Je maintiens que : - Il existe plus de personnes opposées à l'impérialisme U.S en dehors de pays occidentaux (notamment en Amérique Latine) qu'en-dedans.
On ne parle pas exactement de la même chose. Je distingue les personnes qui cocheraient "oui" en réponse à la question "êtes-vous opposé(e) à l'impérialisme américain?", et celles qui développent ce type de discours (anti-impérialiste). Les premières ne m'intéressent pas (dans cet article), parce que leur position exprime simplement la force relative des propagandes auxquelles elles sont soumises. Les secondes, quant à elles, sont largement occidentales et/ou occidentalisées. Si vous voulez, elles appartiennent à un même monde de personnes parlant les langues dans lesquelles s'échangent les idées entre les nations, lisent le même type de journaux et d'ouvrages, sont partie prenante de débats communs, etc. Le fait qu'elles se trouvent vivre à Buenos Aires, Chicago, ou Bordeaux me paraît, de ce fait, sans intérêt. Entre les deux, il existe évidemment une population relativement éduquée "anti-impérialiste", qui n'est pas à l'origine des théories qu'elle épouse, mais qui au moins le connaît et comprend un peu, s'informe, serait-ce pour confirmer ses préjugés, du moins ne se contente pas de répéter ce qui se trouve avoir été dit le plus fort et le plus souvent. Là encore, cependant, force est d'admettre que cette population est largement occidentale et occidentalisée.
- Les Afghans dans leur immense majorité se seraient bien passés de cette invasion américaine. C'est en tout cas ce que beaucoup d'entre eux m'ont dit (j'y ai vécu un an). Ils n'aimaient pas les Talibans, mais j'ai cru comprendre qu'ils auraient préféré s'en défaire tout seuls.
Je vous crois sur parole, mais ne vous crois pas sur parole. Je veux dire que vous rapportez certainement une expérience exacte, mais que l'on ne peut se fonder sur quelque chose d'aussi limité qu'une expérience personnelle pour juger de ce genre de choses.
Auriez-vous rencontrés plus de familles de jeunes filles fusillées publiquement et sommairement, le sondage aurait sans doute été différent. Retournez-y lorsque, espérons-le, un régime stable s'établira, moins despotique, permettant le progrès des libertés civiles le développement des activités économiques, et les opinions auront certainement évolué.
- Il existe un lobby juif aux U.S, et il est très puissant (vous l'ignoriez ? Il influence pourtant grandement la politique étrangère U.S). Il est notamment représenté par l'AIPAC.
Vous confondez le fait qu'il existe des lobbies promouvant les vues de groupes d'intérêts composés de personnes juives (tout comme il en existe pour les écologistes, les évangélistes, les agriculteurs, les noirs-américains, les portoricains, les homosexuels...) et l'existence d'un "lobby juif". La différence est immense. Les premiers ont une existence officielle, sont en concurrence pour les faveurs du pouvoir, etc., alors que le second est une expression teintée, dénotant la mainmise secrète d'une minorité sur l'exercice du pouvoir.
- Il est possible de critiquer un "régime" sans pour autant appeler à une intervention extérieure pour le renverser ; il est possible a contrario de s'opposer à une intervention étrangère pour renverser un régime, sans pour autant soutenir ledit régime, car l'on pourrait souhaiter que ce soit sa propre population qui le renverse. C'est vous qui commettez un sophisme.
