Si je me fie à votre description (90-10), les choses peuvent se dérouler comme vous le dites (pour combien de temps ?) ou bien tout à fait autrement, personne ne peut prévoir avec certitude le scénario, surtout sur plusieurs années. Ce qui est sûr c'est que les 10 % de possédants ne resteront pas les bras croisés pendant des années à crever de faim et regarder les 90 % de paysans vivre tranquillement du fruit de leur travail de la terre et du troc. Rien ne dit également que les malgaches pauvres sont suffisamment solidaires et le resteront. Les malgaches pauvres qui vivent aujourd'hui avec 1 E/jour devront trouver un moyen pour continuer à vivre de la même façon lorsque l'hyper-inflation frappera Mada (10 E/j, 100 E/j, 1000 E/j ? ...). Comment faire pour continuer à acheter quelques bougies pour s'éclairer un peu le soir quand leur prix représente des semaines de travail harassant ? Donc, plus de bougies, etc etc etc ... il faudra trouver autre chose, revenir à des modes de vie ancestraux, même pour les pauvres ce sera très dur. Quant aux possédants, donc ceux qui détiennent le pouvoir avec leurs amis politiques, "industriels", financiers, ceux-là même qui sont aux ordres de l'hyper-classe bancaire mondialisé, pensez-vous qu'ils quitteront Mada le plus vite possible en emportant avec eux le maximum de richesses pour négocier "une place au soleil" dans un lieu réservé aux serviteurs de l'hyper-classe (scénario très peu probable) ou bien pensez-vous qu'ils resteront aux ordres de leur maîtres, sur place, pour imposer une gestion de crise d'une main de fer le temps qu'il faudra quel que soit le prix à payer pour les pauvres ? On ne peut pas poser la question aux pauvres de cette façon, ils ne comprendraient où l'on veut en venir, ils n'ont pas la vision globale nécessaire (ce n'est pas une critique, c'est une conséquence de la condition de classe). On peut, par contre, leur demander s'ils sont prêts à retourner dans la forêt pour y vivre comme leurs ancêtres, du jour au lendemain. Les avis seront, à n'en pas douter, très partagé, c'est valable pour n'importe quel être humain. Votre vision des choses et la mienne ne sont pas opposables, on discute, on réfléchit, on cherche des réponses. Ce dont je suis certain, pour répondre à la question "Où aller ...", c'est que se poser la question à ce moment là est probablement trop tard, quand tout s'écroule, ça va très vite, on n'a pas le temps de se retourner, il faut anticiper, c'est la seule solution. Anticiper comment ? En développant des réseaux "survivalistes" bien avant la date fatidique. Ça ne coûte rien, à part de l'huile de coude, et ça permet d'élargir considérablement notre vision de la vie en communauté et pas seulement après un effondrement économique global.
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