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Elle tourne et elle rode

Paul Jorion Publié le 17 août 2010
2249 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Après avoir sévi sous sa forme aiguë en Europe – où une pause prévaut actuellement – elle menace les Etats-Unis, hier présentés comme relevant les premiers la tête et aujourd’hui devancés d’une longueur par les Européens. Comment s’y retrouver se lamentent les chroniqueurs à la mode d’antan ? En Asie, les Japonais continuent d’être désespérément envasés dans une déflation endémique, tandis que les Chinois tentent de dégonfler leur gigantesque bulle financière immobilière, devenue noire et menaçante. Celle-ci, résultat de leur tentative de relance précipitée et massive, illustre par ses résultats malencontreux qu’ils continuent de dépendre de la poursuite de leurs exportations vers l’Occident. Ainsi, en interne, qu’un modèle de développement privilégiant la montée des inégalités. Le développement de leur marché intérieur est décidément une entreprise de longue haleine, auquel ils ont tourné le dos en s’inscrivant dans la logique de la globalisation, et qui nécessitera des remises en cause dont on peut se demander s’ils seront en mesure de les accomplir, vu les intérêts en jeu. Ce n’est pas un problème propre à la Chine, il est partagé par toutes les puissances émergentes. On ne peut toutefois pas s’en tenir à cette vision du monde région par région. Si la crise ne se manifeste pas simultanément partout de la même manière, elle n’en est pas moins globale. La tendance n’est pas à ce que le pôle de croissance asiatique tire irrésistiblement derrière lui le reste de l’économie mondiale, comme le voulait une autre vision angélique. Au contraire, les difficultés des uns se communiquent aux autres et pèsent sur eux. La globalisation exerce toujours ses effets, mais pas dans le sens de la sortie de crise. Dans l’attente de son prochain épisode aigu, on ne sait trop où et comment, elle se confirme sourde et installée, aucun des problèmes qui en sont à l’origine n’ayant été véritablement réglé, continuant d’être superbement ignorés. Petit à petit, l’idée s’insinue même qu’il va falloir en faire son parti et vivre avec, s’installer pour une période indéfinie dans un provisoire durable et détestable. En Europe, l’alerte rouge est passée. La zone euro n’a pas éclaté, aucun pays n’a eu à restructurer sa dette publique dans l’urgence, le système bancaire n’a pas craqué, le fonds de stabilité n’a pas eu besoin d’être activé. Mieux, la croissance globale de la zone remonte, bien que faiblement et surtout très inégalement. Il faut toutefois y regarder de plus près avant de chanter victoire, car la partie n’est qu’engagée. Les résultats à l’export obtenus par l’économie allemande ne font que renforcer les écarts économiques au sein de la zone euro. Ce qui, pour une zone monétaire, n’est pas exactement ce qui devrait être recherché si l’on voulait la renforcer. Par ailleurs, les pays qui étaient menacés par la crise obligataire, et se sont engagés à marche forcée vers la réduction de leur déficit, font déjà face une forte détérioration de leur situation économique et sociale. Accréditant l’idée qu’une restructuration de leur dette s’imposera vraisemblablement dans les deux ou trois ans à venir. L’accalmie qui prévaut sur le marché obligataire, aboutissant à une baisse des taux des pays les mieux dotés, ne doit pas masquer que les taux consentis par les autres pays aux seigneurs les marchés restent très élevés, pesant sur le service de la dette et renvoyant au risque de restructuration précédent. Cette dynamique vers le bas n’est pas brisée, d’autant que les retombées effectives de ...
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