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Comment se protéger contre la mafia policière

Martin Masse Publié le 04 mars 2000
2683 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Le Quebecois libre

Imaginez que vous traversez un pont de la Rive-Sud vers Montréal. Vous êtes pressé, vous avez un rendez-vous important dans le centre-ville. Le trafic est extrêmement lent et vous voyez des voitures de police au loin qui arrêtent systématiquement les automobilistes pour leur poser des questions. Lorsque c'est votre tour, vous répondez bêtement à l'officier qui vous demande quelques questions idiotes sur le port de la ceinture de sécurité et lui faites savoir clairement que vous n'avez commis aucun crime, que vous êtes pressé, et que vous considérez inacceptable d'être ainsi pris en otage sans raison valable par quelqu'un qui devrait plutôt vous protéger. La brute à chemise verte ne le prend pas, se met à vous engueuler, vous demande de sortir de voiture, demande à son collègue de vous fouillez et menace de vous frapper avec son bâton si vous ouvrez la bouche. Votre conjointe, restée dans la voiture, voit la situation qui se détériore. Prise de panique, elle serre le téléphone cellulaire dans ses mains et se demande si elle ne devrait pas appeler quelqu'un à l'aide. Appeler... mais qui? Moyens de pression Il ne s'agit pas d'une histoire vécue, mais cette situation aurait pu se produire – et s'est peut-être réellement produite – la semaine dernière, alors que les policiers de la Sûreté du Québec ont bloqué la circulation pendant deux jours sur les principales artères des régions métropolitaines de Montréal, Québec et Hull en guise de moyens de pression. Des milliers d'automobilistes en ont été victimes. À Québec, une ambulance a été bloquée sur l'autoroute alors qu'elle se rendait prendre un patient qui souffrait de convulsions, un appel urgent jugé de « Priorité 1 ». Le contrat de travail des policiers est échu depuis 20 mois et le litige porte sur les augmentations de salaire. Le syndicat des policiers de la SQ, l'Association des policiers provinciaux, exige une hausse salariale de 7,5% sur quatre ans, avec en plus un « rattrapage » de 7% pour être sur le même pied que leurs collègues du Service de police de la CUM, qui sont au second rang au Canada parmi les mieux payés. Le gouvernement n'offre de son côté que 9% sur quatre ans, la même chose qui a été consentie aux autres employés du secteur public. Même avant ces augmentations, les policiers ne sont certainement pas les parents pauvres de la fonction publique ni dans le marché du travail en général. Ils obtiennent leur permanence après un an et atteignent le sommet de l'échelle salariale après cinq ans seulement. À son entrée, un jeune policier qui n'a qu'un diplôme collégial fait 31 310 $ par année; cinq ans plus tard il en fait 53 520 $. Et c'est sans compter les multiples avantages sociaux dont ils bénéficient et qui semblent exorbitants pour le commun des mortels qui fait un salaire moyen et subit un fardeau fiscal plus que moyen. Mais parce que la Sûreté du Québec est notre « police nationale » – la Gendarmerie royale du Canada ne joue qu'un rôle mineur sur le territoire québécois – le gouvernement est toujours confronté à un dilemme lorsque viennent les négociations du secteur public. Il peut se permettre de jouer dur avec d'autres syndicats et de promulguer les décrets ordonnant l'arrêt de moyens de pression et les lois forçant le retour au travail: il a une police pour les faire respecter si des syndiqués récalcitrants refusent d'obtempérer. Mais lorsque vient le temps de tenir tête aux revendications des policiers, que peut-il faire pour assurer son autorité? Qui va policer la police? Le gros bout du bâton Parce qu'ils couvrent la majeure partie du territoire québécois en dehors des grands centres qui ont leur propre corps policier, les policiers de la SQ ont pour ainsi dire le gros bout du bâton. Le gouvernement n'a pas d'alternative, il ne peut pas se passer d'eux. Ceux-ci peuvent d'ailleurs se permettre d'intimider les politiciens de façon pas très subtile pour appuyer leurs revendications, comme ils l'ont fait l'année dernière à Drummondville, alors qu'un cordon de policiers en uniforme et portant l'arme a fait office de comité d'accueil bruyant et menaçant lors d'un congrè...
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