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Carnets de Russie : Des temps difficiles pour l'opposition à Vladimir Poutine I

Vincent Bénard Publié le 30 août 2013
2828 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
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Après un (trop court) séjour de trois semaines en divers endroits de Russie, j'ai eu envie de transcrire quelques impressions de voyage, sans grande prétention analytique, juste pour dépeindre quelques impressions, découvertes, conversations. Aujourd’hui, parlons de la difficulté de s'opposer à Vladimir Poutine. Je ne prétends pas être un expert de la politique russe après seulement trois semaines passées sur place, et quelques conversations avec un échantillon de personnes absolument pas représentatives des 144 millions d’habitants du pays. Mais il m’a paru intéressant, en tant que libéral, d’essayer de comprendre ce qui se passe la bas. Dans ce premier article (il y en aura d’autres), voyons quelle est la situation politique du pays, à partir de mes conversations, observations, et lectures sur place. Le plus frappant, pour un pays récemment sorti du communisme, et qui n’a globalement absolument pas envie d’y retourner, est que le libéralisme politique semble politiquement en grande difficulté, et que les rares qui pourraient être tentés de le faire revivre, même timidement, vivent des moments... délicats, au minimum. Un pays sous domination oligarchique La Russie est dominée par un parti dénommé “Russie Unie”, dont le président est Dmitri Medvedev, mais dont l’homme fort, bien qu’il n’en ait jamais officiellement fait partie, est évidemment Vladimir Poutine. C’est un parti sans réelle idéologie, dont le but est de favoriser les desseins de la nouvelle oligarchie, elle même en partie issue de l’ancienne nomenklatura du parti communiste. Au niveau de son programme, Russie Unie ressemble de plus en plus à la mauvaise moitié du parti républicain US, branche religieuse. En baisse dans les sondages et de plus en plus en difficulté sur front de la corruption qui ravage ses rangs, Russie Unie a décidé de brosser l’église orthodoxe dans le sens du poil, d’où notamment l’essor de lois réprimant “l’homosexualité visible”, ou la critique démonstrative de la religion. Son discours et sa politique étrangère sont fortement teintés de retour à l’ordre moral et de nationalisme. Economiquement, sa base théorique ne ressemble plus à grand chose: capitaliste certes, libéral quand ça l’arrange, mais surtout dirigiste, l’état cherchant avant tout à garder un contrôle politique, voire des parts d’actionnaire, des grandes industries liées aux gisements de matières premières. Russie Unie et Vladimir Poutine ont longtemps été crédités, à juste titre, pour la stabilisation économique et monétaire du début des années 2000, qui ont suivi les années 90 qui furent celles des espoirs déçus: désintégration de l’empire, perte de prestige de la Russie, inflation, explosion mafieuse, état en faillite incapable de payer ses fonctionnaires et ses retraités. Sur ces cinq aspects, le succès initial de Russie Unie a été réel et a suscité d’abord un soutien très fort de la population, soutien qui demeure solide notamment chez les plus âgés. Mais ces succès ne peuvent masquer nombre de problèmes assez graves. Tout d’abord, le progrès économique semble avoir du mal à se propager au delà de Moscou et St-Petersbourg (cela fera l’objet d’autres articles). Ensuite, si les russes ont l’impression de se rapprocher de plus en plus du niveau de vie occidental, ils ont le sentiment que l’état ne traite pas également les citoyens et ne respecte pas leurs droits. Les coûts de la corruption, notamment pour les petites entreprises, deviennent insupportables: il est en pratique impossible de rentrer en concurrence avec une grande entreprise appuyée par le pouvoir, ni même facile de se défendre en justice en cas de litige avec un de ces conglomérats. Enfin, les plus éclairés se demandent si les révolutions qui se produisent en occident dans le domaine du gaz ne risquent pas de réduire à néant la manne gazière du pays, et pensent que l’actuelle structure oligarchique du pouvoir et de l’économie ne les y prépare pas. Emergence tardive d’une opposition unie Face à ce délitement de l’état de droit, perçu comme le problème numéro un par l’opposition, celle ci, après moult querelles, bisbilles et réconciliations, semble opérer une fédération stable sous la bannière de la “Plateforme Civile”, fondée et soutenue par l’oligarque Mikhail Prokhorov, ancien basketteur, propriétaire de la franchise NBA des Brooklyn Nets, magnat des métaux et de la banque d’affaire, et propriétaire d’une chaine de télévision non-hertzienne, “pesant” au bas mot plus de 10 milliards de dollars. Afin de ne pas subir le sort de Mikhail Khodorkovski, ...
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