- Le mois
prochain, 1,6 milliard de personnes disposeront certainement d’un
nouveau « standard d’investissement en or »
- Le marché financier
islamique devrait représenter 5 trillions de dollars avant 2020
- Les classes
d’actifs islamiques ont toutes été surpassées par l’or
- Le prix de
l’or a augmenté de 367% en termes de dollars, et de bien plus encore
dans les devises des pays musulmans
- Les produits
en or physique pourraient intéresser les banques islamiques en raison du
traité de Bâle III
- Le nouvel
étalon or de
la Sharia aura un impact important sur le prix de l’or
D’ici la fin de l’année 2016,
1,6 milliard de personnes disposeront d’un nouveau standard d’investissement
en or pour la première fois depuis le début de l’histoire moderne. Ces gens
sont les Musulmans du monde, qui représentent près de 25% des 6,9 millions
d’habitants de notre planète. Ce nouvel étalon or est l’étalon de la Sharia,
développé aujourd’hui dans le cadre d’une collaboration entre l’AAOIFI, le Conseil
mondial de l’or et Amanie Advisors.
Ce nouvel étalon or de la
Sharia « offrira des éclaircissements du point de vue de la loi
islamique quant à l’utilisation d’or dans le cadre de transactions
d’investissement et financières pour les institutions islamiques et les
participants au marché », a expliqué le Conseil mondial de l’or sur son
site internet, comme nous l’avons déjà mentionné en mai
dernier. Cet étalon or vise également à améliorer la transparence et
l’harmonisation de l’utilisation de l’or et des pratiques de marché. »
Le nouvel étalon or devrait
être internationalement reconnu en tant que plan d’épargne sur du métal
alloué et conservé dans des coffres isolés, sur des certificats sur l’or, sur
des ETF garantis par l’or ainsi que sur certains contrats à terme et actions
minières.
Les investissements en or sont
actuellement autorisés par la Sharia, si tant est que certaines conditions
puissent être remplies. Sur le marché de l’or actuel, il n’existe que très
peu de produits et de services, tels que ceux offerts par GoldCore, qui
respectent les lois islamiques. Nous nous pencherons sur ce que sont ces lois
un peu plus bas, mais sachez pour le moment que l’absence d’étalon signifie
aujourd’hui un manque de produits d’investissement capables de satisfaire les
exigences des investisseurs islamiques.
La finance islamique et
l’investissement en or
Beaucoup de non-musulmans
savent ce que signifie la Sharia. C’est un sujet qui a pu faire entendre
parler de lui ces dernières années, à mesure que les gens ont cherché à
comprendre ce qu’elle signifie, comment elle est pratiquée et comment elle
s’adapte au monde moderne.
Bien que la Sharia soit basée
sur le Coran et d’autres textes sacrés, elle a été adaptée au fil du temps,
avec l’aide d’intellectuels islamiques, afin de mieux correspondre au monde
moderne.
Beaucoup de non-musulmans
savent que la Sharia est un ensemble de lois qui gouvernent le mode de vie
des Musulmans. Très peu réalisent qu’elle détermine aussi comment les
Musulmans doivent gérer leurs finances.
La finance islamique,
l’industrie de services financiers qui opère dans le respect de la Sharia,
est aujourd’hui en pleine expansion. A l’heure actuelle, le marché financier
islamique représente une toute petite portion du marché financier global,
avec seulement 2 trillions de dollars. Mais il devrait bientôt croître. Selon
Standard & Poor, sa taille devrait atteindre 5 trillions de dollars avant
2020, comme l’ont également expliqué Truewealth Publishing, Business Insider
et MSN.
Les gestionnaires financiers
des marchés financiers islamiques sont aujourd’hui limités par la faible
disponibilité d’actifs conformes à la Sharia, tels que les actions, les
propriétés immobilières et les obligations islamiques (sukuk). Il n’existe
aujourd’hui virtuellement aucun produit en or conforme à la Charia.
