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Donner un sens aux indices économiques

Frank Shostak Extrait des Archives : publié le 01 juin 2009
3059 mots - Temps de lecture : 7 - 12 minutes
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Frank Shostak.

Le dévoilement périodique, par le gouvernement, des indices économiques tels le PIB, l'indice des prix à la consommation (IPC) et le taux de chômage reçoit une importante couverture dans les médias populaires tels la télévision et les quotidiens. Viennent ensuite les commentaires d'économistes et autres experts sur la santé économique, exprimés sur un ton d'autorité. Ainsi, une augmentation du produit intérieur brut est interprétée comme une bonne nouvelle, alors qu'une diminution est vue comme signalant des problèmes à venir. Les opinions d'experts ne se limitent pas à la santé économique, ceux-ci offrent aussi leurs conseils en matière d'investissement. Certains économistes semblent capables d'offrir des analyses tant qualitatives que quantitatives. Ils diront, par exemple, que l'économie devrait croître de 0,6% au prochain trimestre et de 1,2% par la suite, ou encore, qu'une faible inflation aidera la Banque centrale à diminuer le taux directeur afin de revigorer l'économie. Ce type de commentaires donne vraiment l'impression à celui qui l'entend que les économistes maîtrisent tout à fait leurs domaines d'expertise. Mais quels sont donc les outils utilisés par ces experts? Quelle est leur méthodologie? Faire parler les données Dans le but de faire « parler » les données, les économistes conventionnels utilisent toute une gamme de méthodes statistiques allant du modèle le plus sophistiqué à une simple présentation de données historiques. Il est généralement admis que par des corrélations statistiques, on peut organiser les données historiques en un ensemble utile d'informations qui, à son tour, peut servir de base à l'évaluation de l'économie. En somme, appliquer une méthode statistique à des données historiques permettrait d'extraire les faits bruts de la réalité concernant l'état de l'économie. Toutefois, les choses ne sont pas aussi simples. Par exemple, il a été observé qu'une baisse du taux de chômage est associée à une hausse des prix des biens et services. Devrions-nous en conclure qu'une baisse du taux de chômage provoque l'inflation des prix? Comme si cela ne suffisait pas, il a également été observé qu'une inflation des prix est hautement corrélée avec une augmentation dans l'offre de monnaie. Et il a été établi que les augmentations de salaires suivent de près l'inflation des prix. Que conclure? Nous sommes confrontés ici non pas à une, mais à trois théories de l'inflation. Quelle est la bonne? Selon la pensée populaire, le critère de sélection d'une théorie devrait être sa capacité prédictive. Sur ce, Milton Friedman écrit: « Le but ultime d'une science positive est le développement d'une théorie ou hypothèse qui résulte en des prédictions valides et significatives (non tautologiques) de phénomènes non encore observés.(1) » Tout est-il incertain? Aussi longtemps que le modèle théorique « fonctionne », cela est considéré, dans les limites de l'observation économique, comme étant valide. Du moment où le modèle n'a plus de capacité prédictive, on doit chercher à le remplacer. Par exemple, un économiste développe l'idée que les dépenses des consommateurs sont déterminées par le revenu disponible. À partir du moment que cette hypothèse est validée par des méthodes statistiques, on peut l'utiliser pour l'évaluation des dépenses futures. Si le modèle ne produit pas les résultats escomptés, ou bien on le remplace ou bien on y ajoute une ou plusieurs variables explicatives. La nature approximative des théories implique que notre connaissance du monde nous échappe et que les économistes ne peuvent même pas être certains de la loi de l'offre et de la demande. Tout est constamment en train d'évoluer. Par exemple, bien que l'on accepte qu'une augmentation de l'offre d'un bien pour une demande donnée diminue son prix, il n'en sera pas toujours ainsi. En effet, on peut aussi bien imaginer une situation où le prix d'un bien augmentera. Il en découle que nous sommes condamnés à l'incertitude totale en ce qui a trait au monde réel. Puisqu'il est impossible d'établir comment les choses « fonctionnent réellement », alors la nature des hypothèses qui sous-tendent un modèle théorique importe peu. En autant que le modèle fait de bonnes prédictions, tout va. Selon Friedman: La question pertinente à demander à propos des postulats d'une théorie n'est pas de savoir s'ils décrivent bien la réalité, car ils n'y arrivent jamais, mais de savoir s'ils sont de bonnes approximations. Cette question n'a de réponse qu'en évaluant si la théorie fonctionne, c'est-à-dire si les prédictions qui en résultent sont suffisamment précises.(2) Deux types d'économistes Ce point de vue selon lequel notre connaissance ne peut qu'être approximative a donné naissance à deux groupes d'économistes. Dans un camp, vous avez ceux qui se définis...
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