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Echanges, monnaie, coûts et réalité.

Georges Lane Publié le 01 décembre 2017
4058 mots - Temps de lecture : 10 - 16 minutes
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A une époque où la cybermonnaie "bitcoin" connaît une évolution fulgurante extraordinaire, on peut se demander ce qui va advenir. A l'origine, fin 2010-11 : puis 2011-12: enfin 2010-16: et 2017: Comment expliquer la tendance de cette évolution ? En faisant le point sur le processus. 1. Les "fonctions de la monnaie". Parler des fonctions de la monnaie est une absurdité ; seul l'homme a la capacité d'avoir des fonctions ou d’en proposer à d'autres - par exemple, les "fonctionnaires" des hommes de l'état -. Reste que la monnaie a même acquis une fonction nouvelle au XXème siècle selon quoi elle aurait une influence sur l'activité économique , sur l'équilibre économique... A supposer qu'on admette le faux principe des fonctions, rien ne justifierait de la mettre de côté et de ne pas l'ajouter aux autres dans la liste. Quitte à accepter ces notions dévoyés de "fonction", encore faudrait-il ne pas en oublier comme c'est le cas, par exemple, avec la fonction de politique monétaire. 2. Les fonctions oubliées. Les fonctions données - moyen de paiement, unité de compte, réserve de valeur - sont en fait une mauvaise analyse de l'intermédiaire des échanges qu'a été la "monnaie" (cf. ce billet d'octobre 2016) à défaut d'être de la rhétorique du type de celle condamnée par Solow (cf. ce billet de janvier 2014)... Ces fonctions concurrencent les mauvaises notions de "pouvoir d'achat", de "vendabilité" ou d'échangeabilité (cf. ce billet d'octobre 2014) 3. Les absurdités "argent", "liquidité" ou "réserves". La monnaie n'existe plus aujourd'hui en économie politique et pourtant le mot continue à être employé par tout un chacun comme s'il avait une réalité, sous les formes d'"argent", de "liquidité" ou de "réserve". Il ne faut pas voir dans ce qu'on dénomme abusivement "monnaie" aujourd'hui, une étiquette donnée à quelque chose de cernée par les gens. Au moins en France, il est ordinaire d'entendre parler d'"argent", quoique ce mot n'ait aucune signification et soit une absurdité, sauf en socialisme triomphant où on appelle "chat" un chien ... Depuis la décennie 1930, le mot "liquidité" n'a fait qu'augmenter son audience auprès des économistes comme des non économistes (cf. ce texte de décembre 2013). Il n'est pas sans cacher les créances des banquiers, les "devises" de toute sorte dont il était question auparavant. Malheur à J.M. Keynes (1883-1946) qui a contribué à son extension dans son ouvrage de 1936 avec son faux concept de "préférence pour la liquidité", fondement des socialismes des banques centrales (cf. chap. XV), composante de la demande de monnaie à concurrence de sa prétendue relation avec "le" taux d'intérêt". En 1962, John Hicks (1904-89) en est arrivé à s'interroger sur ce que le mot pouvait bien dire dans une conférence donnée à Londres (1) (1) Hicks J. R. (1962), “Liquidity”, The Economic Journal, Vol. 72, No. 288, Décembre, pp. 787-802 après que William Hutt (1920-2007) avait eu la même démarche et l'avait écrite en 1956 dans un ouvrage collectif (2) (2) Hutt, W.H. (1956) “The Yield from Money Held”, dans Sennholz, M. ed., On Freedom and Free Enterprise: Essays in Honor of Ludwig von Mises, Mises Institute. Ces interrogations sur le mot "liquidité" rejoignent celle de Fritz Machlup (1902-83) dans son article de 1958 qui, à propos de l'équilibre économique (cf. ce texte d'août 2015), considérait que l'expression "équilibre économique" ne voulait plus rien dire tant elle avait des définitions nombreuses et différentes. Quoique Machlup ne l'évoquât pas, il faut savoir que c'est Keynes... qui a fait valoir dans le livre de 1936 que David Hume (1711-76) aurait convaincu les économistes, au XVIIIème siècle, de s'intéresser à l'équilibre économique plutôt qu'aux situations économiques changeantes... 4. Quantité, masse, poids... Certes la notion de "quantité de monnaie" n'est pas évidente et donne lieu à de nombreuses controverses. Mais l'est davantage encore la notion de "masse monétaire" qui est employée en France et qui cache une approche scientiste - newtonienne ... - de la monnaie qui consiste à ne pas parler de "quantité" et à distinguer la "masse" et le "poids"... sans aucune raison. 5. Echange et monnaie. Parler de la monnaie sans parler des actes d'échange de chacun est une autre absurdité Sans désir ou besoin d'acte d'échange, pas de coût d’acte d’échange, pas de désir ou besoin nécessaire de ce qu'on dénomme "monnaie" (CQDM) intermédiaire inventé des échanges, J.B. Say avait bien vu dans son livre intitulé Catéchisme de l'économie politique (1815), c'est-à-dire bien avant les absurdités que nous vivons, que: "[...] La monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des échanges."(Say, 1815, p.49) étant entendu que : "[...] les ventes et les achats ne sont, dans la réalité, que des échanges de produits. On échange le produit que l’on vend et dont on n’a pas besoin, contre le produit qu’on achète et dont on veut faire usage. [...] Comment la monnaie sert-elle dans les échanges ? Elle sert en ceci, que lorsque vous voulez changer le produit qui vous est inutile, contre un autre que vous voulez consommer, il vous est commode, et le plus souvent indispensable de commencer par changer votre produit superflu en cet autre produit appelé monnaie, afin de changer ensuite la monnaie contre la chose qui vous est nécessaire. (Say, 1815, pp.49-55) Peu importent la "monnaie-or" ou "-argent" d'hier à quoi certains économistes font référence dans le meilleur des cas.... a. Intermédiaire, liaison et organisation. Soit dit en passant, un intermédiaire de quoi que ce soit peut-il ne pas cacher une organisation ? On l'oublie souvent: tout intermédiaire est lié à une organisation qui le sous-tend quand il n'est pas l'organisation soi-même. Mais au lieu de s'intéresser à l'organisation, on s'intéresse à l'intermédiaire et on oublie l'organisation ... Reste que l'intermédiaire est au moins l'intérieur d'une liaison alors que la liaison est l'extérieur de l'intermédiaire ... Tout intermédiaire cache en effet une organisation assise sur au moins deux médiats. Il le fait comme le fait tout entrepreneur, tout entremetteur, tout intercesseur, ... tout entre-deux pour ne pas dire tout entracte, tout international. b. Intermédiaire des échanges et échange indirect. Précisément, il revient au même de parler d'"intermédiaire des échan...
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