« A mesure que les
services financiers islamiques gagnent de l’importance, il en va de même du
besoin de développer une meilleure compréhension de l’application des lois de
la Sharia à
l’utilisation de l’or, a expliqué Aram Shishmanian, directeur du Conseil
mondial de l’or. Bien que nous disposions d’indications quant aux pièces
d’or, il n’existe aucune règle concernant les autres produits en or offerts
par le secteur financier. »
Bien qu’il existe des produits
en or disponibles au travers du monde financier islamique, ce marché est
fragmenté et les investisseurs islamiques ne disposent d’aucune règle
particulière. « Nous manquons à l’échelle globale de produits en or
conformes aux lois islamiques, a expliqué Maya Marissa Malek, directrice
d’Amanie Advisors. Nous avons mené des recherches complètes sur les produits
en or conventionnels avec l’aide du Conseil mondial de l’or. En nous basant
sur ces recherches, nous avons tenté d’envisager un étalon conforme à la
Sharia qui puisse être suffisamment robuste pour couvrir les produits en or
existants et futurs. »
Les Musulmans et le
marché de l’or
Au cours de ces 18 derniers mois,
de nombreux commentateurs ont mentionné l’arrivée de changements sur le
marché de l’or. Pour beaucoup, l’adoption de directives compatibles à la
Sharia signifie une flambée imminente de la demande en or, et donc du prix de
l’or. Mais pouvons-nous vraiment nous attendre à une forte hausse de la
demande en or de la part d’un groupe qui partage simplement une
religion ?
Yusuf DeLorenzo, un membre de
l’AAOIFI, pense que « l’or a historiquement été l’investissement de
choix des Musulmans désireux de préserver leur capital et sa valeur. L’or a
toujours été un choix d’investissement fascinant et charmant pour les Hommes,
quelle que soit leur société ou leur culture. Du point de vue du système de
jurisprudence islamique (appelé fiqh), l’or a une signification particulière,
dérivée de principes spécifiques mentionnés par la Sharia.
Les Musulmans, selon le Dr
Mohammad Daud Bakar, directeur d’Amanie
Advisors, ont un grand désir d’investir sur l’or :
« L’or a un statut unique
au sein de l’Islam, mais les standards existants sont fragmentés, ce qui
limite le développement de nouveaux produits et la demande du marché.
L’étalon or de la Sharia apportera des directives pour guider les individus
et les institutions. »
Pour l’AAOIFI, l’opportunité
d’établir des directives conformes à la Sharia apporte aux investisseurs
islamiques l’opportunité de diversifier davantage leur capital. « Les
investissements conformes à la Sharia sur le marché de l’or pourront offrir
aux institutions financières islamiques et à leurs clients l’opportunité de
diversifier leurs investissements. »
En revanche, l’AAOIFI nous rappelle que le Coran et
d’autres textes sacrés demandent aux croyants d’investir sur les métaux
précieux avec la plus grande précaution.
« Les sources originales
de la Sharia, c’est-à-dire le Coran et la Sunna, contiennent un grand nombre
de mises en garde éthiques et morales concernant l’utilisation de l’or. Elles
incluent quelques interdictions, ainsi que des principes généraux contre
l’accumulation d’or et d’argent. »
L’or et la Sharia
Quand les gens parlent de la
Sharia ou de l’or islamique, ils font référence à l’or ou aux produits
d’investissement en or conformes à la Sharia. En revanche, pour l’Islam, l’or
est un cas particulier. « L’or est tout à fait conforme à la Sharia en
termes de marchandise. Mais il y a certaines conditions qui s’appliquent à
l’or et non aux autres marchandises, » explique le Dr Mohamad Akram
Laldin, directeur de l’International Shariah Research Academy for Islamic
Finance.
Dans les textes islamiques,
l’or est un bien Ribawi, et les investisseurs doivent s’assurer à ce
que leur investissement remplisse certaines conditions. Pour la Sharia, un
bien Ribawi doit être vendu dépendamment de son poids et de sa mesure.
