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Avec la chasse aux gros salaires, le gouvernement touche le fond…

Actualité de la crise Publié le 07 juin 2011
2880 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
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Ainsi donc, le gouvernement chercherait à rédiger un texte de loi visant à empêcher le versement de "trop grandes rémunérations" à ses cadres dirigeants, et, selon les "échos", penserait à taxer les entreprises qui versent de gros salaires ou de gros éléments de rémunération variable. Bigre. Qu'est-ce qu'un salaire "trop élevé" ? Je dois dire qu'à chaque fois que l'on croit qu'un sommet d'imbécillité économique a été atteint par nos politiciens, il ne s'écoule à peine qu'un mois pour qu'un nouveau mur du çon, comme dirait le "Canard Enchainé", ne soit franchi avec la plus apparente décontraction par les premiers de la classe qui nous gouvernent. Selon notre gouvernement, donc, les entreprises verseraient à leurs meilleurs cadres, et notamment à leurs dirigeants, des salaires et rémunérations annexes "trop élevés". Il serait bien entendu difficile de donner une définition légalement acceptable d'un salaire trop élevé, sachant que la définition exacte en serait sans doute "un salaire trop élevé est celui qui rend jaloux le politicien, le nostalgique du programme commun, le syndicaliste déçu par la chute du marxisme et l'envieux compulsif, et plus généralement tout électeur potentiel". La "valeur rémunérable" du travail effectuée par une personne dans une entreprise dépend de la valeur ajoutée (ou retranchée) qu’un travail bien fait ou mal fait peut avoir, et de la rareté ou de l’abondance de certains savoir-faire sur le marché. Je sais, je sais, c'est aride. Beaucoup préfèreraient que le travail soit rémunéré en fonction de sa pénibilité, de sa durée, en fonction inverse de l'origine sociale du salarié, ou que sais-je encore. Mais ce qui fait la valeur d'une chose, quelle qu'elle soit, c'est le prix que certains sont prêts à payer pour l'avoir, et aucun décret gouvernemental n'y peut rien. Or, n’en déplaise à certains, diriger une entreprise de plusieurs milliers de salariés est très difficile, ceux qui peuvent faire ce métier efficacement sont assez rares, et leurs décisions peuvent rapporter ou coûter des dizaines de millions, ou de milliards, à leurs entreprises. Un mauvais patron, même peu payé, coûte beaucoup plus cher à une entreprise qu’un bon patron très bien payé, et les salariés souffriront beaucoup plus des décisions prises par un mauvais patron que par un bon. Le cas du "mauvais" patron Vous me direz : "oui, mais il y a des mauvais patrons bien payés ? Est-ce normal ?" A priori, aucune entreprise privée ne nomme un cadre a priori "mauvais" comme patron. Mais, comme je l'ai dit, diriger une boite de plusieurs dizaines de milliers de salariés est très difficile. Et même un "bon" dans un contexte donné peut échouer dans un autre. Prenez le cas de Carlos Ghosn, plus gros salaire du CAC 40 si j'en crois la presse. Personne ne peut nier que le redressement de Nissan a été conduit de main de maître, alors que personne ne croyait dans la capacité de Renault de redresser la barre au milieu des années 90, quand l'ex Datsun était au fond du trou. Et pourtant, le même Ghosn, au grand dam de l'inconditionnel du Scenic que je suis, est peut-être en train de se planter à la tête de Renault, si l'on en croit le dernier numéro du magazine "capital". Autrement dit, tout comme un star du football peut ne pas s'adapter à un changement d'équipe, même une personne qui a magistralement prouvé sa valeur dans une situation très difficile peut échouer dans un autre contexte. Ceux qui croient qu'il suffirait de promouvoir un cadre moyen acceptant le dixième du salaire de Ghosn pour être sûr d'obtenir un résultat au moins aussi bon, pardonnez-moi, se mettent le doigt dans l'oeil. Car l'histoire du management montre de façon assez éclatante qu'il est beaucoup plus facile de prendre une mauvaise décision qu'une bonne, et que même lorsqu'une bonne décision est prise, une mauvaise mise en oeuvre peut la rendre tout aussi médiocre. Cette conclusion est celle de nombreux analystes, et je ne saurais trop vous renvoyer à la lecture du Best Seller de Paul Ormerod, "Why most things fail" pour l'approfondir. "Decisions are made at the margin" Pour comprendre pourquoi la probabilité d'échec est plus élevée que celle du succès, il suffit d'examiner le petit diagramme ci dessous En admettant que le dirigeant ait 50% de chances de prendre de bonnes décisions et 50% de chances de bien savoir la mettre en oeuvre, il a seulement 25% de chances de produire de la valeur pour son entreprise. Ajoutez à cela q...
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