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Agir dans le chaos

Liliane Held-Khawam Publié le 01 février 2017
4891 mots - Temps de lecture : 12 - 19 minutes
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L’effet-papillon, base de la théorie du chaos. Vous aussi vous pouvez mettre à profit le modèle… La théorie du chaos est la base de toutes les réorganisations qui secouent le monde depuis plus de 3 décennies. N’y voyez rien de complotiste. La théorie du chaos est un concept bien réel, basé sur une approche qui se veut scientifique qui a parfois révolutionné le monde pour le meilleur et trop souvent pour le pire. Son principe se base sur l’effet papillon. Il s’agit d’une expression qui résume une métaphore concernant le phénomène fondamental de sensibilité aux conditions initiales de la théorie du chaos (Wikipédia). La formulation exacte qui en est à l’origine, fut exprimée par Edward Lorenz lors d’une conférence scientifique en 1972, par la question suivante : « Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » Les tenants du leadership organisationnel l’ont promue dans TOUS les domaines de la planète tant privés que publics.Le monde de l’entreprise a été le point de départ de sa mise en place. Sa résonance fut amplifiée par sa mise en place dans le secteur public. Ce faisant, les administrations publiques n’ont plus répondu à leurs fonctions traditionnelles de structurer et de porter l’Etat. Les repères nationaux se sont alors effondrés emportant avec eux la confiance des citoyens dans leurs autorités, le sentiment de sécurité et la confiance dans l’avenir. Pour nous ici, tout a commencé avec le management du chaos qui a frappé la gestion d’entreprise dès les années 90. Les multitudes de restructurations-fusions-acquisition, l’émiettement des entités en structures plus petites, le reengineering des structures de production dans un but de la globaliser, la mise en place de la transversalité des processus qui a révolutionner la production, mais surtout la mise en réseaux mondial et global des entreprises préalablement émiettées, ont imposé un bouleversement organisationnel tel que notre monde en est chamboulé. Observez bien par exemple, comment votre environnement professionnel est organisé aujourd’hui. Vous conviendrez bien qu’un nombre impressionnant de repères a disparu. Voici quelques exemples de mutations. Tout d’abord, les repères qu’un collaborateur pouvait développer envers son entreprise se sont envolés. Le collaborateur est livré à lui-même avec un sentiment d’insécurité suffisamment puissant qui l’empêche de percevoir son avenir au-delà du court terme. Le statut de fonctionnaire a disparu, emportant le lien à l’Etat, employeur potentiel ultime, qui « garantissait » une « sécurité » professionnelle. Il n’est plus possible de s’abriter derrière une figure hiérarchique rassurante. Vous êtes tout aussi exposé que votre patron au regard scrutateur de votre environnement, qui vous considère selon une équation de coûts/profits. Tout collaborateur est soumis à des résultats censés être mesurables et contrôlables. S’il ne fait pas l’affaire, il est renvoyé chez lui. En Suisse, il est admis que la baisse d’efficacité soit un motif de licenciement. La performance suit une pente ascendante. Des objectifs même irréalistes sont fixés qui mettent d’emblée la personne en situation d’échec. Il peut être demandé à des commerciaux par exemple une croissance du chiffre d’affaires d’une année à l’autre hors de toute réalité. La mise en concurrence avec les jeunes d’abord, puis l’étranger low cost et enfin la machine a pour objectif de maintenir sur la brèche des collaborateurs qui vont tout donner pour ne pas perdre leur précieux salaire. Ce point, nous amène directement à la tentation de piloter par le stress qui amène le « chef » à répercuter ses angoisses sur son équipe. La pression imposée est une conséquence directe d’une peur généralisée qui a de fortes chances d’aboutir à des maladies ou au dopage. Amphétamines, cocktails caféinés, cocaïne… Il y en a pour tous les goûts. En 2009, une étude révélait que « des traces de cocaïne sur 90% des billets de banque ». Le journal El periodico publia alors un article qui attirait l’attention sur le fait que « des centaines de travailleurs dans le secteur financier, affirme Don Serratt -un ancien employé d’une banque d’investissement devenu directeur de la clinique pour les toxicomanes Life Works – prennent des drogues pour affronter l’anxiété des licenciements ou la baisse des rémunérations. « Un toxicomane en proie à l’anxiété plus il se sent anxieux plus il prend de la cocaïne. Et comme la cocaïne accroit l’anxiété, c’est un cercle vicieux ». Et Serrat d’accuser les compagnies financières de fermer les yeux puisque la consommation n’affecte pas directement le travail des employés ». (SOURCE) Novethic titrait en 2016 un article « Les entreprises sortent enfin du déni ». Le rédacteur relevait que « pour des raisons personnelles ou pour rester performants, certains salariés consomment des substances illicites. » Depuis les causes n’ont cessé de s’aggraver… Plus récemment, les exigences en matière de droit du travail des traités TTIP, CETA, TISA qui découlent de la globalisation du monde sont telles que la perte de repères cède la place à une révolution. Il se pourrait que le statut de salarié disparaisse pour laisser la place à celui d’indépendant payé à la mission. Voilà ce qu’en dit E Masuyer dans une publication sur les mutations des droits du travail sous influence européenne: Le contexte social européen de cette dernière décennie est marqué par le Livre vert de la Commission sur la modernisation du droit du travail (Livre vert, 2006), qui parmi d’autres recommandations, préconise, pour réduire les coûts sociaux, un plus large recours aux formes de travail indépendant, atypique. Ces modalités de travail sont favorisées pour satisfaire aux exigences de « flexicurité », que l’on peut résumer comme l’octroi de droits de protection sociale minimaux face à un recours massif à des relations de travail flexibles. Le droit du travail apparaît dans cette conception comme un facteur de rigidité et de segmentation du marché du travail par l’obligation qu’il fait de respecter un certain nombre de règles de protection du salarié (procédure de licenciement, délai de préavis, octroi d’une indemnisation en cas de rupture injustifiée, défense syndicale…). Ces règles devraient donc, dans cette vision des choses, être assouplies voire supprimées. La « sécurisation des parcours professionnels », par le bénéfice de prestations sociales de chômage, de congés maternité, prestations maladie, est censée améliorer le statut précarisé du travailleur dont l’emploi effectif serait soumis à une incertitude tenant au caractère atypique du contrat de travail (travail intérimaire, à temps partiel, à durée déterminée, etc.) voire aux droits attachés au statut de travailleur indépendant. C’est en ce sens que l’on peut penser que la flexibilité des relations de travail entraîne concomitamment un recul du salariat comme cadre traditionnel de la relation de travail et un brouillage entre salariat et travail indépendant. Une révolution des droits du travail est donc en cours sur fond de chômage structurel et d’une migration vouée à l’exploitation salariale. Tout cela mène le chaos dans le monde du travail à son paroxysme. Alors oui l’effet papillon a bien pris racine dans l’entreprise pour le plus grand bonheur de quelques investisseurs du grand casino financier planétaire et pour le plus grand malheur de la grande majorité. Ce chaos devenu structurel avec les différentes crises, ne peut qu’être amplifié par des conflits culturo-ethnico-religieux latents. Bref, ce ne sont là que quelques exemples de la révolution que vous avez subi dans votre environnement professionnel. Or, le modèle s’étend à tous les aspects de la ...
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Par Liliane Held-Khawam via lilianeheldkhawam.com
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