6290 search

C'était déjà la tempête en 1971.

Georges Lane Publié le 06 juillet 2011
3586 mots - Temps de lecture : 8 - 14 minutes
Lire plus tard

Je vous propose ci-dessous deux articles que Raymond Aron avait écrits dans le quotidien Le Figaro des 3 et 10 août 1971. L'un est intitulé « L'or, valeur spéculative » et l'autre « Le franc et le dollar ». Ils font apparaître un double phénomène constant en France: la vulgate économique, d'une part, et, d'autre part, l'aveuglement et l’erreur des intellectuels dans des domaines qui leur échappent et sur quoi néanmoins ils n’hésitent pas à écrire. A l'occasion, ils n'hésitent pas non plus à "donner des coups de pattes" à des intellectuels éclairés car ces derniers tiennent des propos diamétralement opposés aux leurs. Je reviendrai sur ce point en fin de billet. (les intertitres sont de mon crû) I. "L'or, la valeur spéculative." Le Figaro, 3 août 1971 Le prix de l'or a rejoint les niveaux les plus élevés atteints en juin 1969, après la décision prise, au mois de mars précédent de créer un double marché : - l'un réservé aux transactions entre banques centrales avec un cours fixe, trente-cinq dollars l'once, - l'autre sur lequel le cours s'établit librement en fonction de l'offre et de la demande. Le système du double marché a fonctionné mieux que ne le prévoyaient la plupart des experts. [remarque 1 : il a si bien fonctionné qu'il va imploser quelques jours plus tard... Où commence et finit un "bon" fonctionnement?] Le gouvernement américain, par l'intermédiaire du Fonds monétaire international, imposa au gouvernement d'Afrique du Sud d'approvisionner le marché libre. En effet, selon l'accord finalement conclu, le Fonds monétaire n'achetait l'or de l'Afrique du Sud que dans des conditions restrictives (état de la balance des comptes de l'Afrique du Sud, cours de l'or sur le marché libre). Dès lors, les spéculateurs, tenant compte de la résolution apparemment inflexible des autorités de Washington de ne pas relever le prix officiel de l'or ralentirent leurs achats et, par moments, le prix libre coïncida presque avec le prix officiel. [1.A. Pourquoi l'écart tend-il de nouveau à s'élargir ?] Pourquoi l'écart tend-il de nouveau à s'élargir ? On aperçoit d'abord une cause de circonstance. L'ouverture temporaire, en Californie, d'un marché sur lequel se négociaient les pièces d'or anciennes, marché dont le gouvernement de Washington a obtenu la fermeture en dépit des illusions des organisateurs. Je ne pense pas cependant que ce curieux épisode soit la cause principale de la flambée actuelle du prix du métal jaune. La conjoncture monétaire reste dominée, depuis des mois, par l'existence de milliards de dollars que les banques centrales d'Europe n'absorbent que contraintes et forcées, ou que les détenteurs privés déplacent d'une monnaie à une autre, d'un emploi à un autre, d'après les perspectives de gain, le plus souvent à court terme. Tous les taux de change apparaissent désormais plus ou moins fluctuants et le prix de l'or, même officiel, fluctue lui aussi dans la mesure où il s'exprime en dollars, dont le taux de change, avec les autres monnaies, varie. L'équivalent en dollars d'une once d'or au prix officiel, soit trente-cinq dollars, achète depuis quelques semaines une moindre quantité de marks, de florins ou de francs suisses. Liée à une monnaie dévaluée, l'unité d'or se trouve en fait dévaluée par rapport à certaines unités monétaires. Il y a donc quelque logique à la hausse du cours libre en tant que compensation à la dévaluation du prix officiel par rapport au dollar. Elles achèteraient d'abord une quantité accrue de dollars et obtiendraient ensuite une quantité accrue d'or. [1.B. Quid du prix de l'or ?] Les acheteurs d'or comptent-ils un relèvement du prix officiel ? Il se peut que certains d'entre eux estiment qu'à la longue les autorités américaines ne pourront pas maintenir leur position. [remarque 2 : s'il devait lire cette phrase, à coup sûr, Fabrice Luchini s'exclamerait : "c'est énorme !". En effet, douze jours plus tard..., j'en reparlerai, mais peut-être le savez-vous déjà...] Les Banques centrales d'Allemagne ou de Hollande, au cas où elles demanderaient de l'or à la Banque centrale des Etats-Unis, en obtiendraient une quantité accrue en proportion de la réévaluation du mark et du florin par rapport au dollar. Elles achèteraient ensuite une quantité accrue d'or. La dévaluation de l'or en marks ou en florins implique la réduction en valeur du stock d'or américain tombé pour la première fois au-dessous de dix milliards de dollars. Mais les Banques centrales d'Allemagne ou de Hollande savent aussi que le dollar est, en fait, inconvertible en or. Fondé sur la puissance de l'économie américaine, le dollar équivaut à un bon d'achat de marchandises valable aux Etats-Unis. Il continue d'être accepté dans le monde entier parce qu'il remplit une fonction monétaire dans les transactions internationales. [remarque 3 : cette phrase est l'inversion de la causalité exemplaire. Ce qui est dénommé "dollar" est monnaie car il continue à être accepté dans les échanges internationaux et non pas le contraire ...] Mais si, conformément aux accords de Bretton Woods, aucune des Banques centrales ne refuse encore de dollars, la valeur de celui-ci varie doublement : - en pouvoir d'achat, à cause de la hausse des prix aux Etats-Unis (6 % l'an dernier, 4 % probablement cette année), - en équivalent dans d'autres monnaies (réévaluation du mark ou du florin). Certains acheteurs d'or en concluent peut-être que la double dévalorisation de l'or, par le fait de l'inflation mondiale, d'une part, de la réévaluation de certaines monnaies par rapport au dollar, d'autre part, ne peut durer indéfiniment. Comme les Européens ne sont pas disposés à une complète démonétisation de l'or, ...
Cet article est reservé uniquement pour les membres Premium. 75% reste à lire.
Je me connecte
24hGold Premium
Abonnez-vous pour 1€ seulement
Annulable à tout moment
Inscription
Articles en illimité et contenus premium Je m'abonne
Editoriaux
et Nouvelles
Actions
Minières
Or et
Argent
Marchés La Cote
search 6290
search