6287 search

De l’exubérance monétaire aux cycles économiques

Martin Masse Extrait des Archives : publié le 17 novembre 2009
2198 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
Lire plus tard
Le Quebecois libre

Depuis la dernière importante récession du début des années 1980, la perception selon laquelle les banques centrales des pays industrialisés ont très bien joué leur rôle de gardiennes du pouvoir d'achat est largement répandue. On se souviendra que l'Indice des prix à la consommation (IPC) atteignait alors des sommets alarmants: 13% aux États-Unis en 1980. La Réserve fédérale américaine sous la direction de Paul Volcker (aujourd'hui conseiller économique du président Obama) avait fortement resserré la politique monétaire et haussé son taux d'intérêt à 20% en 1981, provoquant ainsi la récession et jugulant les fortes pressions inflationnistes. Depuis, l'IPC est redescendu autour de 2 à 3%. On pourrait donc croire que la création de monnaie, qui est la cause ultime de la hausse des prix à la consommation, a elle aussi été modeste pendant toute cette période. À tout le moins, presque personne ne soulève la question. Et si l'on constate malgré tout la présence de bulles spéculatives, une quantité anormale de crédit disponible et le cycle familier des booms et krachs économiques, ce ne serait pas le résultat d'une création monétaire excessive mais plutôt d'autres facteurs. La thèse la plus populaire veut que le capitalisme soit par nature instable. La recherche du profit générerait des excès qui se transforment inévitablement en crise. Une déréglementation trop poussée des marchés financiers accentuerait encore davantage cette tendance. Il faudrait donc renforcer la régulation de ces marchés pour éviter les dérapages. Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, a évoqué lors du symposium annuel des banquiers centraux du monde au Wyoming en août dernier une thèse qui va encore plus loin(1). Elle stipule que la stabilité des prix suscite un excès de confiance chez les prêteurs et les emprunteurs, ce qui les pousse à prendre des risques accrus. Cette « exubérance » alimente les bulles spéculatives et crée à terme une situation intenable. Loin donc de diminuer l'incertitude sur les marchés comme on l'a longtemps cru, la stabilité sur le plan monétaire provoquerait une instabilité financière. Les banques centrales auraient non seulement fait un bon travail, mais un trop bon travail de contrôle de l'inflation qui aurait endormi les marchés. Et là encore, la solution se trouverait dans un encadrement plus serré de ces derniers pour leur éviter de commettre des imprudences. D'autres théories ont été proposées, comme celle d'Alan Greenspan à propos d'un présumé surplus d'épargne des Asiatiques qui aurait alimenté le crédit aux États-Unis. Elles ont toutes l'avantage de permettre aux banquiers centraux de se disculper de l'accusation d'avoir mené une politique monétaire trop laxiste. L'inflation officielle remise en question Est-il toutefois exact de prétendre que les banques centrales n'ont rien à se reprocher? L'inflation, aussi bien l'inflation monétaire que l'inflation des prix, a-t-elle vraiment été sous contrôle depuis un quart de siècle? On peut contester cette affirmation de diverses façons. Une première constatation se fonde sur le taux officiel de l'IPC. Un taux relativement modeste de 3% par année finit, après quelques décennies, par donner des chiffres impressionnants. Ainsi, de 1983 à 2008, l'inflation cumulée aux États-Unis s'est élevée à 115%. Ce qui signifie qu'un dollar d'il y a 25 ans n'a plus aujourd'hui qu'un pouvoir d'achat équivalent à 46...
Cet article est reservé uniquement pour les membres Premium. 75% reste à lire.
Je me connecte
24hGold Premium
Abonnez-vous pour 1€ seulement
Annulable à tout moment
Inscription
Articles en illimité et contenus premium Je m'abonne
Editoriaux
et Nouvelles
Actions
Minières
Or et
Argent
Marchés La Cote
search 6287
search