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“Bitcoin et Big Brother”, par Charles Gave

Charles Sannat Publié le 12 décembre 2017
2380 mots - Temps de lecture : 5 - 9 minutes
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Insolentiae

C’est le dernier papier de Charles Gave, qui parle ici de la monnaie avec la verve qu’on lui connaît et son humour pince-sans-rire qui me fait beaucoup rire… Au-delà, son point de vue sur le Bitcoin et la monnaie viendra enrichir utilement la réflexion de tous. Je vous souhaite une excellente lecture. Milton Friedman avait coutume de dire que ce qui différenciait l’homme de l’animal était tout simplement le fait que les hommes faisaient du commerce entre eux et pas les animaux. C’est une idée très profonde : pour faire du commerce, il faut introduire dans sa réflexion la notion de d’épargne et donc le temps (d’où les taux d’intérêt). Ayant épargné un peu trop de quelque chose dont on n’a pas vraiment besoin vient ensuite l’idée de l’échanger contre l’épargne de quelqu’un d’autre, ce qui suppose de déterminer une valeur pour chacune des deux épargnes. Pour arriver à échanger une épargne contre une autre, vient en effet le moment où il faut arrêter une valeur relative de la massue par rapport à la flèche ou au bouclier, ce qui requiert des calculs fort compliqués, sans doute à l’origine de la création de l’arithmétique. On imagine le bambin de l’époque néolithique se penchant sur le problème suivant : si une massue vaut trois flèches et deux boucliers, combien vaut la flèche par rapport au bouclier ? Et pour éviter d’avoir à répondre, il est probable que l’un de ces bambins particulièrement paresseux décida de tout ramener en coquillages et de ce fait inventa la monnaie, tant il est vrai que la quasi-totalité des inventions sont faites par des paresseux qui veulent retourner jouer plutôt que de faire des calculs idiots. Toutes les monnaies depuis ce gamin génial ont donc trois fonctions : la monnaie doit être à la fois étalon de valeur, moyen d’échange et réserve de valeur. Fort bien. Mais en ayant dit ça, j’introduis immédiatement un autre problème : qu’est que j’entends par « valeur » ? D’où vient la valeur d’un objet ? À cela il y a deux réponses : un objet peut avoir de la valeur s’il est utile, et là, je pense à un outil qui permet de faire de meilleures flèches, par exemple un silex taillé, qui lui-même pourra donner lieu à un échange, ce qui permet accessoirement de créer la notion d’investissement. Cette source de valeur, je l’appelle la valeur « efficacité ». Alternativement, je peux désirer un coquillage particulièrement inhabituel qui permettra à ma chère compagne d’être la plus belle de la tribu quand elle le mettra dans ses cheveux. Et là, la valeur ne vient pas de l’efficacité, mais de la rareté de l’objet en question et il y a donc une deuxième source à la valeur que j’appelle la valeur « rareté ». Nous avançons. Reste un dernier problème : comment allons-nous déterminer les « prix » auxquels nous allons échanger ces deux valeurs entre elles et les unes contre les autres ? Faire une nouvelle massue prend un temps fou et trouver un coquillage tout à fait extraordinaire sur la plage est simplement affaire de chance. Le fabricant de massue dira donc que la massue doit valoir beaucoup plus que le coquillage, à la grande indignation du possesseur du coquillage qui pense que son bijou a infiniment plus de valeur que la massue puisque tout le monde peut faire une massue, personne ne peut faire un coquillage. Ce qui créera le prix qui fixera la valeur monétaire de la massue par rapport au coquillage est donc simplement le fait que quelqu’un acceptera de livrer trois massues contre le coquillage et que le détenteur du coquillage et ...
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