Bonjour RalphZ,
"pendant une guerre les forts survivent et apprennent la débrouille, ils pourront l'utiliser pour la reconstruction. Nous les fiduciaires, nous avons juste appris à utiliser l'app store"
C'est pourquoi je pense que tant qu'il en est encore temps, il faut absolument se réapproprier des connaissances dans le domaine manuel afin de savoir fabriquer et réparer des choses voire carrément créer des objets utiles. Et c'est possible par le nombre de stages qui existent dans plein de domaines différents.
Lors d'un stage j'ai appris à créer des meubles en carton. Maintenant, outre le fait que je fabrique des meubles en carton (et c'est très solide, le carton), je me fais un plaisir de transmettre mon savoir à d'autres en donnant des stages à mon tour.
Là, maintenant, tout de suite, si j'étais maçon, je donnerais des stages de maçonnerie en dehors de mon boulot. Je suis certaine que cela pourrait avoir du succès car cela permettrait à des gens d'apprendre à maçonner sans devoir passer par une école bien précise et un long apprentissage. Et les gens vraiment motivés apprendront la maçonnerie lors du stage et s'informeront de manière plus approfondie via d'autres sources (lectures, etc.). D'ailleurs, je m'étais inscrite à un stage de maçonnerie parce que je pensais que ça pourrait toujours être utile, même pour soi-même...
Bref, cette idée est valable pour d'autres métiers manuels dont aussi le jardinage car savoir faire pousser des légumes en bonne santé, c'est quand même important; et puis cordonnier... il n'y a plus moyen de trouver un BON cordonnier ! C'est super frustrant ! Etc.
En fait, je pense que tout ce qui est manuel doit nécessairement passer par une forme d'apprentissage sur le tas lors d'un stage ou via quelqu'un qui vous montre comment ça marche en le faisant. Parce qu'il y a des trucs et astuces qui ne se trouvent pas forcément dans les livres et la pratique a aussi son utilité. On y apprend notamment comment tenir son outil correctement. Ca paraît peut-être con à priori, mais ça ne l'est pas tant que ça lorsqu'on expérimente la chose car on ne se rend pas toujours compte de ce genre de détail ou d'erreur.
Aujourd'hui, il n'y a plus assez de personnes qui pratiquent un métier manuel parce que c'est quelque chose qui a été sérieusement déconsidéré tant par les politiciens que par bon nombre de citoyens lambdas parce qu'on leur a fait croire que celui qui n'avait pas fait d'études supérieures ou universitaires était un "imbécile" et de toute façon, parce que ces personnes ont toujours été moins payées ! Ce fut une erreur gravissime. D'abord, parce que sans elles, on n'est rien. Ensuite parce qu'il y a énormément de personnes manuelles qui ne sont pas imbéciles du tout, de même qu'il existe bon nombre d'universitaires qui le sont malgré leur instruction (L'imbécilité n'étant pas l'apanage d'un type de métier, mais bien du type d'individu à qui l'on a à faire) ! Enfin, parce que les conséquences de ce mépris initial sont déjà en train de se faire ressentir.
Beaucoup de diplômés motivés ne trouvent pas d'emploi et s'en désolent comme vous, Ralph; d'autres ont fait des études parce qu'il le fallait sous l'injonction des parents et se retrouvent à bosser dans des bureaux où ils ne sont pas heureux, ne sont donc pas motivés et font mal leur boulot. Si ça se trouve, ceux-là auraient été plus heureux avec un métier manuel entre les mains.
En outre, ceux qui ont de l'or dans les doigts sont plus que souvent indisponibles car ils croulent sous le travail et tout le monde voudrait travailler avec eux... On se retrouve avec une pénurie de gens "manuels" compétents lorsqu'on veut faire des travaux de rénovation par exemple; on attend des semaines pour qu'un couvreur puisse venir réparer un toit; qu'un plombier ait le temps de venir faire un travail; etc.
Conclusion : si on veut avoir de quoi se débrouiller à l'avenir, rien de tel que le savoir faire de choses très concrètes dont tout le monde a besoin. Je te répare ton toit et tu me fournis du pain. Je te fabrique des assiettes en céramique et tu me fournis du bois. Je te fournis des remèdes naturels à base de plantes médicinales et sauvages dont j'ai la connaissance et tu me fournis un pull tricoté, etc.
J'en entend déjà plusieurs crier à l'halali, c'est le principe du troc, mais rien ne dit que, blablabla... Seulement voilà, je constate que ça recommence pourtant à se faire de plus en plus. Mon vétérinaire, quand il vient se balader dans des parcours d'artistes fait du troc : "Je t'opère ton chien contre la toile que tu as faite et qui me plaît". Qu'un véto procède de la sorte, j'ai trouvé ça magnifique ! Une de mes amies m'a aussi demandé d'échanger une de mes armoires contre une de ses céramiques. Pourquoi pas ? Je trouve cela plutôt malin. Echange de bon procédés. Et dans un tel cas, il n'est plus vraiment question d'argent. Chacun échange quelque chose (son savoir faire et son temps) qu'il est prêt à donner pour obtenir ce qu'il désire ou ce dont il a besoin.
Si, en plus, on a fait des études supérieures, on aura le plaisir d'allier l'intellect au manuel, ce qui n'est pas négligeable non plus.
Je pense qu'il n'y a pas de sot métier et que la capacité d'adaptation, c'est précisément d'être capable de savoir se remettre en question, de se réorienter et d'être capable de continuer à apprendre de nouvelles choses pour avancer, de savoir dépasser les clivages et les préjugés.
Tant que tout ne se sera pas écroulé, il sera toujours temps de penser (et d'agir) à préparer son avenir dans un monde différent et ce, d'autant plus lorsqu'on a la chance d'être informé sur ce qui est en train de se produire...
;-) Commenté il y a 4348 jours |