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Espagne: Du pétrole et de l’euro. Nicolas Klein

Liliane Held-Khawam Publié le 29 juin 2018
3005 mots - Temps de lecture : 7 - 12 minutes
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Source image: Sélectra L’or noir est moins cher À partir de 2013, le prix moyen du baril de pétrole a beaucoup baissé, favorisant à sa manière une reprise économique dans les pays occidentaux qui dépendent de cette énergie. Alors qu’il frôlait les 120 dollars l’unité en 2012, il est passé sous la barre des 60 dollars dès 2015, ce qui a été accueilli comme une bénédiction par bien des nations[1]. L’Espagne, qui ne dispose d’aucun réel gisement de pétrole brut ou de gaz naturel[2], est très dépendante de ses importations en la matière, qui lui coûtent des sommes affolantes. En 2017, selon les données fournies par la Corporation des Réserves stratégiques de Produits pétroliers (CORES), le pays a acheté à l’extérieur pour plus de 65 millions de tonnes de pétrole en 2017, soit 2,6 % de plus que l’année précédente[3]. Le déficit énergétique de notre voisin pyrénéen est abyssal avec 19 milliards d’euros de pertes au mois de mars 2017[4]. Traditionnellement, le Mexique est le premier vendeur de pétrole à l’Espagne (14,6 % du total de ses importations l’année dernière), suivi du Nigeria (14,4 %) et de l’Arabie saoudite (9,7 %). La Norvège, l’Iran et le Kazakhstan sont également d’autres fournisseurs importants[5]. La baisse du prix du baril a donc été l’un des facteurs extérieurs favorables (ce que la presse hispanique nomme vientos de cola) à la reprise espagnole. Inversement, toute augmentation est une mauvaise nouvelle pour le pays, pour ses particuliers et pour ses entrepreneurs et les récents remous de la politique internationale ont entraîne un redécollage du cours de l’énergie fossile couplé à un dollar fort[6]. La rupture entre les États-Unis d’Amérique et l’Iran sur la question nucléaire génère à l’heure actuelle bien des incertitudes sur l’avenir de l’énergie et sur la viabilité de la reprise économique outre-Pyrénées, d’autant qu’en ce début d’année 2018, l’Espagne achète plus de pétrole à l’Iran qu’à l’Arabie saoudite[7]. L’époque des sanctions envers Téhéran, qui avaient tant pénalisé Madrid, semble revenir[8]. Un possible renchérissement substantiel du prix du baril est donc une menace de premier ordre pour l’économie espagnole, ce dont sont parfaitement conscients les agents économiques et les dirigeants du pays. Dès le mois d’avril 2018, les entreprises ont fait part aux médias de leurs craintes dans le domaine[9] tandis que le ministre de l’Économie, de l’Industrie et de la Compétitivité, Román Escolano, prévoyait que l’économie espagnole subirait des pertes d’environ 5,5 milliards d’euros en 2018 en raison du prix du pétrole[10], qu’il estime à 75 dollars en moyenne sur l’année. Ce phénomène pourrait coûter jusqu’à 0,7 point de croissance au pays et donc remettre en cause la rapidité de son redressement[11], y compris sur le plan de l’emploi, avec 155 000 postes non créés[12]. La monnaie commune, une fois de plus sur le banc des accusés L’autre menace économique « externe » que peut subir l’Espagne au cours de l’année 2018 (et même par la suite) repose sur le taux de change de l’euro par rapport au dollar. Sur les dix dernières années, la monnaie commune européenne a connu de grandes oscillations par rapport à la devise américaine, frôlant les 1,6 dollar pour 1 euro en mai 2008, avant de redescendre par à-coups jusqu’à 2017 (un peu plus de 1,03 dollar)[13]. Or, il n’est désormais plus un secret pour personne qu’une monnaie forte est avant tout, pour les pays dont les exportations sont sensibles à l’élasticité des prix, une monnaie chère qui pénalise leur compétitivité et peut leur faire subir un choc asymétrique sans moyen de dévaluer la devise pour retrouver un peu d’oxygène[14]. L’Espagne fait traditionnellement partie de ces nations handicapées par la cherté de l’euro et les ventes à l’étranger spectaculaires dont nous parlions plus haut pourraient très bien péricliter ou, tout du moins, connaître de sérieuses difficultés dans les semaines et mois qui viennent en raison de la hausse progressive de son taux de change[15]. L’euro n’est originellement pas une devise adaptée au pays d’Europe du Sud, c’est un fait que nous n’entendons pas discuter ici. De manière globale, selon des calculs de la Fondation Bertelsmann, le marché unique européen a surtout profité au Danemark (500 euros par an et par personne) et l’Allemagne (450 euros par an et par personne), qui sont les deux pays membres à avoir le plus accru leur richesse par habitant entre 1992 et 2012[16]. Au contraire, selon cette étude, l’Italie (80 euros par an et par personne), l’Espagne et la Grèce (70 euros par an et par personne) ainsi que le Por...
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Par Liliane Held-Khawam via lilianeheldkhawam.com
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