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Doutes dans l’establishment

Actualité de la Crise Publié le 22 octobre 2009
2213 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) Tandis que l’idée d’une taxe sur les transactions financières ne cesse de partir dans tous les sens en France (surtout sur des voies de garage), une toute autre et radicale problématique vient à de resurgir en Grande-Bretagne. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, a mis mardi soir les pieds dans le plat à l’occasion d’une conférence à Edimbourg, en Ecosse. Considérant comme « illusoire » tout tentative de réguler efficacement la finance par des mesures, même « appropriées » insiste-t-il, s’inscrivant ainsi à rebrousse poil de ce qui est laborieusement entrepris sous les auspices du G20, il a préconisé une séparation des banques en deux catégories. Celles qui seraient chargées des tâches d’intermédiation classiques (activités de prêt aux entreprises et aux particuliers) et les autres, qui spéculeraient sur les marchés. Celles qui sont essentielles à l’économie et celles qui développent des activités à risque et qui, selon lui, ne devraient pas pouvoir bénéficier de garanties publiques. Le gouverneur, sans y faire référence expressément, s’inscrivait dans le cadre du Glass-Steagall Act, cette loi américaine qui instaurait une séparation entre banque de dépôt et banque d’investissement, adoptée en 1931 et abrogée en 1999 par le Congrès des Etats-Unis. Mervyn King avait été il y a peu précédé sur le même terrain, aux Etats-Unis, par Paul Volcker, conseiller économique de Barack Obama et ancien président de la Fed, qui avait rendu public un même avis (mais est marginalisé à la Maison Blanche). Sous le titre « Volcker ne parvient pas à vendre sa stratégie bancaire », le New York Times du 20 octobre lui consacre un article à ce propos, rappelant les positions identiques, mais s’appuyant sur des considérations qui ne le sont pas nécessairement, d’Alan Greespan et de Josef E. Stiglitz. Il est notable de remarquer, avant même de juger des chances de voir ces propositions aboutir, qu’elles proviennent du choeur de l’establishment financier. Plus particulièrement britannique, si l’on se souvient des propositions iconoclastes de Lord Turner, le président du FSA (le régulateur financier britannique), en faveur d’une taxation des transactions financières. Sans doute, alors qu’ils sont au premières loges pour assister au spectacle de la crise et en fin de carrière (sauf Lord Turner), ces hauts responsables prennent-ils leurs responsabilités particulièrement à coeur… Cela exprime un réel désarroi devant les événements actuels, les mégabanques n’en faisant qu’à leur tête, alors que les perspectives économiques et sociales se révèlent de jour en jour plus sombres, et pour longtemps. Aux Etats-Unis, Daniel Tarullo, l’un des gouverneurs de la Fed, ne rue tout de même pas dans les brancards. Il estime cependant que la régulation financière devrait aller au-delà de ce que prévoit le projet de loi en cours de discussion, exprimant sa préoccupation devant la gestion des risques que représentent les banques trop importantes pour faire faillite, écartant par ailleurs le retour à la loi Glass-Steagall, car « cela ne résoudrait pas tout ». Si l’on ne peut pas « espérer de manière réaliste éliminer l’aléa moral » crée par l’existence de ces institutions financières, il serait nécessaire de trouver les moyens de réduire « ses coûts pour la société ». D’autres voix se font entendre, à Washington et à New York, qui témoignent d’inquiétudes ou de désaccords ...
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