Il en existe six : l’or, l’argent, les dates, le blé, le sel et l’orge.
Un tel bien ne peut pas être
négocié pour sa valeur future ou dans le cadre d’une spéculation.
Dans la plupart des cas, les
contrats à terme sur l’or sont haram, ou interdits par la loi
islamique. Ils représentent une forme de spéculation et ne sont pas garantis
par de l’or physique, leur prix peut être volatile, et il est possible de
verser ou de recevoir des intérêts au travers d’un compte de négoce.
Cela signifie que
l’investissement sur l’or a jusqu’à présent été limité à son usage en tant
que devise ou bijou, parce que toucher des intérêts est interdit aux
Musulmans. La nécessité de transfert immédiat signifie que la spéculation sur
les valeurs futures est interdite, ce qui rend problématique le secteur des
contrats à terme et autres produits papiers.
Le Dr Mohamad Akram Laldin a
expliqué à IFN
que « pour les autres marchandises, la contre-valeur peut être différée.
Mais pour ce qui concerne l’or, les deux contre-valeurs doivent être au
comptant. C’est l’un des plus gros problèmes posés par le négoce de l’or.
Dans le cadre des transactions modernes, nous avons des plateformes
sophistiquées qui offrent différents moyens d’effectuer des transactions,
mais tant que les conditions requises sont remplies, il nous est possible de
participer ».
Vous pensez peut-être que
l’investissement sur l’or est quasiment impossible dans le monde islamique
d’aujourd’hui. Mais ce n’est pas le cas, bien que certains points portent
encore à confusion. Selon Yusuf DeLorenzo :
« Les hésitations quant à
l’investissement sur l’or sont quasiment universelles au travers du monde
islamiques en l’absence de standards conformes à la Sharia. »
« Il pourrait y avoir
d’autres problèmes, notamment en matière de livraison, a spécifié le Dr
Mohamad Akram. Si j’achète de l’or à un vendeur sur une plateforme
quelconque, suis-je autorisé à demander la livraison de ce métal ? Tant
que les conditions requises sont satisfaites, il n’y a aucun problème. En
tant qu’actif, l’or est conforme à la Sharia et peut être utilisé. »
Grâce aux plateformes telles
que GoldCore qui offrent de l’or physique alloué
et sécurisé, les Musulmans sont en mesure d’investir sur les barres et
pièces d’or. En revanche, il n’existe aucun consensus concernant le négoce de
l’or en tant que marchandise, les ETF ou encore les contrats à terme qui
autorisent les demandes de livraison.
Pourquoi avons-nous
besoin d’un nouvel étalon or ?
Les données publiées par le
Conseil mondial de l’or montrent qu’au cours de ces huit dernières années
(depuis le début de la publication de ces données), les classes d’actifs
islamiques majeures (dont les REIT, l’indice Takaful, l’indice du Dow Jones
pour les actions islamiques et le Dow Jones Sukuk) ont toutes enregistré des
performances inférieures à celles de l’or, de la même manière que les devises
du monde islamique. Depuis 2000, le prix de l’or a gagné 367% en termes de
dollars (les devises du Conseil de coopération du Golfe sont rattachées au
dollar), de 393% en ringgits malais, et de 762% en roupies indonésiennes.
Bien que les Musulmans soient
en mesure d’investir sur l’or, il est clair qu’il existe un manque de
compréhension et de consensus en termes d’application de la Sharia aux
multitudes de produits en or disponibles aujourd’hui. C’est pourquoi le
Conseil mondial de l’or et ses partenaires pensent qu’un étalon or serait
bénéfique à la fois aux Musulmans et au marché de l’or.
Le Conseil mondial de l’or a
expliqué, dans sa lettre du mois d’octobre, que ce nouvel étalon or a le
potentiel d’apporter « tous les bénéfices stratégiques d’un
investissement sur l’or aux investisseurs islamiques ». Le choix
d’actifs disponibles aux Musulmans est aujourd’hui considéré comme étant très
limité par le Conseil mondial de l’or, qui s’attend pour cette raison à ce
que le nouvel étalon or ait des bénéfices « très prononcés ».
