Ce n’était juste qu’une farce.
N’importe qui dans ce pays qui
soit encore sain d’esprit sait désormais que les huit années de présidence de
Barack Obama ont été marquées par une continuité remarquable – des conditions
responsables du désespoir de nombreux Américains. Maintenant que son mandat
est derrière nous, que retenir du 44e président sortant des
Etats-Unis ?
Il a su présider avec une
bienséance imperturbable, ce qui me pousse à me demander s’il ne faisait pas
que jouer un rôle. Dès le départ, il s’est offert en otage aux marionnettistes
les plus sinistres du Deep State : Robert Rubin, Larry Summers et Tim
Geithner sur le plan monétaire, et le parti néoconservateur de la guerre qui
infeste DC pour ce qui est des affaires étrangères. Je suis convaincu que les
chefs de ces gangs ont cuisiné Obama dès son élection en 2008 et lui ont dit
de s’adapter au programme, sinon…
De quel programme s’agit-il ?
Sur le plan monétaire, il consiste à maintenir les banques et leur guirlande
de dépendants de la finance de l’ombre, de l’immobilier et des assurances à
flot, quel qu’en soit le prix. En d’autre terme, il s’agit de la continuité de
la politique de refinancement de Bush 2.0, consistant notamment en un
stimulus d’un trillion de dollar, le sauvetage des fabricants automobiles du
pays, et le transfert subreptice de plusieurs millions de dollars depuis la
Réserve fédérale vers les banques européennes ayant des obligations de
contrepartie envers des banques américaines.
En avril 2009, les nouveaux
membres de la SEC nommés par Obama, sous l’influence des lobbyistes
bancaires, ont forcé le Comité des normes comptables et financières à
suspendre leur très cruciale Règle 157, qui demandait aux sociétés publiques
de déclarer leurs actifs en fonction des procédures standard d’évaluation à
valeur de marché. Après quoi des sociétés comme les Too-Big-To-Fail ont pu se
contenter de déclarer n’importe quoi. Ce qui a ouvert la porte aux fraudes
comptables qui ont permis au secteur financier de se prétendre en bonne santé
au cours des huit années qui ont suivi. L’effet net de leur charlatanerie
criminelle a été un élargissement du secteur financier, qui est aussi devenu
plus fragile, et plus susceptible encore de s’effondrer.
Une autre caractéristique de la
vie monétaire sous la présidence d’Obama a été que personne n’a payé de sa
personne pour inconduite financière. Un fait qui a établi la philosophie de
base de la finance à l’ère d’Obama : tout peut arriver, et rien n’a d’importance.
Les régulateurs ont choisi de ne rien voir, jusqu’à ce qu’ils se trouvent
obligés d’agir face à des comportements scandaleux, après quoi ils ont simplement
passé des accords qui ont permis aux directeurs des banques de sauver leur
peau et à leurs sociétés de verser des amendes qui ne s’élevaient qu’au
simple coût de la conduite de leurs affaires. C’est ce qui s’est passé,
maintes et maintes fois. Et la tête d’affiche de cette « politique »
- ou devrais-je dire de ce racket – a été Jon Corzine, directeur de la
société de courtage MF Global, qui a pillé les comptes « distincts »
de ses clients à hauteur d’un milliard de dollars à l’automne de 2014.
Corzine n’a jamais été traduit en justice, et demeure en fuite à ce jour.
Un autre signe de son échec en
matière monétaire a été la réponse apportée par Obama à la décision de la
Cour suprême quant à l’affaire Citizen United, selon laquelle l’ « identité
individuelle » légale des corporations leur donne le droit de « prononcer
librement leurs opinions » en versant autant d’argent qu’elles le
souhaitent à des candidats aux élections présidentielles. Les grosses
entreprises n’avaient alors plus à se contenter de louer des membres du
Congrès et des Sénateurs, elles étaient en mesure de les acheter directement
avec des liasses de billets.
La Cour suprême a rendu ce
jugement, mais Obama aurait pu s’y opposer. L’ancien professeur de droit
devenu politicien aurait pu formuler une réponse sous la forme d’une
proposition de loi au travers du Congrès, alors contrôlé par son parti
démocrate, ou même par voie d’amendement constitutionnel, qui aurait redéfini
l’identité individuelle des corporations. Il devrait être évident que les
corporations, contrairement aux citoyens de chair et d’os, n’ont ni devoirs,
ni obligations, ni responsabilités envers l’intérêt public, et ne sont
chargées que de répondre à leurs actionnaires et à leur directoire. Comment
cela leur confère-t-il le droit de prononcer leurs opinions qui leur a été
accordé par la cour ? Et pourquoi Obama et ses alliés du législatif
ont-ils passé l’éponge sur cet affront à la Constitution ? Comment se
fait-il que personne, dans la presse ou les instituts universitaires, ne se
soit penché sur l’affaire ? Grâce à tous ces gens, nous avons autorisé le
moyen principal à l’établissement d’un Deep State fasciste : le mariage
officiel de l’argent des corporations et de la politique. Tout peut arriver,
et rien n’a d’importance.
