Bonjour Rüss65,
"La copie d'une oeuvre d'art n'est PAS une oeuvre d'art"
Certes, mais le droit de copier et diffuser l'oeuvre appartient entièrement à l'artiste en tant que droit patrimonial.
En Belgique, la loi du 30 juin 1994 sur les droits d'auteurs stipule que "l'auteur a SEUL le droit de reproduire son oeuvre OU d'EN AUTORISER la reproduction, l'adaptation ou la traduction" & "La cession de l'objet qui incorpore une oeuvre n'emporte pas le droit d'exploiter celle-ci.".
En fait, si la copie d'une oeuvre d'art n'est pas l'oeuvre en elle-même, elle contient néanmoins son essence, son concept, etc. Si l'artiste n'avait pas crée/inventé l'oeuvre, il n'y aurait aucune copie possible; c'est pourquoi l'artiste RESTE TOUJOURS propriétaire des droits d'exploitation qu'il peut céder pour une durée déterminée, à un tiers bien précis, pour un nombre de copies déterminées et/ou dans un cadre d'exploitation bien précis.
En outre, si des copies existent, c'est parce qu'il y a une demande et que des gens DESIRENT cette oeuvre. La copie fait donc partie de la rémunération de l'artiste en quelque sorte.
Cette vision des choses me semble valable dans la mesure où tout artiste n'a pas la chance de faire un carton et de s'enrichir à chaque oeuvre qu'il produit, là où un employé/ouvrier aura un salaire identique chaque mois pour le travail presté.
En outre, très peu d'artistes peuvent s'enorgueillir de vivre de leur seul art... pourtant la société a besoin d'artistes car, souvent, ces derniers dénoncent l'inacceptable et permettent d'ouvrir les yeux et les esprits ou apportent une part de rêve au monde qui en a tant besoin.
Après, on peut entamer tout un débat sur l'utilité des artistes contemporains conceptuels, très prisés par les Etats et la presse (à tel point que l'art conceptuel est de plus en plus considéré comme un art d'Etat... devenu insignifiant), mais dont les oeuvres ne sont plus admirables par leur sens ou leur beauté. Malgré une bonne formation en histoire de l'art, je pense que 90% des oeuvres d'art conceptuelles sont plus proches de la supercherie que de l'art (hélas, les artistes qui créent avec sens ou beauté sont volontairement laissés dans l'ombre !) et je me fiche pas mal de ce qu'en diront les pros du milieu ! Quand on sait que Jeff Koons (ex-mari de la Cicciolina), un des artistes les plus côtés du moment, a décidé de faire de l'art kitsch pour pervertir le bon goût des amateurs d'art et que ça marche par pur snobisme... il a même exposé à Versailles... il y a de quoi s'interroger. Or, on n'achète pas un Jeff Koons, on INVESTIT dans un Koons ! Ca en dit long sur l'état d'esprit des richissimes investisseurs... surtout si ce sont les mêmes qui jouent en bourse. ;-)
Pour en revenir à l'art, il me semble quand même nécessaire de préciser qu'un artiste n'est pas "inutile" et "bon à rien" comme beaucoup aimeraient le faire croire. Il n'est pas de sot métier et on ne peut exiger que tout le monde soit obligé de produire un travail conventionnel en étant ouvrier, employé ou fonctionnaire.
La création est un BESOIN fondamental de l'être humain qui s'inscrit dans la pulsion de vie. Souvent, la CREATION a une fonction cathartique, c'est-à-dire qu'elle permet la décharge émotionnelle libératrice liée à l'extériorisation de souvenirs traumatisants. Ca permet de se défouler sans violence. Dans les sociétés primitives, les peintures (corporelles, sur les parois des grottes, sur des totems), les sculptures, la création de chansons, etc. appartiennent à tous et représentent une activité aussi indispensable que celle d'aller chasser ou de faire la cueillette, mais le fonctionnement de ces sociétés n'est pas basé sur l'argent.
Enfin, celui qui crée éprouve le besoin de créer autant que celui qui regarde ensuite l'oeuvre a besoin de l'admirer ou d'être fasciné par elle.
De toute façon, si on réfléchit bien, on constatera que tout est art, qu'il s'agisse de vêtements (la moindre jupe, le moindre pantalon, a d'abord été dessiné, inventé, crée avant d'être porté) ou de n'importe quel objet que l'on utilise ou que l'on admire dans notre quotidien.
Dans nos sociétés occidentales, comme pour tout, la question financière est juste venue fausser le débat puisque toute activité humaine n'est basée QUE sur le FRIC, contrairement à d'autres types d'organisations sociétales.
Et puis, j'ai presque envie de dire que les artistes d'aujourd'hui sont les artisans d'hier. On a tué l'artisanat au profit d'une société industrialisée, or l'artisan était un créateur... à la base de tout artiste, il y a d'abord un artisan. ;-)
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