Le nouvel étalon or de la
Sharia ouvrira les portes à de nouveaux produits en or et à ceux qui
s’intéressent à des actifs d’investissements conformes à la Sharia. Quand ce
nouvel étalon sera annoncé le 6 décembre, il sera intéressant de voir quels
nouveaux produits seront développés pour répondre à la demande des
consommateurs, ainsi que le niveau de diversification des produits
d’investissement, de couverture et de diversification conformes à la Sharia.
Natalie Dempster aurait dit,
selon Reuters, que les nouvelles lignes directrices concernant les produits
en or pourraient intéresser les banques islamiques qui se trouvent obligées,
dans le cadre du traité de Bâle III, d’augmenter leurs réserves d’actifs
liquides de qualité :
« L’or, de par sa nature,
pourrait compter parmi les actifs liquides de qualité disponibles aux
banques. Depuis la crise financière, les banques ont dû accumuler des actifs
de qualité pour se protéger d’éventuelles crises systémiques. Le traité de
Bâle III a offert aux superviseurs des juridictions islamiques le droit de
définir eux-mêmes ces actifs de qualité. Et je suis d’avis que l’or devrait
en faire partie. Il s’agit d’un marché extrêmement liquide. »
Un nouvel étalon or
Le nouvel étalon or de la
Sharia devrait être annoncé le 6 décembre à l’occasion de la Conférence
bancaire du monde islamique. Il apportera un ensemble de règles concernant
l’usage de l’or en tant qu’investissement financier et dans le cadre de
transactions financières pour les institutions et investisseurs islamiques.
Beaucoup s’attendent à ce que
ces lignes directrices demandent une garantie des investissements par de l’or
physique. Bien que quelques ébauches de ce nouvel étalon aient été rédigées,
personne ne sait ce qui sera révélé début décembre.
Les contrats à terme
pourraient demeurer exclus. Une ébauche du Conseil mondial de l’or mentionne
que bien que le métal puisse être échangé au comptant en tant que devise, en
tant que marchandise, il pourrait éventuellement faire l’objet d’une vente
future ou d’un contrat à livraison différée.
L’étalon or approuvera
certainement les ETF sur l’or, les produits dérivés de l’or, les comptes
d’investissement et les obligations islamiques.
Il ne devrait pas inclure de
ligne directrice concernant la provenance de l’or, ce qui est assez peu
surprenant dans le sens où le Coran ne mentionne rien sur le sujet. En
revanche, les investisseurs islamiques devront se montrer éthiques – une
qualité qui se trouve difficilement sur le marché de l’or d’aujourd’hui.
« Le nouvel étalon or harmonisera les règles établies par les différents
marchés pour offrir un accès élargi aux investissements en or, » a
expliqué Natalie Dempster, directrice des politiques publiques au Conseil
mondial de l’or.
L’étalon or de la Sharia
devrait parvenir à ce qui suit :
- Une hausse
de la quantité d’instruments liquides conformes à la Sharia
- Une
amélioration de la diversité des instruments conformes à la Sharia, dont
l’or et les autres investissements qui lui sont liés
- Une facilitation
des choix des consommateurs au travers de l’expansion des solutions
financières adaptées à la Sharia
- Un rôle
accru pour l’industrie financière islamique dans la découverte globale
du prix de l’or
Les nouvelles
dynamiques de la découverte du prix de l’or
Ce dernier point, l’obtention
d’un « rôle accru pour l’industrie financière islamique dans la
découverte globale du prix de l’or », est aujourd’hui dans les esprits
des participants au marché de l’or.
On estime à 1,6 milliard le
nombre de Musulmans tout autour du monde. Compte tenu de la manière dont le
marché de l’or répond à la demande de la Chine et de l’Inde, ce développement
aura certainement un impact significatif sur les dynamiques du marché de
l’or.
