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Abdourahmane Sarr : la réforme du FCFA par les monnaies complémentaires

Jean-François Faure Publié le 11 janvier 2017
2636 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Au Coffre

Abdourahmane Sarr, Président du Centre d’études pour le financement du développement local (CEFDEL/MRLD) propose que la réforme du franc CFA passe par les monnaies complémentaires. Nous l’avons interviewé afin qu’il nous explique pourquoi le FCFA doit être réformé et comment une monnaie complémentaire peut venir en renfort d’une devise d’Etat en devenant “la monnaie de tous les jours”. Il revient notamment sur les mécanismes qui poussent un Etat à dévaluer sa monnaie, un scénario qui ne concerne pas que le FCFA. Selon Abdou Sarr, le Franc CFA doit être réformé et son nom changé. Les pays de l’UEMOA (l’Union économique et Monétaire Ouest Africaine) doivent conserver une monnaie commune sans le parrainage de la France et introduire des monnaies nationales complémentaires et compétitives pour accompagner l’émergence de leurs économies respectives par l’inclusion financière de leurs entreprises et de leurs populations. Loretlargent.info – Pourquoi le franc CFA a-t-il été dévalué par la France en 1994? Abdourahmane Sarr – Le FCFA a été dévalué en 1994 parce qu’il était surévalué. Nous n’arrivions plus à financer les déficits de notre balance des paiements, les réserves de change nécessaires au maintien par nous-mêmes de notre parité de change étaient presque épuisées, et nous avions un endettement extérieur insoutenable que nous n’arrivions plus à honorer correctement. La baisse des prix de nos produits exportés ainsi que nos déficits budgétaires élevés contribuaient à nos déficits commerciaux, à notre endettement extérieur, et aux déficits de notre balance des paiements. Pour toutes ces raisons, et à des degrés divers selon les pays, le niveau de notre monnaie était trop élevé pour assurer la soutenabilité de notre position extérieure. Devant l’austérité budgétaire insupportable comme seul moyen de réduire nos déficits, l’endettement ayant atteint ses limites, la dévaluation était devenue nécessaire. Lorsqu’on dévalue, les prix augmentent, les recettes budgétaires nominales aussi, et si les dépenses publiques n’augmentent pas proportionnellement, on a une réduction du déficit budgétaire souhaité ainsi qu’une dépréciation du taux de change réel sans déflation. Par ailleurs, la dévaluation peut contribuer à améliorer la compétitivité des exportations, réduire les importations, et stimuler la production locale contribuant ainsi à la soutenabilité de la position extérieure, surtout si elle s’accompagne d’allègements de dettes comme ce fut notre cas. La dévaluation a dû nous être imposée puisqu’elle était nécessaire et nous n’avions pas pu assurer la coordination et le leadership qu’il fallait pour la décider collectivement. Les populations étaient essoufflées par l’ajustement budgétaire, et les bailleurs ne pouvaient plus financer, ni rééchelonner nos dettes extérieures. On peut dire que la dévaluation était une prise de responsabilité forcée et salutaire. Loretlargent.info – Quelles ont été les conséquences au niveau national et local? Abdourahmane Sarr – La dévaluation nous a permis de renouer avec la croissance, d’assainir nos finances publiques, et d’obtenir des annulations de dettes extérieures qui ont amélioré notre cadre macroéconomique. Un pays comme la Grèce qui a choisi de rester dans l’euro et de continuer l’austérité malgré un référendum contre, donnerait beaucoup pour voir une partie de sa dette publique extérieure effacée. Les institutions internationales la réclament d’ailleurs. De plus, il n’est pas dit que des réformes structurelles seront rapides et suffisantes pour que la Grèce soit compétitive dans la zone euro. Une sortie de la Grèce de l’euro pourrait être nécessaire si elle voulait en finir avec l’austérité et retrouver sa compétitivité. C’est ce que nous avons fait avec la dévaluation en 1994 après plusieurs années d’austérité et elle a été une réussite par rapport au statu quo de l’époque. Loretlargent.info – Cette politique de dévaluation monétaire a-t-elle fonctionné et pourquoi ? Abdourahmane Sarr – La dévaluation a fonctionné comme mécanisme d’ajustement. Cependant, les pays de l’UEMOA auraient dû en même temps décrocher du Franc Français et donc à terme de l’Euro, car cette monnaie représente le...
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