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De l’abandon à venir des acquis sociaux… LHK

Liliane Held-Khawam Publié le 21 décembre 2019
5577 mots - Temps de lecture : 13 - 22 minutes
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« Les services publics et les acquis sociaux, arrachés de haute lutte par des générations d’ouvriers et d’employés, ne résultent pas d’une grâce providentielle. Ils ne sont pas la propriété de l’État. Ils appartiennent à l’ensemble des citoyens. » Raoul Vaneigem – Modestes propositions aux grévistes – 2004 La globalisation qui fait émerger le Nouveau Monde s’accommode fort bien de l’esclavage, y c de celui des enfants. Apple, Microsoft, Google, Tesla et Dell accusés d’exploitation d’enfants dans des mines de cobalt, sont enfin visés par une plainte émanant d’une organisation de défense des droits de l’homme. Il était temps! Ce phénomène est connu depuis de nombreuses années. Alors, pensez-vous que les dirigeants de la planète finance qui contrôle ces 5 entreprises vont accepter de gouverner des îlots dotés d’acquis sociaux? Expliquer les mutations qui frappent la société occidentale sans les positionner dans un contexte global d’émergence du Nouveau Monde est regrettable. La globalisation de la planète est un fait méconnu, voire inconnu du grand public. Le mot est même qualifié d’anglicisme et signifierait mondialisation. Il n’y a rien de plus faux! La globalisation est l’étape ultime de l’unification de la planète et de ses populations. Le nouveau territoire constitué est ainsi le fruit d’un tissage serré de flux et d’interactions. « Nous avons affirmé que la réalité sociale dans laquelle nous vivons et qui détermine nos choix sociaux n’est pas constituée d’une multitude d’États-nations dont nous sommes les citoyens, mais d’une entité plus grande, que nous appelons « système-monde ». Nous avons dit que ce système-monde comporte plusieurs institutions- États et système interétatique, entreprises, ménages, classes, groupes identitaires, de toutes sortes- et que ces institutions forment une matrice qui permet au système de fonctionner (…) ». Emmanuel Wallerstein, sociologue américain, spécialiste de la théorie du système-monde. (Extrait de Coup d’État planétaire) Hélas, par méconnaissance, la réorganisation de la planète en Système-monde est très peu abordé dans les médias grand public, alors même que ses mécanismes nous touchent tous et ce à tous les niveaux de notre vie quotidienne. Dans ce mouvement globalisant, la mondialisation est largement dépassée, et une nouvelle structure est promue: un nouvel ordre du monde, des États, des activités productives, etc. Sous ces impératifs, le monde devient un unique grand ensemble, constitué de sous-ensembles régionaux. Le Club de Rome en répertoriait dix dans les années 70 déjà : Le Club de Rome est un puissant think-tank associant un nombre important d’industriels, d’économistes, de scientifiques, de hauts fonctionnaires nationaux et internationaux, y compris des rois et reines. Son président fondateur était Aurelio Peccei, le patron de Fiat. (Extrait de Coup d’Etat planétaire) Ce monde unifiée découpé en dix régions fut repris par un rapport de l’ONU: Or, ce nouveau monde a fait du marché de la haute finance la référence absolue des processus globaux de production- y compris sociales- privés mais aussi publics. C’est le principe de la financiarisation. Ce marché financiarisé et porté par la finance globale fait fi des territoires nationaux, de leur législation contraignante. A la recherche d’une croissance de la productivité et de la rentabilité, il va chercher à se débarrasser de ce qui peut les freiner. Il est en fait en quête de liberté absolue, voire même de souveraineté planétaire. Ce design qui émane de Toyota montre que flux et interactions sont planétaires. C’est par ce biais que les services publics, les acquis sociaux, et autre droit du travail liés à des législations nationales sont sur la sellette. On appelle acquis sociaux des droits ou des avantages qui sont consentis aux salariés. Ils peuvent découler (Extrait toupie.org): du statut du salarié (fonctionnaire, employé, profession libérale, etc.), du statut de l’employeur (État, entreprise publique, établissement public, collectivité territoriale, entreprise privée, etc.), du code du travail, et donc de la loi, de la convention collective d’une branche professionnelle, du contrat de travail, des usages et des pratiques reconnus implicitement par l’employeur. Les acquis sociaux peuvent avoir été