Nous vivons sous la dictature conjointe de faux-culs, trouillards, néanmoins arrivistes et donc particulièrement venimeux, dont l’inconscient chargé d’anciens gauchistes nullement repentis mais jouissivement réconciliés avec la société bourgeoise, consumériste et hédoniste, déverse un flot de projections, de ressentiments et de dénonciations qui nous font regretter l’heureuse époque des polémiques viriles où tous les coups étaient permis mais avec égalité de traitement. Elus à la légitimité refoulée, journalistes dont le conformisme confine au terrorisme intellectuel, et magistrats qui confondent la justice avec la mode, et pour qui affaire rime avec carrière, composent un brelan de renégats qui trahissent la démocratie dont ils devraient être les piliers et ont installé, en douce, le despotisme du politiquement correct, la tyrannie de la pensée unique, rétabli la censure en catimini et restauré la proscription des mal pensants. La chasse au dérapage, au mot de travers, le gril pour les sulfureux, le bannissement pour les hérétiques sont le pain quotidien de ceux dont la pensée est simple au point de répartir personnes, discours et comportements en deux catégories, le bien et le mal, avec un intérêt soutenu pour le second que l’on déniche jusque dans les arrière-pensées de propos qui n’ont pas été tenus, mais presque, que l’on débusque de proche en proche par amalgame chez celui qui a rencontré celui qui avait lu le récit de celui qui avait dit avoir vu le diable, que l’on dévoile en révélant le choix politique honteux qu’aurait, à l’évidence, effectué tel sale individu, s’il était né un siècle plus tôt.
C’était pourtant bien parti : le Premier Amendement de la Constitution des Etats-Unis proclamait, dès 1791, que le Congrès ne fera aucune loi… restreignant la liberté d’expression. L’article 11 de la Déclaration Française affirmait que « tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement »…mais il ajoutait « sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». Cette prudence était admissible pour éviter les diffamations et les injures, c’est-à-dire pour assurer la protection des personnes. Les additions constantes à la loi sur la mal-nommée liberté de la presse de 1881 ont rétabli l’inquisition et conduit à cette aberration qu’un homme politique qui trempe ses mains dans le pot de confitures ou donne libre cours à ses fantasmes à Marrakech ou ailleurs, court moins de risques que celui qui énonce une vérité historique politiquement incorrecte. J’en sais quelque chose. Ainsi donc, Marine Le Pen a vu lever son immunité parlementaire de députée européenne par ses pairs et devra répondre à la mise en cause par le Parquet de Lyon, à la demande du Mrap, pour avoir comparé l’occupation des rues par les prières musulmanes à l’Occupation tout court. Il paraît que c’est un appel à la haine raciale… Bon, c’était une comparaison quelque peu outrancière, une hyperbole qui pouvait générer deux réactions : soit l’idée que ces excès de langage ne sont pas sérieux et décrédibilisent leur auteur, soit le sentiment suscité de manière caricaturale que des pratiques étrangères à la culture française deviennent envahissantes et conquérantes au point de porter atteinte aux droits d’aller et de venir, de jouir de sa propriété librement, retirés de fait aux riverains d’une rue dans laquelle une activité religieuse privée a décidé de s’adonner à ses rites. Dans les deux cas, cette déclaration suscitait le débat et y participait. L’interdire sous prétexte qu’elle peut froisser une « communauté », c’est admettre l’existence dans la Nation de groupes distincts que notre Constitution ne peut reconnaître, c’est limiter la liberté d’expression et c’est enfin dénier au Peuple le droit d’être le seul juge légitime des erreurs de langage de ses élus. La dénonciation publique de leurs propos, la chasse aux sorcières médiatique faussent pourtant déjà le jugement du peuple. Là aussi, j’en sais quelque chose.
La levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen par la Parlement Européen est scandaleuse : c’est une trahison radicale de la Démocratie.
Les peuples européens, lorsqu’ils seront lassés du spectacle inutile de leurs « aristos », risquent aussi de faire dissidence. On appellera çà le Printemps Européen.
Christian VannesteCommenté il y a 4126 jours |