Le rôle de la découverte de
prix a été, jusqu’il y a peu de temps, partagé entre le marché de l’or de
Londres, le LBMA et le Comex. Mais les récentes politiques établies par la
Chine concernant les aspects du marché de l’or ont forcé quelques
ajustements. Un peu plus tôt cette année, le prix de l’or de Shanghai a été
lancé par le SGE, dans une tentative de la Chine de « gagner en
importance en matière de découverte du prix de l’or ».
Suite à l’annonce du prix de
l’or de Shanghai, Marwan Shakarchi, directeur du groupe de raffineries suisse
MKS (qui est membre du SGE) a expliqué que « la Chine est un marché
d’1,2 milliard de personnes, qui ne peut simplement pas être ignoré ».
Cette décision a été perçue comme une première étape vers
l’internationalisation du marché de l’or chinois.
Le monde islamique est
évidemment très différent des marchés de l’or de l’Inde et de la Chine –
différentes zones géographiques, différents marchés, différentes
nationalités, régulations et coutumes. En revanche, une majorité des
Musulmans vivent dans des pays où l’or est encore perçu comme une monnaie et
une valeur de réserve. Dans les pays tels que le Pakistan dont le statut
géopolitique est délicat, ou encore la Malaisie et l’Indonésie dont les
devises fluctuent énormément, nous pouvons nous attendre à enregistrer une
hausse de la demande en produits en or conformes à la Sharia. Et donc à une
transformation des dynamiques du marché de l’or.
Gardez l’œil sur le Bahreïn,
le Qatar, l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, la Malaisie, les Emirats Arabes
Unis, la Turquie, le Koweït, Oman et le Pakistan, dont les institutions
financières représentent aujourd’hui 93% des actifs financiers islamiques.
Pièces d’or de
l’empire Kushan, qui englobait l’Afghanistan, le nord de l’Inde et l’ouest de
la Chine. British Museum, Wikimédia
Bien que l’un des organismes
impliqués dans l’adoption de ce nouvel étalon, l’AAOIFI, soit basé dans le
Bahreïn, ces changements devraient accorder une influence accrue à Dubaï.
Les Emirats jouent un rôle
important sur les marchés physique et papier de l’or. Plus de 75 milliards de
dollars d’or, soit environ 40% du marché physique du monde, sont passés par
Dubaï en 2013, selon le Dubai Multi Commodities Centre (DMCC). Dubaï a une
opinion très claire de ce qui lui est possible d’accomplir sur le marché de
l’or.
« En 2003, Dubaï a
négocié 6 milliards de dollars d’or. En 2012, ce chiffre est passé à 70
milliards de dollars. Même en prenant en considération la hausse phénoménale
du prix de l’or sur la période, le tonnage négocié à Dubaï a doublé » -
Dubai Multi Commodities Centre (DMCC).
Le Dubai Gold and Commodities
Exchange (qui appartient majoritairement au DDMC) dispose déjà d’une
plateforme de négoce de contrats à terme, et a annoncé ce mois-ci qu’il
deviendrait bientôt le premier marché étranger à proposer des contrats à
terme de Shanghai. Il est évident qu’il cherche à entrer en compétition avec
Singapour en tant que passerelle entre l’Orient et l’Occident, et cherche à
jouer un rôle accru dans un monde financier et sur un marché de l’or physique
de plus en plus globalisés.
Le lancement d’un étalon or
islamique représente aussi une opportunité pour les Occidentaux déterminés à
maintenir une forme de contrôle sur la découverte des prix. A Londres, le
London Metal Exchange (LME) pourra devenir le centre de compensation pour le
négoce de produits conformes à la Sharia. Compte tenu de la récente mise à
jour de son rôle sur le marché de l’or, il n’est pas surprenant qu’il cherche
à offrir un contrat à terme livrable. C’est ce qu’ont fait les Chinois sur le
SGE avec leurs barres d’or d’un kilo. Le LME possède déjà certainement les
relations nécessaires à l’exploitation d’un nouvel étalon or de la Sharia.
