J'ai toujours été surpris par l'attitude de l'investisseur privé. Dans tous les aspects de son existence, il est le plus souvent méfiant. Il n'achètera pas un véhicule ou une machine à laver sans avoir préalablement comparer les marques, les magasins, les garanties, etc...
Dès que l'espoir de gain s'ajoute à une décision, il fausse tout, et notre homme (ou femme) prudent se laisse submerger par l'espoir.
Je rejoins Charles Sannat à 100% (encore plus même).
Il n'est cependant pas interdit de se porter sur certaines classes d'actifs risquées. Mais, pour les candidats, il y a lieu de se poser systématiquement ces questions :
1°) Sur quels éléments objectifs et soigneusement vérifiés repose l'opération ? 2°) Quel gain l'opération peut elle générer ? 3°) Quel est la probabilité de réaliser ce gain ? 4°) Quelle perte l'opération peut elle générer ?
Tout investisseur qui se force à répondre à ces quatre questions peut être qualifié d'avisé. Quel pourcentage de particuliers adopte une telle attitude face à la décision d'investir ? Je n'ai pas la réponse, mais je suis bien certain que le chiffre est bas. Je le tiens de mes observations personnelles (amis, famille, collègues...).
Et n'allez pas croire que je ne sois pas, moi-même, en proie à la tentation. C'est pour ça que je me force désormais à toujours trouver réponse à ces quatre questions avant d'agir. S'il me manque une seule réponse à mes questions, j'abandonne.
Ces contraintes saines m'orientent vers des opérations dont toutes les variables énumérées ci-dessus sont connues à l'avance, en particulier le montant de la perte maximal.
Impossible me direz vous ?
Tout à fait possible avec certains instruments, malheureusement peu utilisés par les particuliers. Les banquiers et autres brokers s'arrangent presque toujours pour dissuader les "petits" de recourir aux options.
Ca y est, je viens de prononcer le mot qui fâche !
Je ne parle pas des options binaires qui sont un véritable piège à pigeons. Je parle des vraies options, cotées sur des marchés réglementés.
Plutôt qu'un long discours, je prends deux exemples :
1°) Je brûle d'envie d'acheter l'action X. Elle cote 100. L'analyse financière révèle de bien belles perspectives et j'espère un gain rapide de 20%. Mon petit jeu des questions réponses m'oblige à connaître à l'avance la perte maximal (sinon, je me suis fixé pour règle de ne pas réaliser l'opération). Je consens donc à un perte maximale de 10 par action et j'achète donc une option de vente (Put) à 90 sur mon action X. Si la progression de la valeur a bien lieu, j'empocherai mes 20%, moins le prix d'achat de mon option de vente. Si la valeur s'effondre, au lieu de progresser, je ne perdrai que 10%.
2°) L'action Y cotée 100, que je connais bien et que je suis depuis longtemps me paraît temporairement très surévaluée. Je décide de la vendre à découvert en espérant une correction de 20%. Comme dans le cas précédent, je ne consens pas à une perte de plus de 10%. J'achète donc une option d'achat (Call) 110 sur mon action Y. Si, comme je le prévois, l'action Y corrige de 20%, j'empoche le gain, réduit du prix d'achat de l'option d'achat. Dans le cas contraire (hausse de l'action), mes pertes n'excéderont pas 10%.
Avec ces deux exemples, il devient évident qu'il est possible, à l'avance, de réaliser une opération dont les risques sont connus et maîtrisés dès la conception.
Même s'il n'est jamais agréable de se tromper et de perdre, il est infiniment rassurant et confortable de connaître à l'avance le risque maximal.
Puisse ce message vous inciter à concevoir des opérations dont le risque est connu et maîtrisé.
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