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Cette fois-ci, c'est différent !

Charles Sannat Publié le 20 septembre 2012
3391 mots - Temps de lecture : 8 - 13 minutes
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Mes chères contrariées, mes chers contrariens, Hier j'évoquais rapidement l'idée absurde à mon sens mais reprise de façon assez large depuis le début de la crise financière en 2007 : 1929 ne peut pas se reproduire !! Telle est l'idée véhiculée notamment par le gouverneur de la Banque centrale américaine, la FED. Ce dernier est d'ailleurs « joliment » surnommé « Ben l'hélicoptère ». Avant de devenir gouverneur, notre ami Uncle Ben (celui dont les billets ne collent jamais) avait effectué quelques menus travaux et recherches économiques sur la grande crise de 1929. Il avait résumé sa pensée en disant que pour lutter contre la déflation, il était prêt à larguer autant de billets que nécessaire par hélicoptère au-dessus des foules en délire... Il en avait tiré quelques conclusions qu'il s'évertue depuis à appliquer avec une constance totale. Les banques tu sauveras La première idée était que, lors de la crise de 1929, l'état américain avait laissé s'effondrer les banques et que cela avait aggravé de manière considérable une récession qui trouvait ses origines fondamentales dans un surendettement massif des agents économiques et de surcapacités de production tout aussi grandes. Conclusion : il faut soutenir les banques et le système financier. Que fait la FED depuis 2007 : la FED a donc sauvé les banques et le système financier. Elle continue d'ailleurs à le faire, ce qui est le cas avec le QE3, qui est le tout dernier plan d'injection de billets tout neufs de 40 milliards de dollars par mois destiné... à racheter les actifs pourris desdites banques. Pour quel résultat ? Depuis le début de la crise, la FED a injecté 26 000 milliards de dollars... pour aucune croissance. Ha non ! me direz-vous, l'année dernière la croissance américaine a été de 1,9 % du PIB. Je vous passe le raisonnement – pertinent quand même – qui consiste à dire que 2 % de croissance d'un PIB de 15 000 milliards de dollars représente une création de richesse d'environ 300 nouveaux milliards de dollars, par rapport à une création monétaire de 26 000 milliards... Dit comme ça, vous commencez à voir poindre comme un léger problème d'ordre mathématique. Mais passons, c'est accessoire, puisque personne n'en parle et que la « crise est derrière nous ». 1,9 % de croissance, lorsque l'inflation est de 3 % (en réalité elle est de plus mais ce n'est pas grave non plus), cela veut dire que votre économie est en réalité en récession de 1,1 %... On ne peut donc pas dire que cette politique soit un grand succès, eu égard aux tombereaux monumentaux de nouveaux billets (qui ne collent jamais) imprimés par Uncle Ben. Des taux bas tu maintiendras La deuxième idée était que le krach de 1929, point de départ qu'aura retenu l'histoire pour cette crise économique, avait été causé – ce qui est moins connu – par plusieurs relèvements successifs des taux d'intérêt par la Banque centrale américaine. Tout le monde à l'époque spéculait sur les actions (qui monteraient pour l'éternité car cette fois-là c'était différent), les journaux financiers recevaient des sacs entiers de courriers de braves gens demandant comment on pouvait faire fortune rapidement. Une gamine avait même écrit une lettre qui avait ému l'Amérique toute entière à un canard boursier quelconque. Du coup, des lecteurs s'étaient cotisés pour permettre à la fillette d'acheter ses premières actions. Il ne fallait pas être un grand devin pour voir qu'une folie spéculative s'était emparée des agents économiques à travers tout le pays... et au-delà d'ailleurs. La FED monte les taux d'intérêt pour essayer de calmer la situation. Les appels de marge des banques auprès de leurs clients pour que ces derniers couvrent leurs crédits entraînent des ventes de titres à chaque hausse des taux d'intérêt... Jusqu'au krach final et dévastateur. A l'époque, toutes les actions sont achetées à crédit. Conclusion : il faut maintenir les taux d'intérêt au plus bas pour éviter la défaillance massive des agents économiques, ce qui entraîne une déflation sans limites. Que fait la FED depuis 2007 : la FED applique donc son idée de base, maintenir les taux au plus bas. Ils sont donc maintenus entre 0 et 0,25 %. Lors de sa dernière intervention, Ben Bernanke a précisé que se serait le cas jusqu'en 2015 au moins... Lorsque l'on regarde les rendements des obligations d'états des pays les moins mauvais (pardon, jugés comme les plus solides par les investisseurs), les taux nets d'inflation sont même devenus négatifs. Cela signifie qu'un épargnant avisé accepte de perdre de l'argent en prêtant son argent. Vous prêtez 100, on vous rendra 95 en pouvoir d'achat dans 10 ans ! Fabuleux n'est-ce pas? Cela ne choque personne, mais économiquement parlant c'est gravissime. Pour quel résultat ? Les taux ne peuvent globalement pas être plus bas. Or, si les ménages continuent un peu à consommer, en réalité, ils ont surtout commencé à s'adapter à la crise. Logiquement, lorsque l'avenir devient incertain, que les impôts augmentent, que les prix ne cessent de grimper, que vous risquez de perdre votre emploi du jour au lendemain... Vous ne faites pas de nouveaux crédits. Vous allez tenter de vous désendetter et d'épargner. C'est exactement ce qu'il se passe. Les ménages se désendettent et les taux d'épargne partout à travers la planète reprennent le chemin de la hausse. La politique des taux bas ne permet donc pas d'obtenir une relance réelle de la mac...
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