6290 search

Ils marchent sur notre tête

Paul Jorion Publié le 18 mars 2010
2311 mots - Temps de lecture : 5 - 9 minutes
Lire plus tard
Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) Après la Chine, coupable d’obstinément sous-évaluer sa monnaie afin de favoriser ses exportations, l’économie occidentale vient de se trouver un deuxième grand responsable des déséquilibres mondiaux qui la perturbent gravement : voici venu le temps de l’Allemagne, dénoncée comme appliquant une politique néfaste de modération salariale, à qui l’on demande désormais de diminuer les impôts (pour ne pas donner à quiconque de mauvaises idées). On remarquera qu’il s’agit des deux plus grandes puissances économiques exportatrices mondiales, atteintes d’un mal que l’on n’avait pas encore détecté et que le docteur Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et président (tournant) de la Banque des règlements internationaux, vient de diagnostiquer avec perspicacité sur les ondes de la radio française BFM : « La situation où un pays accumule les excédents est une situation qui traduit un déséquilibre entre la consommation et la production » (sic). On est loin du temps où la puissance d’un pays se mesurait aux excédents de sa balance des payements ! Dans les deux cas, ces pays et la politique économique qu’ils défendent sont montrés du doigt, sommés de la corriger afin de contribuer à remettre sur ses pieds un monde qui marcherait dorénavant sur sa tête (ce que l’on avait déjà remarqué). Ceux-là mêmes qui avaient hier droit aux félicitations du jury. Les impétrants, on ne s’en étonnera pas, protestent de leur innocence et se drapent outragés dans leurs vertus en prétendant ne rien vouloir changer. Les réactions n’ont pas tardé. Aux Etats-Unis, des sénateurs annoncent vouloir déposer une loi prévoyant des sanctions (des taxes à l’importation) pour les pays dont la monnaie sera sous-évaluée. On attend avec intérêt la définition des critères d’évaluation de la juste valeur de la monnaie, ainsi que l’acronyme de la nouvelle agence fédérale chargée de la calculer ! En Europe, le premier de la classe est sommé de diminuer ses impôts, afin que le danger d’une déflation qui est aux portes du continent s’éloigne. Dans les deux cas, la Chine et l’Allemagne devraient, afin de remettre le monde à l’endroit, réorienter leur activité économique en privilégiant le développement de leurs marchés intérieurs (en accroissant le pouvoir d’achat). Nous en sommes là ! pas à un paradoxe près, si l’on contemple les effets de la politique de distribution de la richesse de ces dernières décennies, dont cela n’était pas spécialement l’objectif principal ! Beaucoup, par ailleurs, cherchent des bases de repli face aux vents mauvais du monde. La tendance est au protectionnisme européen, afin de se donner un peu plus de poids et de chances. Mais les remparts de cette forteresse seront-ils assez hauts pour que puisse s’y développer, à l’abri, une économie nous protégeant des miasmes qui nous ont déjà atteints, car nos propres sociétés en sont à l’origine ? Se contenant d’incriminer ces déséquilibres, la description de la crise économique qui nous est proposée est un peu courte et ses remèdes sont illusoires. Des raisons plus profondes sont à l’origine des déséquilibres que l’on déplore. Ce sont elles sur lesquelles il faudrait agir, pour y remédier. La crise financière et économique a contribué à révéler, de manière aigüe, ce dont la globalisation menée selon les instructions du capitalisme financier est à l’origine. C’est à globalisation alternative que nous pourrions réfléchir et oeuvrer. Quoiqu’il en soit, le monde est en train de changer d’axe, les pays émergents ont émergé et s’affirment dans toute leur pui...
Cet article est reservé uniquement pour les membres Premium. 75% reste à lire.
Je me connecte
24hGold Premium
Abonnez-vous pour 1€ seulement
Annulable à tout moment
Inscription
Articles en illimité et contenus premium Je m'abonne
Editoriaux
et Nouvelles
Actions
Minières
Or et
Argent
Marchés La Cote
search 6290
search