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A la découverte des Fonds Régionaux d'Onanisme Culturel

Vincent Bénard Publié le 24 juillet 2009
1995 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Objectif Liberté

C'est l'été, il faut meubler. J'ai retrouvé sur archive.org un vieil article de 2007 qui avait hélas disparu avec l'ancien blog d'AL nantes. L'occasion de le republier, en y ajoutant deux trois nouveautés, histoire que ne disparaisse pas dans les tréfonds du web cet hommage aux vaillants serviteurs publics de notre exception culturelle. - été 2007 Ayant décidé de meubler un week end de l'été 2007 en visitant un quartier de Nantes, j'eus la surprise de voir que le Fonds Régional d'Art Contemporain (FRAC) y exposait 80 oeuvres parmi les milliers que ses hangars recèlent, si l'on en croit leur site web. Accumuler des oeuvres dans des hangars pour n'en montrer qu'une infime partie au public: que voilà une remarquable expression du génie bureaucratique français. C'était pour moi l'occasion de me hisser à la hauteur des plus grands spécialistes de vraie culture, la Culture à Usage Local (abréviation d'origine contrôlée). L'entrée est "gratuite", c'est à dire que j'ai tout payé par avance en tant que con-et-tribuable. Cela m'a donné l'occasion de découvrir des oeuvres dont l'intérêt artistique n'échappera à personne: un Monochrome fait au rouge à Lèvres d'un certain Fabrice Hyber (ou Hybert, selon les jours), un miroir sale emballé dans deux bandes de tissus négligemment posé sur le sol par le non moins célèbre Sanejouand, une dizaine de traits blancs sur fond de gribouillage noir du fameux Malaval - des problèmes de déglutition, sans doute ? -, une maquette de moto de course en résine d'un artiste dont je préfère oublier le nom... N'oublions pas les grands classiques de tout musée d'art contemporain: des photos noir et blanc floues de femme à poil aux jambes légèrement écartées sur écran télé – une petite touche de cul, ça fait toujours avantgardiste dans une expo-, et régalons nous d'un miroir brisé, des tubes éjaculateurs de savon mousse, des carrés de plexiglas translucides (j'ai cru que c'étaient des cloisons, honte à moi)... Ne manquait que la "plénitude amnésique" de Chocalescu et son pyjama dessiné par Buren ! "1 Mètre carré de Rouge à Lèvres", F. Hyber, 1981. Géniââââl, nôôôn ? Naturellement, pour l'idiot qui ne connaît rien à l'art moderne, une brochure se charge de vous renseigner sur ce que les objets présents ont d'artistiques, parce qu'effectivement, ce n'est pas évident au départ. Et là, vous découvrez que la valeur d'une oeuvre est surtout fonction de la surenchère langagière pratiquée par son auteur, de l'intensité substantive, adverbiale et superlative de la logorrhée exsudant du jargon développé autour du moindre gribouillage, afin de vous faire prendre des vessies pour des lanternes. Un carré de rouge à lèvres rouge n'est pas un vulgaire étalage de peinture sur un morceau de papier à peindre. C'est "un dépassement pictural à observer dans une démarche post-moderne décontemplative, une recherche de puissance suggestive par la domination du rouge sang qui submerge l'oeil du spectateur". Là, tout de suite, on est conquis. Les concours d'architecture publics obéissent aux mêmes règles: ce ne sont pas les bâtiments les mieux conçus...
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