Vous confondez différents sens du terme "critique". Si on critique un régime, mais s'oppose à son renversement, c'est que l'on critique tel ou tel de ses manifestations, et non son existence même. Pour ce qui est d'un renversement interne, je dirais qu'il aurait déjà eu lieu s'il avait été possible, et que cela ne change de toute façon pas grand chose. Quelle différence du point de vue des coûts et des bénéfices pour la population locale, du fait que le renversement du régime soit le fait d'une puissance étrangère, d'une puissance interne, ou de différentes formes de coopérations possibles entre les deux? Les mêmes combats sont nécessaires, les mêmes drames sont a déplorer, le même gain d'ensemble est réalisé. Vous auriez raison si un soulèvement interne démontrait que la population est prête à subir les coûts liés au renversement d'un régime pour s'e libérer, alors qu'une intervention étrangère pourrait lui imposer ces coûts sans savoir si elle est prête à les subir. Mais tel ne peut être le cas que des soulèvement populaires qui sont précisément impossibles dans le type de régime concernés, où seule l'opposition militarisée de groupes infiniment minoritaires pourrait alimenter un renversement interne. Or, dans leur cas également, on pourrait dire qu'ils risquent de faire subir à la population générale des coûts supérieurs aux bénéfices procurées par sa libération.
- Le résultat de la "guerre contre la terreur" (absurdité sémantique) U.S est la production d'un plus grand nombre de terroristes, et qu'il suffisait de réfléchir deux secondes pour savoir que ça allait être l'effet produit, ce qui m'amène à dire qu'il s'agit en fait de l'effet recherché. Je vous conseille comme illustration une émission récente passée sur France Culture : "Les drones sont-ils le meilleur allié d'Al-Qaïda ?". Vous la trouverez facilement sur le net.
Je ne vois pas l'absurdité sémantique. Libye et Afghanistan étaient clairement des facteurs de développement du terrorisme international, ainsi que des cibles possibles de guerre (ce qui n'est effectivement pas le cas de toutes les manifestations du terrorisme, encore que l'on puisse bien parler de guerre lorsque l'on forme des agents et dépense les ressources nécessaires pour qu'ils découvrent, informent, empêchent, etc.) L'idée que la guerre contre le terrorisme produise davantage de terroristes me paraît sans intérêt. Par exemple, l'idée qu'elle aiguiserait l'anti-américanisme (aux différents sens du terme, ci-dessus), au point de produire de nouveaux terroristes, me paraît bien simpliste, et de toute façon anecdotique. Quelle que soit la réaction de la "rue arabe" au sort des talibans, l'action américaine ne peut transformer en terroristes que de très faibles effectifs de personnes déjà à la marge de tels mouvements. On ne passe pas de garagiste avec enfants à terroriste international juste parce que l'on est "révolté"--et ce quelle que soit la force de la propagande anti-impérialiste. De plus, comme vous le sous-entendez, un des problèmes du terrorisme est qu'il représente une menace à la fois gigantesque et minuscule. Gigantesque parce que c'est, potentiellement, n'importe quel avion qui peut être détourné, n'importe quelle station de métro qui peut être lieu d'attentat, etc. Et pourtant minuscule parce qu'une telle menace n'est représentée que par de très très très faibles effectifs-et plus encore si l'on prend en compte les plus déterminants, à savoir ceux qui sont prêts à accomplir concrètement les actes en question. De ce fait, même si le nombre de tels opérationnels augmentait de 10% en réaction à une intervention US, cela ne changerait pas grand chose au problème. Qu'il y ait 10 équipes dormantes de 5 personnes, ou bien 11, le problème est largement inchangé.
- Si votre article portait sur d'autres questions que celles-ci, vous auriez dû vous abstenir de vous aventurer dans ces terrains marécageux...
Le terme à deux sens. L'article portait bien sur ces questions, au sens où il les abordait--ce que je trouve légitime, dans l'absolu, aussi bien que relativement à sa problématique et logique interne. Ceci étant, il ne "portait" pas dessus au sens où ce n'en était pas le sujet majeur, mais un aspect de la question qu'il convenait d'aborder au cours de l'argument.
Je ne vois pas ce qu'il y a là de marécageux. Je sais que la position que je défends est largement minoritaire. Comme pour mes positions économiques, j'y vois la preuve que la soi-disant "propagande" que je défends est bien moins largement diffusée que la pseudo "pensée libre" que je critique.Commenté il y a 4396 jours |