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Illogismes : Le « pouvoir de l’argent »

Jérémie T. Rostan Extrait des Archives : publié le 12 juin 2012
1997 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Je pense sincèrement que l’hostilité à l’égard du libéralisme tient au fond à deux choses. Elle tient pour une part à la confusion entre la société qu’envisagent les libéraux et celle dans laquelle nous vivons. Elle tient aussi à des objections qui, si elles étaient valides, remettraient effectivement le libéralisme bien compris en question. Nous montrerons, par l’analyse de quelques exemples, que ces critiques apparemment « évidentes » cachent en fait des défauts de raisonnement. Dans cette série, il paraît logique de commencer par la critique qui semble la plus générale, qui est aussi l’une des plus courantes, et qui s’en prend au cœur même du libéralisme économique, à savoir les critiques à propos du « pouvoir de l’argent. » Comme toutes les expressions populaires, celle-ci regroupe en fait une diversité d’objections, sans véritablement préciser lesquelles, ni en clarifier aucune ou expliciter leurs rapports entre elles. N’empêche, la formule « parle, » fut-ce à l’imagination. Une premier sens pourrait être l’idée que, dans une société libérale, tout s’achète et se vend, les paquets de couches comme les bébés, les boites d’aspirine comme les organes ou le sang, et que c’est un mal parce que tout autre forme de valeur disparaît. Un deuxième sens pourrait être l’idée que, dans une société libérale, les hommes (y compris les femmes et les enfants) ne sont pas seulement prêts à tout pour de l’argent, mais ne recherchent que cela, c’est-à-dire n’agissent jamais que de manière calculatrice et intéressée. Mais la signification véritable de cette expression semble plutôt lier les deux sens décrits ci-dessus : plus l’argent donne de pouvoir, plus il est recherché; et plus il est recherché, plus il a de pouvoir… Il y a là l’idée d’un cercle d’autant plus vicieux qu’il est au fond absurde (c’est-à-dire sans raison), et surtout néfaste car la conséquence en serait l’émergence d’une richesse synonyme de pouvoir sans limite, et d’une pauvreté synonyme de total dénuement. Reprenons maintenant cette expression « pouvoir de l’argent » et essayons de passer de l’émotion (indignation) qu’elle traduit à une véritable réflexion. La première idée critique le fait que tout puisse s’acheter et se vendre. Et c’est effectivement là une fonction essentielle de la monnaie que d’être un « pouvoir d’achat généralisé », selon l’expression de l’économiste Pascal Salin, c’est-à-dire une marchandise universellement acceptée en paiement. Elle est donc susceptible d’être échangée, auprès de n’importe qui, contre n’importe quoi, ou du moins tout ce qui est à vendre. Une première question à poser, ici, serait : y a-t-il là quelque chose de mal ? Cela reviendrait à se demander si les individus doivent être libres de faire les échanges qu’ils désirent, sachant que ceux-ci leur sont nécessairement réciproquement profitables (sans quoi ils ne les feraient pas). Je n’entre pas dans ces considérations, parce qu’elles posent des problèmes éthiques, alors que je souhaite ici me limiter à des considérations purement logiqu...
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