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Crise bovine: l’agriculture française malade de l’étatisme. Libérons là !

Vincent Bénard Publié le 23 juillet 2015
3150 mots - Temps de lecture : 7 - 12 minutes
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“Les éleveurs vont mal, les éleveurs bloquent la Normandie, les éleveurs n’en peuvent plus, les éleveurs vont mourir… Mais le gouvernement, soucieux du bonheur des campagnes, va finalement lâcher 600 millions dans unplan d’urgence en faveur des filières bovines.” Ainsi va la vie en France: bloquer, détruire, casser, cela paie. Crise et réponses imbéciles du politique Parmi les mesures obtenues de force par les agriculteurs, des “reports de paiement” de charges, d’impôts, de cotisations sociales, et le couteau mis sous la gorge du crédit agricole pour le forcer à restructurer les dettes des exploitations, et utilisation de la BPI pour garantir des prêts aux exploitants. Jusque là, cadeaux “classiques”, petites gabegies présentées comme indolores par les mauvais économistes, dont le coût sera reporté par l’état, les banques, et la BPI, sur leurs autres “clients”. Mais il était dit que cette crise serait l’occasion pour certains d’exprimer tout leur potentiel de stupidité. Commençons donc, à tout seigneur tout honneur, par l’incroyable remède à la crise proposé par notre ministre de l’agriculture, un certain Le Foll, qui demande aux distributeurs et aux industriels de la filière de transformation de faire un effort et d’acheter la viande « plus chère ». Le gouvernement va organiser d’urgence des séances de travail entre agriculteurs, transformateurs et distribution pour “obtenir des accords” sur le prix de la viande. Les prix administrés, mais comment n’y avait on pas pensé avant ? Car naturellement, c’est bien connu, si les distributeurs vendent la viande plus cher, les gens continueront d’en acheter, voire même, augmenteront leur consommation, non ? On aide énormément les producteurs à trouver plus de clients en augmentant le prix de leur production, c’est écrit dans tous les manuels d’économie... Trêve de plaisanterie. Si le prix augmente, la quantité achetée baissera, les agriculteurs perdront d’une main ce qu’ils auront cru gagner de l’autre. Qu’un gouvernement propose de telles inepties dépasse l’entendement. « Mais la grande distribution se gave, elle fait des marges indécentes », entend on partout. Dans un grand élan de confusion entre marge brute et nette, les pourcentages pleuvent. Mais la grande distribution est un secteur à faible marge nette, entre 1 et 3% du chiffre d’affaire total selon les années et les enseignes. Et, selon cette enquête de BFM TV, les rayons boucherie des grandes surfaces opèreraient à perte, les hypers se rattrapant ailleurs. « Mais les intermédiaires, mon bon monsieur, hein, les Zin-Ter-Mé-Diaires, ils s’en mettent plein les fouilles » ? Là encore la marge nette des abatteurs est inférieure à 3% de leur valeur ajoutée. C’est mieux que rien, mais cela n’a rien de prohibitif, vous en conviendrez ! Le problème n’est donc pas là. Un peu de théorie ennuyeuse, d’ailleurs : la valeur, pour le consommateur, n’est pas dans « la viande » mais dans « la viande que je peux acheter près de chez moi ». La côte de bœuf n’a absolument aucun intérêt si je dois faire 50 kilomètres pour aller chercher un morceau de carcasse non préparé chez le producteur, de mon point de vue de citadin. Il est donc normal que la valeur ajoutée soit partagée entre ceux qui produisent la matière première, et ceux qui permettent à la production de rencontrer le client. Les intermédiaires jouent un rôle essentiel dans la création de valeur globale. Fin de la parenthèse. Des consommateurs moins carnivores ? Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos vaches : nous avons en France tout un secteur qui opère à faible marge, voire à marge négative. Pourquoi ? Parce que la consommation de viande bovine baisse, et que pour vendre, les distributeurs ne peuvent pas faire valser les étiquettes. D’une part, le consommateur français a moins d’argent, grâce aux extraordinaires performances économiques de nos politiques. D’autre part, plusieurs de nos débouchés internationaux se sont bouchés (sans jeu de mots) ou réduits, comme la Russie (sanctions), la Grèce (Plus de crédit fournisseur), ou l’Italie (crise du pouvoir d’achat). Sans doute aussi les scandales de ces derniers d’années tels que les escroqueries au cheval, ont rendu le consommateur plus regardant sur certains achats. Enfin, une petite modification réglementaire est passée relativement inaperçue, mais l’étiquetage des morceaux a été modifié pour soi disant « simplifier la vie du consommateur ». Ainsi, on ne parle plus de « tende de tranche », de « rond de tranche » ou de « poire » dans les rayons de supermarché, mais de… « viande à brochettes 2 étoiles ». Je ne prétends pas être représentatif de l’ensemble des acheteurs, mais je me sens moins bien informé qu’avant. Peut être la filière pensait elle qu’en infantilisant le consommateur, elle relancerait les ventes ? A première vue, c’est raté. Vrais boulets et fausses béquilles J’ai voulu tenter d’en savoir un pe...
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