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Eclatement de la bulle verte: pas de développement durable sans profits !

Vincent Bénard Publié le 22 juin 2010
3499 mots - Temps de lecture : 8 - 13 minutes
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Objectif Liberté

Alors que l'attention reste focalisée sur la crise économique, la non-réforme des retraites et les résultats calamiteux de l'équipe de France de football, l'économie "verte", dont tous les Borloo du monde nous ont expliqué inlassablement qu'elle serait le vecteur de croissance partout dans le monde, donne des signes d'écroulement à l'abri momentané des sunlights médiatiques. Principalement, ce sont les professionnels de l'énergie dite renouvelable qui craignent la fin de la bulle qui les a portés. Fort heureusement, la blogosphère est là pour fouiller les sujets que l'actualité brulante relègue au second plan. Laissons de côté, pour une fois, la question de l'erreur ou l'exagération scientifique contenue dans les présupposés qui ont entrainé les gouvernements à subventionner massivement les énergies renouvelables. Laissons également pour cette fois les fraudes massives qui en résultent (un exemple qui serait désopilant... si ce n'était mon argent), et intéressons nous uniquement à l'erreur économique inhérente à ces politiques, et aux conséquences de cette erreur. Le profit, c'est dépassé ? A moins que vous ne veniez de passer 10 ans enfermés dans une cellule sur la planète mars, vous avez forcément entendu parler de la nécessaire transition de nos économies "de marché" vers l'économie "durable", sous entendant que l'économie "ancienne", soumise aux lois du marché triomphant, ne serait pas elle même durable, et que la quête du profit porterait en germe la destruction de la planète, ni plus ni moins. La mode des énergies dites "renouvelables" s'inscrit dans cette logique. L'on nous affirme à longueur de journée que les énergies "renouvelables" sont désirables parce qu'elles ne consomment pas de "ressources naturelles", autrement dit des matières premières en provenance du sol, une fois leur construction initiale réalisée, et que par conséquent, il est normal que le gouvernement finance ces énergies renouvelables quand bien même elles ne seraient pas rentables. Le profit, c'est dépassé ! Le développement durable passerait par la relégation au second rang de l'exigence de profitabilité des entreprises humaines, au "bénéfice" de la "soutenabilité". Un peu de théorie contre-intuitive : pas de profits, pas de développement "durable" ! Cette opposition affirmée entre durabilité/soutenabilité et profitabilité est un absolu non sens. Je m'étonne de ne pas voir les plus célèbres économistes se scandaliser bruyamment d'un tel sophisme. En effet, s'il est une vérité première que comprend instinctivement tout entrepreneur et tout comptable, c'est que toute entreprise qui perd de l'argent consomme plus de ressources qu'elle ne crée de valeur. Toute production, qu'il s'agisse de voitures, de choux, de crédit bancaire, ou d'électricité photovoltaïque, commence par consommer des ressources, soit des moyens de production, soit des "intrants", mot barbare désignant les matières premières, sous ensembles semi-finis, consommables et logistique nécessaires à la production et à sa vente au client final. L'ensemble de ces ressources a une "valeur" que lui ont donné des millions d'actes d'achat et de vente à un moment donné. Certains économistes chamaniques dénoncent la "dictature du marché" pour fixer une valeur aux choses que les personnes échangent, mais jusqu'à nouvel ordre, le marché a prouvé qu'il est la pire des façons de fixer les prix, à l'exception de toutes les autres. Ce n'est que lorsque cette production trouve client que l'on sait si le prix payé par ce client permet de couvrir le coût des ressources engagées pour la concevoir, la fabriquer et la vendre. Si le client est prêt à payer un prix supérieur au coût des ressources engagées, le producteur augmente le "patrimoine" de son entreprise, "fonds propres" en langage comptable, et peut continuer à produire, ce qui est la définition même de la durabilité. En revanche, si les clients sont plus rares que prévu, le producteur réduit son patrimoine, et si cette réduction ne peut être enrayée, il finit par ne plus avoir de patrimoine: les ressources qu'il a "brûlées" dans son entreprise l'ont été en pure perte. L'argent du client est lui même issu de processus identiques, et donc d'une consommation de ressources, dont il est souhaitable qu'elle est conduit à produire quelque chose de désirable pour des clients, et ainsi de suite. J'ai employé récemment la métaphore cycliste pour caractériser ces échanges: tant qu'ils sont gagnants pour les deux parties, les bicyclettes que sont chaque entreprise peuvent rester dynamiquement stables et continuer à avancer. Le développement est alors économiquement durable, tout comme sont durables les salaires versés aux salariés, les intérêts aux créanciers et les dividendes aux investisseurs. Par contre, si trop d'acteurs produisent des choses dont personne ne veut, ou en tout cas pas au prix proposé, il y a destruction nette de ressources, et le jeu s'arrête: un développement qui ne satisfait pas les besoins humains au prix que ceux ci sont prêts à payer est à l'évidence économiquement non durable. Or, même les théoriciens les plus engagés du développement durable ont déterminé que celui ci devait respecter l'équilibre entre développement économique, développement social et respect environnemental. Quand bien même cette définition me parait gravement biaisée, il en résulte qu'un développement non durable économiquement ne peut pas être "durable" globalement (*) au sens que les environnementalistes donnent à ce terme. Mais on me rétorquera que je me focalise sur l'économique. Mais que fais-je du développement respectueux de l'écologie ? Osons le dire, même si cela fait de la peine aux adorateurs de Gaïa: seules les entreprises rentables peuvent être écologiquement correctes, même si ce n'est pas une condition suffisante. Une entreprise n...
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