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Fallait-il régionaliser ou plutôt dénationaliser certaines monnaies d'Europe ?

Georges Lane Publié le 26 octobre 2011
3240 mots - Temps de lecture : 8 - 12 minutes
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Il est un fait que ce que les économistes de la monnaie dénomme "monnaie" est méconnu du grand public. Ce n'est pas "parler d'or" que de parler d'"argent" pour parler de "monnaie" comme c'est le cas en France, et comme le font, entre autres, politiques ou journalistes. C'est tout simplement de la rhétorique, au mauvais sens du mot, car il n'y a plus d'argent, métal, échangé depuis le début du XXè siècle... Et des décisions politiques plus ou moins récentes n'ont fait qu'ajouter à la méconnaissance. En effet, à la suite du coup d'Etat d'août 1971, des atermoiements des hommes de l'Etat de l'Occident d'août 1971 à mars 1973, et de l'interdiction actée - ce mois de 1973 - de la convertibilité extérieure des "substituts de monnaie bancaires" - qu'étaient les billets et les dépôts bancaires de toute nature - en monnaie d'or, selon beaucoup d'économistes de l'époque, deux grandes voies se présentaient en Europe : "régionaliser" les monnaies étatiques nationales en les fusionnant en une monnaie "unique" européenne ou procéder à leur dénationalisation... Voyons chacune des voies. I. La voie de la monnaie "euro". Nous vivons aujourd'hui, en particulier en France, un cheminement sur la voie de la fusion qui a été ouverte dans les années 1999-2001, depuis que la monnaie dénommée "euro" a été substituée, par la persuasion et l'obligation, à la monnaie nationale étatique dans un certain nombre de pays de l'Union européenne (10 au départ, 17 depuis le 1er janvier 2011). Une banque centrale dite "européenne" a été créée et juxtaposée aux banques centrales nationales existantes pour former le "système européen des banques centrales" - l'"eurosystème" - et avoir la capacité de mener la politique monétaire de la "zone euro". L'euro est ainsi une monnaie régionale inconvertible en quoi que ce soit par définition - les billets et dépôts bancaires sont désormais des "substituts de rien bancaires" -, mais échangeable internationalement comme le sont aujourd'hui beaucoup de monnaies nationales (dollar des Etats Unis, livre de l'Angleterre, etc.). Pour sa part, la monnaie de la Chine communiste dénommée "yuan renminbi" n'est ni convertible, ni échangeable internationalement. Soit dit en passant, Raymond Aron confondait la "convertibilité" et l'"échangeabilité internationale" (cf. ce billet du 16 octobre 2011, par exemple)! Ce fait politique qu'est l'"euro" a été complété par l'autre que, dans la perspective de la réussite de l'euro, dans la décennie 1990, les hommes de l'Etat des pays futurs membres de la zone euro ont crû bon de convenir de règles budgétaires et d'endettement. En est sorti, en particulier, un "pacte de stabilité et de croissance". Mais, presque sitôt signés, les accords n'ont pas été respectés par certains de leurs signataires. Et la Commission de l'Union européenne - dite "Commission de Bruxelles" - qui veillait à leur application s'en est émue... En vérité, elle s'en est émue jusqu'au jour où son président du moment a qualifié le "pacte de stabilité et de croissance" de stupide. a) L'Union européenne du stupide. Dans l'Union européenne du stupide, d'autres stupidités vont se faire jour, mais elles recevront alors d'autres sobriquets. La dernière grande stupidité apparue en date est au centre de l'actualité présente. Pour la décrire, on peut la comparer à une "pièce de monnaie"... Son côté "face" tient dans l'hypothèse chère aux modèles mathématiques des financiers - qui font abstraction des règles de droit - que les dettes à long terme des Etats ne sont pas en général "risquées", leur détention n'expose par à des pertes de patrimoine... Investir dans ce type d'actif serait un placement "de bon père de famille". Son côté "pile" tient dans le choix politique qui a consisté à dire qu'il fallait que les banques centrales aient une influence sur les taux d'intérêt à long terme et que, pour ce faire, il fallait qu'elles aient le droit d'acheter ou de vendre des dettes à long terme des Etats. Jusqu'alors, et malgré les décisions prises dans la décennie 1930 - en particulier, l'interdiction de la convertibilité intérieure des substituts de monnaie bancaires nationaux en monnaie or dans les pays de l'Occident -, tout s'était passé comme si les législateurs nationaux n'avaient pas osé, dans la foulée, donner le droit aux banques centrales, ils étaient allés suffisamment loin dans leur réforme des systèmes monétaires nationaux, dans les abus, pour ne pas en rajouter. En France, ce choix n'a été fait que dans la première moitié de la décennie 1970, au lendemain d'août 1971... S'agissant de la Banque centrale européenne, elle a pris des décisions comparables à ce choix à diverses occasions. Par exemple, en 2010 : "Article premier : Instauration du programme pour les marchés de titres Aux termes de la présente décision, les banques centrales de l’Eurosystème peuvent acheter: a) sur le marché secondaire, les titres de créance négociables éligibles émis par les administrations centrales ou les organismes publics des États membres dont la monnaie est l’euro; et b) sur les marchés primaire et secondaire, les titres de créance négociables éligibles é...
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