courte période, parfois en parallèle
à une baisse du prix de l’or. Par exemple, au début 2001, le GOFO négatif a
coïncidé avec le creux du cycle baissier du marché de l’or. De la même
manière, le GOFO négatif (né de la ruée vers l’or en tant que couverture
financière) est apparu au creux de la correction du prix de l’or survenue en
2008. En revanche, dans l’environnement actuel de taux d’intérêt zéro, le GOFO
négatif n’est plus un indicateur haussier.
Graphique : prix de l’or
(ligne jaune, axe de droite, fixing de Londres de l’après-midi), GOFO à un
mois (ligne rouge, axe de gauche, en %), et à douze mois (ligne orange, axe
de gauche, en %) de juillet 1989 à janvier 2015.
En clair, le GOFO est le taux de
swap utilisé dans le cadre d’un échange d’or contre des dollars, ce qui en
fait l’un des taux d’intérêt les plus importants du marché de l’or. En
février 2015, le LBMA a cessé de publier le taux du GOFO, réduisant ainsi la
transparence du marché de l’or. En revanche, le GOFO continue de contribuer à
une meilleure compréhension du marché de l’or de gros. Très ressemblant au
taux à terme de l’or, le GOFO est lié à GLD et peut être utilisé pour déterminer
si le marché de l’or est en contango ou en backwardation. Par le passé, un
GOFO négatif a eu tendance à précéder des reprises du prix de l’or, mais les
taux d’intérêt zéro ont réduit son rôle en tant qu’indicateur haussier.