Mille milliards de mille sabords ? Non 1 000 milliards d’euros, et c’est
nettement moins cocasse que les répliques de notre truculent capitaine
Haddock (un homme alcoolique et fumeur qui est loin des standards
politiquement corrects de notre époque d’ailleurs), pourtant le montant est
absolument aussi phénoménal que sans précédent dans l’histoire de notre banque
centrale européenne !
En effet, la BCE « vient de passer le jalon des 1 000 milliards
d’euros, dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif qui a été
lancé en mars 2015 pour relancer la croissance ».
C’est quoi un assouplissement quantitatif ?
En gros, il s’agit de créer de la monnaie à partir de rien et de
l’injecter dans le système économique via le rachat de titres de dettes.
Voici la définition parfaitement juste qu’en donne le journal
L’Express : « L’assouplissement quantitatif, ou “quantitative
easing” (QE), consiste à acheter à grande échelle des bons du Trésor détenus
par des banques, afin de donner une nouvelle source de liquidités à ces
dernières, pour leur faciliter l’octroi de crédits. En clair, comme la BCE
donne de l’argent aux banques en échange de ces titres, celles-ci disposent
de plus de fonds pour accorder des prêts aux entreprises et aux ménages, et
contribuer ainsi à la relance de la consommation et des investissements. De
cette manière, les banques centrales espèrent déclencher la reprise
économique. »
Est-ce que cela fonctionne ?
Comme le montre ce graphique, la réponse est, hélas,
factuelle et très facile à donner : non, cela ne fonctionne pas.
La ligne verte c’est le total du bilan de la BCE qui explose à la hausse
car la BCE dépense de l’argent qu’elle n’a pas en le créant pour racheter
tous les titres que nous évoquions plus haut.
La ligne bleue montre l’augmentation des commandes de l’industrie
européenne : on ne peut pas dire que ce soit fameux.
Quant à la dernière, la ligne rouge, c’est l’inflation qui reste désespérément
atone et montre bien que l’économie européenne est plongée dans une véritable
dépression économique.
Pourquoi ça ne marche pas ?
Vous lirez dans cet article de L’Express, si vous voulez, leur
explication à mon sens totalement vaseuse.
La réalité c’est que l’économie est dans une phase de « déflation
larvée » car les facteurs structurant nos économies sont par nature
déflationnistes.
Déflationniste la mondialisation puisque nous fermons nos usines ici pour
faire produire moins cher là-bas.
Déflationniste l’immigration puisque nous exploitons de la main-d’œuvre
peu chère en abondance, ce qui permet d’éviter les augmentations de salaires
liées aux tensions sur les disponibilités de main-d’œuvre.
Déflationniste encore le vieillissement de la population et l’arrivée à la
retraite de la génération des baby-boomers partout dans le monde.
Déflationniste toujours l’Europe et ses directives sur la
libre-circulation des travailleurs avec les travailleurs détachés par
exemple.
Déflationniste aussi les accumulations de dettes qu’il va bien falloir
finir par rembourser à moins que nous choisissions la faillite…
Déflationniste les progrès technologiques, informatiques ou robotiques qui
entraînent un moindre recours aux salariés…
Bref, la BCE comme la FED veulent lutter contre des facteurs
déflationnistes qu’elles cultivent elles-mêmes et qui sont la conséquence de
nos choix politiques et économiques.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je peux vous assurer
qu’aucune politique de la BCE ne pourra fonctionner car injecter de l’argent
c’est comme injecter de la morphine. Certes cela peut nous épargner quelques
douleurs, mais cela ne soignera pas le mal.
Le mal c’est la déflation et ce qu’il faut soigner, ce sont les causes de
la déflation. Peu de gens le comprennent, encore moins nombreux sont ceux
susceptibles d’apporter les bonnes solutions.
On peut donc prédire sans grand risque de se tromper que la crise a encore
de très beaux jours devant elle, pour notre plus grand malheur à tous.
Il est déjà trop tard. Préparez-vous !