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Crise des subprimes: analyse critique du plan Paulson Welfare state for the rich !

Vincent Bénard Publié le 22 septembre 2008
3356 mots - Temps de lecture : 8 - 13 minutes
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Objectif Liberté

Plan Paulson: le même que pour notre Crédit Lyonnais, mais en plus grand Le secrétaire américain au trésor, Henry "Hank" Paulson (photo, à côté de Ben Bernanke), a annoncé jeudi la création d'une vaste structure de "defeasance" étatique -- en anglais: RTC, pour Resolution Trust Corporation - ayant pour mission de racheter à toute banque ses créances sinistrées par la crise financière, moyennant une décote (négociée au cas par cas), la structure de defeasance se chargeant ensuite de revendre ces actifs une fois les marchés revenus au calme. Naturellement, l'achat sera financé par les contribuables américains, ceux de demain, par une augmentation de la dette fédérale. Puis le gouvernement revendra les actifs, et la perte supportée in fine par les citoyens sera la différence entre le prix de rachat des créances vaseuses et le prix de leur liquidation, augmenté des intérêts qui auront couru le temps que cette liquidation ait lieu. C'est, à une toute autre échelle, le système qui a été mis en place sous le nom de CDR pour liquider les actifs pourris du Crédit Lyonnais, dont la facture finale pour les contribuables français a été évaluée à environ 20 milliards d'euros. Il est encore trop tôt pour dire ce que coûtera le plan Paulson au trésor. Sachant que le secteur bancaire a déjà inscrit sur ses comptes plus de 510 milliards de dollars de dépréciations, et que la fourchette citée par les économistes varie de 1000 à 2000 milliards de dépréciations encore à passer, on peut tabler sur un coût final approximatif de l'ordre de 1000 milliards pour le contribuable (à ce niveau, qui en est à 500 milliards près ?), financé intégralement par l'émission de nouvelles dettes. A ce stade, plusieurs questions se posent : Le plan Paulson est il soutenable financièrement pour le trésor américain ? La réponse à cette première question est indiscutablement oui: la dette publique fédérale américaine représentait -- fin 2007-- 9000 milliards de dollars (65,5% du PIB) dont environ 5000 en bons du trésor (l'équivalent de nos OAT - environ 37% du PIB), la différence étant constituée par les engagements du régime général de retraites américain (social security), dont on sait trop peu qu'il est public et par répartition aux USA aussi. Pour mémoire, rappelons qu'en France, le ratio dette sur PIB de 66% énoncé par l'état au titre des accords de Maastricht ne concerne que la dette négociable (OAT et instruments similaires), les engagements de notre régime général de retraite étant cernés avec... une relative imprécision. La situation américaine est donc fondamentalement nettement plus saine (je devrais dire: beaucoup moins malsaine) que la notre de ce point de vue. L'état américain dispose donc d'une marge d'endettement supplémentaire conséquente. Hank Paulson a fait voter le 27 juillet une provision permettant de porter la limite légale de l'endettement fédéral total de 9 800 milliards à 10 600 milliards de dollars, et propose de relever encore de 700 milliards supplémentaires ce plafond, le portant donc à 11 300 milliards. Ces tranches nouvelles d'obligations de l'état américain devraient pouvoir être aisément placées par le trésor, au prix peut être d'un renchérissement du taux demandé par les emprunteurs, un tel afflux de demande de crédit ne pouvant qu'en renchérir le coût. Le plan Paulson n'a t'il pas de graves inconvénients à long terme ? Là encore, indiscutablement, la réponse est oui. Dans un climat de sauve-qui-peut généralisé, les différents décideurs doivent agir rapidement, sauver leur peau à court terme, puis, une fois la tempête calmée, s'attacher à évaluer les dégâts et à reconstruire. Par conséquent, il est évident que Paulson n'accorde que peu de considération aux conséquences à long terme de son plan de sauvetage: il ne sera plus là dans trois mois et demie. Premier inconvénient: le risque moral Un tel plan fait évidemment porter une partie du fardeau de la débâcle aux actionnaires des banques en difficulté, puisque les banques impactées devront enregistrer de nouveaux write down, et pour certaines devront accepter de voir titriser leur dette par l'état au détriment des actionnaires en place. Ce n'est que pure logique: ceux ci ont mal évalué la valeur de leur investissement, ils sont sanctionnés. Rien à redire. Naturellement, nombre d'entre eux risquent, dans les mois à venir, de former des class action contre un certain nombre de dirigeants d'établissement financiers dont la présentation des comptes n'était pas sincère. Les tribunaux trancheront. Business as usual. Mais le plan Paulson choisit de garantir les porteurs de dettes de ces banques par l'argent du contribuable. N'aurait il pas mieux valu que ces porteurs de dette soient également sanctionnés et que le contribuable ne soit pas mis à contribution pour éponger les pertes de prêteurs qui n'avaient, après tout, qu'à mieux évaluer leur risque ? Cette situation est ce que les économistes appellent un "moral hazard", intraduisible pour rendre la nuance du terme, hazard devant ici être pris au sens de "risque". Les détenteurs de dettes émises par les banques pour refinancer leurs prêts sont eux mêmes pour la plupart des institutions financières: fonds d'investissement, compagnies d'assurance, etc... Ce sont des professionnels qui avaient parfaitement les moyen...
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