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Droit Au Logement Opposable (DALO) : bilan d'étape d'un échec annoncé

Vincent Bénard Publié le 10 décembre 2008
2816 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
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Objectif Liberté

Selon la gazette des communes du 8 décembre 2008, voici un premier bilan chiffré de la loi DALO, plus connue sous le nom de "Droit Au Logement Opposable" (et éreintée par mes soins dans Le Figaro), votée début 2007 après les manifestations de l'association "Dom Quichotte" près du canal St-Martin: Dossiers déposés : 50 636 (au 31/12) Demandes examinées : 26 625 (par les commissions de médiation) Avis favorables: 13 845 Nombres de ménages relogés suite à une offre de la préfecture: 3 374 Le nombre de familles pudiquement considérées comme "aux portes du logement" se situe aux alentours de 700 000, selon des estimations officielles (difficiles à corroborer, faute de pouvoir compter facilement des SDF et des cabanes de fortune dans les bois et les fonds de jardins, sans oublier les caves et les caravanes...) reprises par la fondation Abbé Pierre. Sans parler des familles logées, mais mal, dans des unités surpeuplées ou dans un état déplorable. Bref, avec de tels rendements, la loi "Droit au logement" devrait permettre de résoudre la crise du mal-logement vers l'année 2140, toutes choses égales par ailleurs. La loi DALO, une mauvaise farce politicienne La plaisanterie est mauvaise, certes, mais elle n'est pas de moi. En faisant passer ce texte, les politiciens ont joué à l'opinion une bien mauvaise farce. A la réflexion, à l'analyse rigoureuse et à la prise de décision courageuse qui en aurait découlé, ils ont prétendu substituer l'action incantatoire, la pensée magique, l'illusion d'agir, et se sont de fait bien moqué des sans logis. Hypocrisie sans nom que de faire croire croire qu'une sorte de miracle législatif pourrait permettre de satisfaire en quelques mois ou même quelques années 1,3 millions de demandes de logement social en souffrance dans un pays ou il s'en construit péniblement 40 à 100 000 par an. Hypocrisie encore, que d'agir comme si le vote de la loi droit au logement allait faire pousser les centaines de milliers de logements qui nous manquent comme des girolles sous la pluie d'automne. Il faut une foi maladive dans l'incantation étatique -- prions la sainte énarchie, mes frères et soeurs -- pour croire que dans un pays où la pénurie de bons logements excède sûrement 1,5 millions d'unités, où le nombre de foyers à loger augmentera encore pour quelques années de 350 000 unités par ans, la loi DALO permettra de construire plus que les 280 000 logements annuels prévus en 2009, du fait d'une conjoncture désastreuse, ou même que les 430 000 logements péniblement atteints lorsque cette même conjoncture dans le bâtiment était porteuse. Et encore, les relogements actuels ne sont ils rendus possibles que par la possibilité qu'ont les préfets de puiser dans leur contingent préfectoral (celui qui sert normalement à loger des fonctionnaires de catégorie C, ce qui peut se comprendre, de catégorie B, ce qui est déjà plus contestable, et aussi de catégorie A, ce qui est une anomalie du système... et j'oublie de mentionner les scandales de type "Bolufer"...) pour répondre aux avis favorables délivrés par les commissions. Substituer dans les logements sociaux des locataires en grande difficulté à des fonctionnaires aux emplois garantis peut apparaître comme une excellente chose, et il faut certes souligner ce point comme étant positif. Mais cette stratégie a ses limites. Le contingent préfectoral n'est pas extensible à l'infini, et déjà l'Union Sociale pour l'Habitat (la toute puissante confédération des organismes HLM) s'inquiète: "le travail de diversification sociale fait par les bailleurs sociaux pourrait être anéanti", selon son délégué général, toujours cité par la gazette. Décryptons ce charabia politiquement correct: si les offices HLM ne peuvent plus louer aussi facilement à de bons fonctionnaires dont la carrière évolue crescendo et les revenus sont assurés, et si ils doivent attribuer une part importante de leur parc de logements à des familles pauvres à qui l'on a mis dans la tête que le logement est un droit, alors les organismes HLM peuvent craindre une explosion des loyers impayés... Ce qui peut conduire à des difficultés financières pour les plus fragiles. Un tel risque de défaut de paiement obligerait l'état à faire jouer sa garantie pour rembourser les emprunts consentis par ces OPHLM auprès de la caisse des dépôts, mais l'état n'en est plus à quelques milliards près, n'est-ce pas ? ...
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