Le marché de l’or
physique est-il suffisamment large ?
Il est important de retenir
l’idée que le nouvel étalon or accentuera le besoin en métal physique. Bien
que les marchés tels que le Comex soient encore capables de s’élargir jusqu’à
atteindre des multiples de leurs réserves physiques sans avoir de lourd
impact sur la demande, ce ne bientôt sera plus le cas. Notamment lorsque la
Chine décidera d’adopter des règles similaires.
Le Conseil mondial de l’or a
déjà expliqué que nous pouvions nous attendre à voir la demande augmenter de
plusieurs centaines de tonnes une fois que l’étalon or sera approuvé. Si 2%
des actifs aujourd’hui gérés par les institutions financières islamiques
étaient investis sur des produits en or conformes à la Sharia, la demande en
or gonflerait de plus de 1.000 tonnes.
Un tel gonflement de la demande
aurait un lourd impact sur l’offre comme sur la demande. Sans l’existence
d’un étalon or islamique officiel, la demande globale en or s’est élevée à un
peu moins de 1.000 tonnes au troisième trimestre, alors que l’offre globale
s’élevait à un peu plus de 1.000 tonnes, ce qui nous a donné un surplus de
172 tonnes. Si les finances islamiques généraient une demande additionnelle
significative sur le marché de l’or, le problème de l’offre et de la demande
mènerait rapidement à une hausse de prix.
Il est toujours important de
se rappeler que le marché de l’or physique est un marché restreint. L’or
physique est un actif fini et extrêmement rare. Tout l’or jamais produit de
par le monde pourrait aujourd’hui tenir dans une maison de quatre pièces. Il
pourrait former un cube de 22 mètres cube, et tiendrait sur le court central
de Wimbledon – voyez cette vidéo de GoldNomics.
Conclusion
Bien que nous n’ayons aucun
détail quant à ce qui sera annoncé le 6 décembre, nous en connaissons les
aspects les plus importants. GoldCore réfléchit en effet depuis un certain
nombre d’années à une solution conforme à la Sharia pour le marché
institutionnel, et travaille aujourd’hui à ces fins avec une multitude de
partenaires.
Ces changements affecteront le
prix de l’or à l’échelle de la planète. 1,6 milliard de personnes seront pour
la première fois autorisées à utiliser des produits en or et des plateformes
autorisant la livraison de métal ou permettant une propriété d’or physique alloué et sécurisé.
La Route de la Soie
– Wikimédia
Comme nous l’avons rapporté le
mois dernier, l’impact des festivals religieux sur le marché de l’or est
évident tout autour du globe. Nous pouvons nous attendre à apercevoir des changements
et dynamiques similaires après l’adoption de l’étalon or de la Sharia. En
revanche, il s’agit là d’un marché financier qui sera ancré au marché
physique de l’or. Contrairement aux festivals religieux, nous assisterons à
une multiplication des produits financiers bien structurés et régulés,
destinés à offrir un investissement sur l’or à des investisseurs sophistiqués
dont des individus à valeur nette élevée ou très élevée.
Cela n’aura pas uniquement un
impact sur le marché de l’or physique, mais aussi sur les rôles actuels en
termes de découverte du prix de l’or, et la manière dont 1,6 milliard de
personnes décident d’investir.
Et le moment n’aurait pas pu
être mieux choisi. L’Occident fait face à de lourdes pressions économiques et
politiques à mesure que les pays de la Route de la Soie du Proche-Orient à
l’Extrême Orient, dont la Russie et la Chine, continuent de gagner en
puissance. C’est donc sans surprise que ces pays cherchent à gagner leur
indépendance face au monopole et à la dominance de l’Occident et de ses
marchés financiers. Et il est encore moins surprenant qu’ils cherchent à le
faire au travers de l’or.