Les personnes rationnelles
dotées de connaissances minimes de l’histoire économique réalisent que le
dollar américain finira par devenir la victime de l’hyperinflation. La triste
réalité, c’est qu’à chaque fois que de la monnaie peut être créée en des
quantités illimitées par les banques centrales ou les gouvernements, il est
inévitable que cette monnaie fasse l’expérience d’un plongeon dramatique de
son pouvoir d’achat, jusqu’à parfois perdre l’intégralité de sa valeur. En
revanche, reconnaître cette réalité est plus utile que de savoir que l’étoile
que nous appelons Soleil finira un jour par mourir.
La question n’est jamais de
savoir si l’hyperinflation nous frappera un jour, mais quand. Jamais, au
cours de ces vingt dernières années, les Etats-Unis n’ont, de manière
réaliste, risqué de faire l’expérience d’une hyperinflation sous deux ans. Et
la même chose peut être dite de la déflation. Une période de déflation
soutenue (et non un simple épisode passager de déflation) finira par se
produire, mais jamais, au cours de ces vingt dernières années, les Etats-Unis
n’ont fait face à un risque de déflation imminent.
Lorsque je dis que les arguments
de l’hyperinflation et de la déflation se trompent tous les deux, ce que je
veux dire est qu’ils ne calculent pas correctement les chronologies
d’investissement adaptées. Ils voient juste, en revanche, pour ce qui
concerne le long terme.
Lorsque je me penche sur le
risque d’hyperinflation ou de déflation, je n’effectue des recherches qu’à
deux ans, partiellement parce que deux années sont suffisantes à la prise de
mesures de protection, et partiellement parce qu’il est futile de tenter de
déterminer ce qui se passera après ces deux années.
Comment puis-je savoir que nous
ne verrons ni hyperinflation ni déflation aux Etats-Unis au cours de ces deux
prochaines années ?
Je ne le sais pas. Ce que je
sais en revanche, c’est qu’aucune des deux ne surviendra sans crier gare.
Nous n’allons pas, par exemple, aller nous coucher un soir avec les
obligations gouvernementales et d’entreprises proches de records à la baisse,
pour nous réveiller le lendemain en pleine hyperinflation. Les banques
centrales ne seront pas entièrement dévouées à des politiques inflationnistes
un jour, au point que leurs théories et modèles ne soient jamais remis en
question et que l’échec de ces théories soit une raison de les élargir, pour
changer d’avis le lendemain et mettre en place des politiques
déflationnistes.
Certains sont si enclins à
avancer l’argument de la déflation imminente qu’ils ignorent toutes les
preuves du contraire. C’est la même chose pour ceux qui pensent que
l’hyperinflation représente une menace imminente pour l’économie américaine.
En revanche, une étude des preuves disponibles nous mène à la conclusion
qu’il ne fait aujourd’hui aucun sens de se positionner pour l’une ou l’autre
de ces extrêmes. Les preuves en sont entre autres les prix des actions, les
rendements des obligations d’entreprise, les écarts de crédit, la courbe des
rendements, les prix des matières premières et les indicateurs de l’inflation
future tels que celui publié par l’ECRI.
Les preuves pourraient changer,
mais ce qu’elles nous indiquent aujourd’hui est que les signes de l’inflation
des prix deviendront de plus en plus évidents au cours des douze mois à venir.
Nous ne ferons face pour le moment ni à une hyperinflation, ni à une
déflation.