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Grèce, Espagne, France... Non à un sauvetage européen pour les états mal gérés !

Vincent Bénard Publié le 10 décembre 2009
3237 mots - Temps de lecture : 8 - 12 minutes
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Objectif Liberté

Selon plusieurs grands médias, un consensus se formerait en faveur d'une solidarité de l'union Européenne envers la Grèce - ou d'autres - si celle ci venait à se trouver à court d'investisseurs pour financer sa dette qui se creuse à un Rythme abyssal. Mais cette "solidarité", loin de "renforcer l'Europe", comme nombre de commentateurs semblent le croire, porterait en germe la mort de l'Europe économique, et assènerait donc de facto le coup le plus dur qui soit à l'Europe Politique. La santé des finances publiques de certains états de la zone Euro inquiète. Et plus encore que l'Espagne, dont la note AA est placée sous surveillance, ce qui est ennuyeux mais pas encore trop préoccupant si elle redresse ses comptes, la Grèce est l'objet de bien plus de spéculations sur sa capacité à faire face à ses engagements. Alors que le commissaire européen aux affaires économiques, Joaquim Almunia, déclarait que l'union se tient prête à faire jouer la solidarité entre états membres si la Grèce, dont les finances inquiètent, venait à se trouver en défaut sur sa dette, j'entendais Nicolas Doze, le chroniqueur de BFM radio, d'habitude mieux inspiré, dire en substance dans sa chronique matinale de Mercredi (9/12) que: "les difficultés possibles de la Grèce pour financer sa dette auprès des investisseurs internationaux appelleraient une "solidarité européenne", et surtout du couple Franco-Allemand. Selon lui, ce serait le seul moyen, pour l'Europe, de montrer qu'elle est une zone crédible et qu'elle existe "politiquement". La Grèce: un parangon de vice budgétaire Quel contresens majeur ! Mais auparavant, rappelons quelques vérités qui dérangent sur la Grèce. Ce pays n'a pu rentrer dans la zone Euro qu'en falsifiant sa comptabilité publique entre 1997 et 2003, comme cela fut révélé après les Jeux Olympiques d'Athènes. Il est aujourd'hui prouvé qu'à cette période, la Grèce dépassait chaque année assez nettement les critères de Maastricht, qui stipulaient que les adhérents de la zone devaient rester sous les 3% du PIB en terme de déficit budgétaire. Il est d'ailleurs frappant de constater que 6 ans après la découverte de ce scandale, une question d'un Euro-député Allemand sur les leçons qu'en a tirés l'Europe ne trouvent pas d'écho autre qu'une réponses "d'attente" gênée. Les choses ne se sont pas arrangées durablement après 2004, malgré les belles promesses des gouvernements grecs successifs. Sous la pression de la communauté, l'état Grec vient de reconnaître, en changeant ses normes comptables, que le déficit annuel serait plus proche de 12.7% du PIB que de 6 ou 7 comme prétendu auparavant... La dette publique de la Grèce atteindra 125% du PIB fin 2010, et n'inclut pas les éventuels déficits de comptes sociaux, avec un système de retraites généreux et non provisionné. Le résultat est que les agences de notation ont dégradé la note de la Grèce à BBB+: plus que quelques marches à descendre pour qu'une créance sur le trésor grec devienne officiellement une Junk Bond. La dette à 10 ans de la Grèce se négocie donc à 5.5% environ, celle à 30 ans à 6%: c'est cher ! Si, au fur et à mesure du renouvellement des échéances, la dette grecque venait à être intégralement financée à de tels prix, voire plus, ce seraient au moins 7% du PIB qui devraient être annuellement consacrés au paiement des seuls intérêts de la dette, et encore ce montant risquerait de grimper en spirale. Pour fixer les idées, en France, ce chiffre est de l'ordre de 2%. La tête sur le billot à chaque refinancement d'échéance La Grèce tente donc de recourir aux mêmes expédients que les autres pays endettés en raccourcissant la maturité de ses emprunts, les prêts à 2 ans se négociant encore à 2.72%, selon Bloomberg. Mais cela veut dire qu'à fréquence rapprochée, chaque renouvellement d'échéance mettra la tête du trésor grec sur le billot. Visiblement, et bien que les statuts de la BCE ne lui permettent pas aujourd'hui de monétiser la dette grecque en rachetant directement des émissions par création monétaire (ce qui serait ouvertement inflationniste), une pression très forte est exercée par les grands malades de la zone Euro auprès des simples souffreteux (France, Allemagne), pour que ceux ci, en cas d'incapacité de la Grèce ou d'un autre PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, eSpagne), viennent en aide à un pays au bord du défaut de paiement. Et visiblement, pendant longtemps, les investisseurs qui ont continué à acheter du papier Grec ont parié sur un soutien de l'UE à ce petit pays en continuant à acheter ses titres, à un taux d'intérêt certes plus élevé que la normale, mais pas réellement prohibitif (environ 2% d'écart de taux, "spread", par rapport à l'Allemagne, jusqu'à il y a peu). Revenons à l'argument de M. Doze, cité en début d'article. Seul un sauvetage, un "bailout" de la Grèce, si elle venait à entrer en défaut sur sa dette, selon lui, prouverait que l'Europe politique existe, et que la zone Euro permettrait une solidarité effective entre membres. L'Europe, crédible ou crédule ? Mais si la Grèce en est arrivée là, c'est bien parce que ses gouvernants se sont ingénié...
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