Le gros point noir, c’est la France. "Tous les pays concurrents de la France ont fait des efforts pour être plus compétitifs, rappelle Eric Chaney.
Des doutes avaient encore émergé en début d’année, surtout à l’égard des Etats-Unis et de la Chine, dont la croissance donnait quelques signes d’essoufflement. Depuis l’été, les faits plaidant en faveur du retour de la croissance se multiplient. C’est plutôt une bonne chose. Mais il ne faut pas crier victoire trop vite.
Le plus gros risque, à court terme, ce sont les Etats-Unis, estime Eric Chaney, chef économiste du groupe Axa. En cause : la question de la dette qui reste pendante. Certes, les Républicains semblent avoir compris la leçon et devraient se montrer bien plus conciliants lorsque les négociations reprendront en 2014. "Mais on ne sait jamais", remarque-t-il. Et là, cela pourrait faire mal. Axa a calculé qu’un défaut de paiement des Etats-Unis entraînerait une chute des marchés de l’ordre de 10 à 20 %. Si les Etats-Unis passent à nouveau l’obstacle, les marchés n’en seront pas pour autant à l’abri d’une correction, de moindre importance : à un moment ou à un autre, une mauvaise nouvelle devrait déclencher des prises de bénéfices.
La question qui taraude ces mêmes marchés depuis plusieurs mois, c’est de savoir quand la Fed (la Réserve fédérale américaine) va commencer à fermer le robinet de sa politique monétaire accommodante. Eric Chanay donne encore un peu de temps au temps. Décembre lui semble un peu juste, notamment parce que le "shutdown" a perturbé la livraison des statistiques dont la Fed a un besoin crucial pour trancher. Le chef économiste d’Axa table plutôt pour le mois de mars. Quoi qu’il en soit, cela voudra surtout dire que l’économie américaine est suffisamment robuste pour vivre sans bonbonne d’oxygène.
Et l’Europe ? Là aussi, les choses vont mieux. "La crise n’est pas finie", tempère toutefois le chef économiste d’Axa. Elle pourrait repointer le bout du nez. C’est encore et toujours le système bancaire qui pourrait poser problème. Une centaine de banques européennes pesant 85 % de l’ensemble du secteur va être auscultée par la Banque centrale européenne (BCE) et ensuite soumise à des stress tests : "Nous aurons des surprises, notamment en Espagne et en Italie." La liste pourrait même inclure des invités surprises, au-delà des "suspects habituels". Quelques banques allemandes pourraient aussi être pointées du doigt. Le tout sera de voir quelle sera la volonté politique d’aller de l’avant.
Reste que l’Europe va mieux. Prenez l’Espagne. "L’économie est beaucoup plus compétitive qu’avant la crise." La croissance, encore modeste, n’en est pas moins de retour. "L’Espagne pourrait nous réserver de bonnes surprises." L’Italie, c’est bien aussi. Il y a eu des réformes, mais pas suffisamment. Le problème de l’Italie, c’est que les banques n’accordent pas de crédits aux PME. Et le gros point noir, c’est la France. "Tous les pays concurrents de la France ont fait des efforts pour être plus compétitifs", rappelle Eric Chaney. La France s’est contentée de réformettes, ce qui risque de lui valoir des lendemains qui déchantent lorsque ces pays concurrents repartiront toutes voiles dehors, grâce notamment à une politique de crédits enfin efficace. La France se retrouvera alors au pied du mur.
L’euro fort, par contre, n’est pas une bonne nouvelle, car il pénalise la compétitivité des entreprises européennes. Le chef économiste d’Axa table toutefois sur un rééquilibrage, avec un euro à 1,30 face au dollar fin. Pourquoi ? "Les taux longs américains vont croître plus vite que les taux longs allemands." Cela va renforcer le billet vert.
A l’égard de la Chine, il faut sans doute être patients. Le taux de croissance a tendance à glisser vers un taux de 7 %, bien moins élevé qu’auparavant. Cela s’explique. La Chine a fortement soutenu la demande intérieure pour soutenir son économie afin de compenser la chute d’un tiers du commerce mondial dans la foulée de la crise de 2008. La baisse de la croissance chinoise est donc plutôt mécanique que structurelle. La consommation intérieure doit prendre le relais dans une économie largement tournée vers l’exportation. Il y a des signes encourageants : les ventes de voitures neuves sont en hausse de 13 %, bien plus que le taux de croissance. Reste que cette "transition est difficile". Patrick Dath-Delcambe Publié le 02 novembre 2013 Commenté il y a 4028 jours |