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Gagner du temps pour toute politique

Paul Jorion Publié le 16 juillet 2009
3304 mots - Temps de lecture : 8 - 13 minutes
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Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) Il semble se confirmer qu’il ne faut pas vraiment croire le démenti de la Maison Blanche niant toute étude d’un second plan de relance. Ni, par voie de conséquence, que Laura Tyson, conseillère économique de rang junior, ait fait une boulette en l’annonçant lors de son colloque de Singapour. Rétrospectivement, cela ressemble plutôt à un ballon d’essai, à lire l’entretien de vendredi au Financial Times de Larry Summers, économiste senior de Barack Obama. Il ne croit pas, en effet, que « le pire soit passé ». Ajoutant : « Il est très probable que des emplois supplémentaires seront perdus. Il ne serait pas surprenant que le produit intérieur brut n’ait pas atteint son plancher ». Puis, concluant : « Ce qui semble vrai, c’est que le sentiment de panique dans les marchés et la chute libre de l’économie se sont apaisés, et on n’a pas le sentiment d’une situation hors de contrôle qu’on avait il y a quelques mois ». Si ce dernier s’est demandé la réaction qu’a suscité ce ballon d’essai, la lecture du concurrent du Financial Times, le Wall Street Journal, qui a consacré son enquête mensuelle auprès d’un panel d’économistes à la simple question : faut-il ou non une nouvelle relance ? lui a fourni sa réponse. Une majorité d’avis négatifs a été recueillie. Mais peut-être Larry Summers est-il habitué au caractère moutonnier de ces avis d’experts autorisés, et sait-il qu’ils ne font, dans leur majorité, que refléter la position de Wall Street, car il connaît son monde pour en faire partie. Ils auraient même tendance à être plus royalistes que le roi, car 54% d’entre eux s’attendent selon ce sondage à ce que la récession américaine s’achève cet été, ce qui n’est pas vraiment acquis. En vérité, aucun des fronts sur lesquels l’administration Obama se bat ne connaît de véritable accalmie et l’improvisation se poursuit. La dernière expression en date de celle-ci étant le énième avatar du plan de rachat des actifs toxiques aux banques, dont la voilure a été très réduite et dont il est attendu désormais avec circonspection les résultats. Mais, pendant les travaux, la vente, ou plutôt la crise continue ! Les premières manifestations d’une prochaine stabilisation sont attentivement recherchées un peu partout, en sollicitant tel ou tel indice qui en serait l’expression. Devant parfois reconnaître, quand c’est trop flagrant, que ceux-ci peuvent être trompeurs, car ayant subit les fameuses « corrections des variations saisonnières », ou bien d’autres redressements statistiques, pas davantage pertinents dans une situation de crise, car calibrés pour un fonctionnement de l’économie en régime normal. Osons l’image, on est passé en pilotage manuel et les instruments ne fonctionnent plus très bien. Du côté des banques, on commence à s’apercevoir qu’il a peut-être été chanté victoire un peu trop tôt. Entendons-nous bien, il y a banque et banque. Car si l’on regarde à l’étage du dessous de celles qui tiennent le haut du pavé, cela va mal. On en est quand même à la cinquante troisième faillite d’une banque régionale, selon le FDIC. Mais, même si l’on considère les plus grandes banques, elles ne vont pas si fort que cela. Bien que Goldman Sachs plastronne devant les investisseurs avec ses excellents résultats financiers, trimestre après trimestre, ce qui ne témoigne pas d’un sens politique très aigu, mais Barack Obama est là pour s’adresser aux autres, à chacun sa partition. Le rachat au Trésor, par celles qui ont bénéficié de son plan de sauvetage, des warrants (bons de souscription) émis en contrepartie des fonds publics reçus, donne lieu à un nouveau de ces pas de deux auxquels nous sommes maintenant accoutumés. A quel prix les banques doivent-elles racheter les warrants, étant donné qu’elles ont profité de ces fonds pour entre-temps faire des affaires, et qu’ils doivent donc être valorisés ? Un mécanisme d’enchères a été mis au point par le Trésor, afin de déterminer le meilleur offrant, au nom de la nécessaire transparence de cette opération et de la sacro-sainte référence au marché qui fixe les meilleurs prix (comme si toutes les manipulations n’étaient pas envisageables dans ce petit monde de coquins). Dans la pratique, les banques se font cependant sérieusement tirer l’oreille, n’ayant pas l’intention de consacrer trop de fonds à l’opération, ne voulant pas davantage que d’autres investisseurs puissent se porter acquéreurs, et entrer finalement à leurs tours de table, diluant les actionnaires actuels (encore que de discrets arrangements soient possibles). Cela rappelle l’épisode précédent du PPIP, les banques, cette fois-là, ne voulant pas céder leurs actifs toxiques à trop bas prix. En attendant, la commission du Congrès chargée de la surveillance de ce programme, présidée par Elizabeth Warren, a publié un rapport et accuse les onze premières banques ayant racheté leurs warrants de les avoir payés un tiers moins cher que leur valeur de marché. Tout ceci démontre, en réalité, la fragilité financière des banques, en dépit de tout ce qui a é...
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