En matière d’affaires
étrangères, il est nécessaire de mentionner la campagne aberrante d’Obama
contre la Fédération russe. Après la chute de l’Union soviétique, les
Etats-Unis ont promis de ne pas élargir l’OTAN si la Russie leur remettait les
armements nucléaires qui menaçaient de tomber entre des mains questionnables
lors du désordre qui a suivi l’effondrement. La Russie a accepté. Et qu’ont
fait les Etats-Unis ? Ils ont élargi l’OTAN pour y inclure une majorité
des anciens pays de l’Europe de l’est (à l’exception des restes de la
Yougoslavie). Puis, sous la présidence d’Obama, l’OTAN a commencé à s’adonner
à des jeux de guerre sur la frontière russe. Pour quelle raison ? La
notion imaginaire selon laquelle la Russie souhaiterait « reconquérir »
ces nations – comme si elle avait besoin d’adopter une série de dépendants
qui, seulement très peu de temps auparavant, avaient causé la banqueroute de
l’Etat soviétique. Toute analyse raisonnable qualifierait ces jeux de guerre
d’agression de la part de l’Occident.
Il y a ensuite eu le coup commandité
par le Département d’Etat américain contre le gouvernement élu d’Ukraine, qui
a supplanté le président Viktor Ianoukovitch. Pourquoi ? Parce que son
gouvernement voulait se joindre à l’Union douanière eurasienne de la Russie
plutôt que s’allier à l’Union européenne. Les Etats-Unis ne l’ont pas
apprécié, et ont décidé de s’y opposer en renversant le gouvernement
ukrainien. Dans le cadre des violences qui ont suivi, la Russie a repris la
Crimée – qui avait été offerte à l’ancienne république socialiste soviétique
d’Ukraine (une province de la Russie soviétique) lors d’une nuit très arrosée
par le dirigeant soviétique d’origine ukrainienne, Nikita Khrouchtchev. A
quoi les Etats-Unis s’attendaient-ils ? La péninsule de Crimée a
appartenu à la Russie pendant plus d’années que les Etats-Unis ont été un
pays. C’est là que se trouve sa seule base navale en eaux profonde. Un
référendum a été organisé, et les habitants de la Crimée ont voté en grande
majorité en faveur d’un rattachement à la Russie. Alors le président Obama a
décidé de punir la Russie de sanctions économiques.
Et puis il y a eu la Syrie,
champ d’affrontements entre les différentes branches de l’Islam, leurs
sponsors (Iran et Arabie Saoudite) et leurs intermédiaires (le Hezbollah et
autres armés djihadistes salafistes). La « solution » américaine a
été de sponsoriser la chute du gouvernement syrien légitime de Bashar
al-Assad. Les Etats-Unis ont continué de fonder leurs relations
internationales sur la création d’Etats faillis – après leur expérience en
Irak, en Somalie, en Lybie et en Ukraine. Le président Obama a complètement
raté sa tentative d’intervention initiale, et a décidé d’envoyer armes et
financements aux groupes djihadistes salafistes opposés à Assad, dans l’idée
qu’ils n’étaient seulement que des « modérés ». La Russie a
quant-à-elle décidé de soutenir le président Assad, étant elle-même persuadée
que le Proche-Orient n’avait pas besoin d’un autre Etat en déliquescence.
Pour ça, les Etats-Unis l’ont fustigée.
L’attitude ridicule des
Etats-Unis envers la Russie a permis le développement des relations les plus
dangereuses entre les deux Etats depuis l’apogée de la guerre froide, et a
culminé avec la campagne tout aussi ridicule de cet automne, qui a cherché à
blâmer la Russie pour la défaite d’Hillary Clinton.
Je n’ai voté ni pour Hillary ni
pour Donald Trump (j’ai voté David Stockman). Je ne suis pas heureux de voir
Donald Trump devenir président. Mais j’en ai aussi assez de M. Obama. Il a
fait preuve d’une bonne contenance. Il semble sympathique et intelligent.
Mais finalement, il n’est rien de plus qu’un laquais des sombres forces de l’opération
de racket bureaucratique du Deep State aux Etats-Unis. Washington est véritablement
un marais qui doit être drainé. Barack Obama ne comptait pas parmi son
infestation d’alligators. Il était une sorte d’oiseau à l’élégant plumage qui
chantait tous les matins au lever du soleil pour les reptiles qui s’agitaient
dans la boue. Et le voilà qui s’envole.
* * *