obtenus par décision du pouvoir politique, après des négociations entre les partenaires sociaux ou sous la pression de mouvements sociaux comme la grève. Ils ne peuvent être remis en cause que sous certaines conditions, fixées par la Cour de cassation. Exemples d’acquis sociaux en France : les congés payés (Front populaire, 1936), la Sécurité sociale (Conseil national de la Résistance, 1945), l’interdiction du travail des enfants, les congés maternité, la diminution du temps de travail. L’ensemble de ces exemples d’acquis sociaux sont ou seront attaqués. Tôt ou tard. Ils ne correspondent pas à la logique des nouveaux gouvernants de la planète, imprégnés par la logique du rendement et des indicateurs de Coûts/bénéfices. La Sécurité sociale devra être réformée, ainsi que sa branche « retraite ». Le mot retraite désigne la pension versée à une personne en situation de retraite (sens n°3) par la caisse « Vieillesse » de la Sécurité sociale, après sa cessation d’activités professionnelles. Elle est attribuée en fonction des cotisations qui ont été versées à un régime d’assurance vieillesse. Ex : toucher sa retraite En France, le système des retraites est celui de la « répartition » qui repose sur la solidarité entre les générations. Les pensions des retraités actuels sont financées par les cotisations prélevées sur les salaires des actifs actuels. Il existe d’autres systèmes : système basé sur l’épargne (retraite par capitalisation, assurance-vie, …) Il peut être individuel ou collectif, facultatif ou partiellement obligatoire. système mixte avec une proportion variable de répartition et de capitalisation. En pratique, les régimes réels ne sont jamais purement par répartition ou par capitalisation. (toupie.org) Dans un monde globalisé, où les pays à petits revenus font la concurrence aux populations des pays dits riches, il est impossible de maintenir durablement des acquis sociaux, ou des enclaves bénéficiant de traitements de faveur. Le nivellement de traitement des Ressources humaines (autrefois appelées humanité) se fera par le bas malgré un discours faussement progressiste et social. Dans un pays comme la France, une tentative de réformer la Constitution a fini par être abandonnée en juillet 2018. Il s’agissait de remplacer l’emblématique « Sécurité » sociale par « Protection » sociale. Tout un symbole… Pour l’heure, dans le pays des droits de l’homme, « 612 SDF sont décédés en France en 2018, ils avaient moins de 50 ans en moyenne »… LHK Retraite, chômage, Sécu : « L’État ne sert plus le bien public » | JACQUES SAPIR Sécurité sociale française: de la genèse à la réforme. ATTAC France Nous savons que tous les progrès sociaux, comme tous les reculs sociaux, sont le résultat de tensions et de conflits, de rapports de forces entre intérêts différents, entre visions opposées, voire contradictoires, de la société. L’exemple de la Sécurité sociale l’illustre parfaitement. 1 – La marque du Conseil National de la Résistance (CNR) Par la grande Histoire, nous savons que le Conseil national de la Résistance (CNR) a été le regroupement des différents mouvements de résistance en France réalisé par Jean Moulin, qui avait été mandaté par le Général De Gaulle à compter du 1er janvier 1942. La première réunion du CNR a eu lieu à Paris le 27 mai 1943, réunion à laquelle participent les représentants de huit mouvements de résistance, deux représentants des syndicats (CGT et CFTC) et six représentants de partis politiques (PC, SFIO, Radicaux, Démocrates chrétiens, un parti de droite modérée et laïque, un parti de droite conservatrice et catholique). L’éventail était donc assez large. Il excluait toutes les forces collaborationnistes. Le regroupement se faisait sur l’opposition, y compris bien entendu par les armes, à l’occupant nazi et à l’appareil d’État du régime de Vichy. La volonté commune était le retour à la souveraineté nationale et à la démocratie. Le CNR a chargé un Comité général d’étude de préparer une plate-forme politique pour la France d’après la Libération. Les points essentiels en seront entérinés en novembre 1943 à Alger par le Général de Gaulle. Le programme du CNR sera adopté le 15 mars 1944. Il comporte une partie intitulée « mesures à appliquer dès la Libération du territoire » qui constitue une sorte de programme de gouvernement. À ce titre, le programme comporte des mesures visant à réduire la mainmise des collaborationnistes sur le pays et des mesures de moyen terme comme le rétablisseme...
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