@Merisier Comme toujours avec vous, c'est très bien écrit, très bien imagé, avec un sens aigu de la formule et de l'efficacité rhétorique. Bravo. Rien à redire.
Vous m'avez séduit (non, je ne suis pas homo) et, à l'instar de Lolo-Isis-Violette-Aristochat, je vais m'épancher et gratifier - sans leur gré ! - tous ceux qui me liront d'une série de "Moi, je..." plus ou moins idoines à cet espace dédié à tout autre chose. Une fois n'est pas coutume. Mais ainsi j'aurai "déblayé le terrain" de façon à éviter d'ultérieurs malentendus & quiproquos.
Tout d'abord, moi aussi j'ai eu "la bougeotte". Pendant plus de 20 ans. Mes désillusions y furent vives et mes déceptions amères. Nonobstant, je n'en ai tiré aucun désabusement, ni nul cynisme outré quand je me penche sur ce passé foiré, ayant su résister à la tentation du nihilisme dans ce que j'appellerais ma "seconde vie".
Aux antipodes de la première, celle-ci s'est traduite par un retour aux sources et aux racines. J'ai planté mes bottes dans la fange qui m'a vu naître et, maintenant, pour m'en déloger, il faudrait treuils et palans. Je me suis "fixé" (stricto sensu !) à la campagne, avec un mode de vie qui est DEJA celui que vous ne cessez, tous, de préconiser post-chaos.
Je suis devenu délibérément et de mon plein gré un bouseux sédentaire, une espèce de Job sur son tas de fumier. J'ai une femme qui me pourrit la vie (pas en non-stop, mais de façon fortement récurrente) mais, pour autant, et contrairement à ce que vous prônez à demi-mot, je n'ai nulle envie de la quitter, redoutant ce que l'expérience m'a jadis appris : à savoir qu'on prend lors le risque (selon l'expression consacrée) d'échanger une borgne contre une aveugle.
Et puis, comme vous le dites, même si ce n'est pas pour une autre femme, je sais (par expérience là encore) que je ne "respirerais" pas mieux sans elle, pour la bonne raison que 1. je n'en suis pas tout-à-fait au stade "d'étouffer" 2. il y a deux enfants encore tout petiots que cela exploserait en tout début d'envol (existentiel)
Je reste, donc, pour ces deux petits êtres qui sont ma condition sine qua non existentielle. L'ainé, à 5 ans, connait déjà tous mes coins à morilles, et c'est d'une botte conquérante qu'il les arpente, aux côté de sa soeur, 4 ans. Ils savent ce qu'est une tomate, un concombre, un poivron, et que le lait sort du pis des vaches, et non des briques vendus par packs de 6 au supermarché.
Ils connaissent une bonne part des oiseaux, des arbres et des fleurs "indigènes". On traque ensemble (en observateurs) le chevreuil, le renard, le sanglier, le héron, l'écureuil, au détour des sentes et chemins.
Je leur apprends à aimer la nature, donc leur région, donc par extension leur pays. Je ne leur râpe pas les oreilles, jusqu'à saturation comme je le vois ailleurs, que la France est foutue, qu'on va droit dans le mur, etc, toute cette rhétorique qui leur serait funeste, à cet âge (et même plus tard). Non, je leur apprends la joie de vivre, l'optimisme, la déconnade par mes perpétuelles clowneries, le rire et l'allégresse.
Je sais que de tels propos, ici, vont paraître bien naïfs et susciter (de façon exprimée ou non) moult sarcasmes parmi les âmes noires. Peu m'importe. Je vis, par procuration à travers eux, une seconde jeunesse avec mes idéaux retrouvés (car je les avais bien perdus, à un moment, croyez-moi). Je reviens de loin dans ce bucolique tableau de ma vie actuelle, ressorti que je suis d'enfers dont vous auriez difficilement l'idée.
Bref, ayant patiemment (re)construit ce bonheur de vivre, je ne supporte plus les vaticinateurs chantres de l'apocalypse, du chaos et de la France "foutue". Ils me hérissent les poils. Si tout est "foutu", alors il faudrait aller au bout du concept, et se suicider - merde à la fin ! (ça y est, je m'énerve).
Ceci expliquant cela, moult de mes interventions jaillissent de cette exaspération (d'où, parfois, une forme un peu "rugueuse"). De même pour tout qui s'approche de près ou de loin d'un début d'esquisse de commencement d'intolérance "globalisatrice" : ça me fout en rogne. Je ne bourre pas le mou de mes chenapans avec des idées racistes ou antisémites (comme je l'ai pourtant vu, hautement affligé, autour de moi : ça existe !), non pas par idéologie, mais par conviction que ce sont des idées délétères dans la tête d'un enfant, ce futur adulte. Et puis, dans ma cambrousse, des beurs ou des blacks, on n'en voit pas des masses, voire pas du tout (ce qui n'empêche pas, paradoxalement, le FN d'y faire des scores dingues). Idem pour les Juifs - tant honnis par certains ici, de façon ouverte : nulle ombre de Juifs derrière les troncs d'arbres des vastes forêts alentour... Alors bon, je ne vais jouer à leur faire peur avec l'histoire éculée du vilain monsieur au nez crochu et aux mains qui "agrippent". Déjà qu'ils me beuglent "Pipeau, papa !" quand je leur parle du loup ou du croquemitaine...
Les enfants ont tout à nous apprendre, ce sont eux qui détiennent la vérité. La Vie est là, sans embrouilles, sans ressentiment ou animosité. Avec eux je prends de sacrées leçons. Cette "jouvence" est parfois altérée par ce que je lis parfois ici, des ignominies face auxquelles j'ai du mal à rester indifférent. Alors je chope parfois mon clavier "à l'arrache", ce qui donne des commentaires incisifs, voire caustiques.
Hé oui, tout le monde n'a pas votre mesure et votre pondération, mon cher Merisier... Je me soigne, je me soigne... Mais c'est dur... Les cons ont encore le pouvoir de me faire sortir de mes gongs. Allez, encore une dizaines d'années et je parviendrai à l'ultime triomphe existentiel : être définitivement imperméable à la connerie humaine dans ses manifestations, même les plus criantes. C'est pour ça que j'aime bien Fred P. (alias Stéphane Bouillaud, l'autre) car on poursuit le même objectif, via l'auto-dérision savamment cultivée. ... Donc attendez-vous, encore et toujours, à des saillies sciemment burlesques de notre part, les deux Stéphane, Bouillaud et Bouillot. Faut juste apprendre à nous... décoder.
Et puis, vous verrez, on sera tous plus zens quand l'or sera à 60 euros le gramme : ça finira bien par arriver, non ?
Cordialement
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